Suez Environnement bondit de 11,83% à 14,37 euros porté par un chiffre d'affaires trimestriel et un Ebitda légèrement meilleur qu'attendu. Le numéro deux mondial des services à l'ENVIRONNEMENT profite du contraste entre ses perspectives et celles de Veolia. En lançant son troisième profit warning de l'année, le leader mondial du secteur avait suscité les doutes des investisseurs quant au caractère défensif du marché de l'eau et des déchets. La confiance affichée du dauphin a dissipé ces craintes : les métiers du groupe sont "peu exposés" à la crise, a asséné son patron Jean-Louis Chaussade.
Suez Environnement a réalisé un chiffre d'affaires neuf mois de 9,121 milliards d'euros en hausse de 6,7% par rapport à septembre 2007 en variation brute et hors cession d'Applus, et de 6,8% en croissance organique, supérieure à celle enregistrée en juin 2008 (+6,7%) et en septembre 2007 (+5,1%).
L'Ebitda est ressorti à 1,547 milliard d'euros, en hausse de 4,7% hors Applus (dont 5,3% de croissance organique, -2,3% d'effet de change et +1,9% d'effet de périmètre). Le ratio Ebitda/CA s'établit à 17% contre 16,7% à fin juin 2008.
Les analystes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur un Ebitda de 1,536 milliard d'eurso pour un chiffre d'affaires de 9,096 milliards.
La dette nette de Suez Environnement s'est élevée à 6,059 milliards d'euros après prise en compte d'une forte génération de liquidités et des investissements financiers de 590 millions d'euros sur le troisième trimestre 2008 dont notamment la finalisation des acquisitions annoncées. Son ratio dette nette/Ebitda s'établit donc à 2,9.
La groupe a confirmé ses objectifs pour l'année 2008, à savoir réaliser un Ebitda compris entre 2,10 et 2,15 milliards d'euros, soit une croissance comprise entre 4% et 6,5% par rapport à 207.
Mais Suez Environnement n'a pas confirmé ses objectifs à l'HORIZON 2009-2010, à savoir une croissance annuelle moyenne de son Ebitda de 8% sur la période 2009-2010 hors acquisitions stratégiques, une croissance organique annuelle moyenne de son chiffre d'affaires supérieure à 5% et un ratio dette nette/Ebitda inférieur à trois fois sur la période 2008-2010, hors impact d'éventuelles acquisitions stratégiques.
"Fort de la résilience de son modèle économique, Suez Environnement est confiant dans ses objectifs de croissance rentable et de génération de liquidités sur le moyen terme", s'est-il contenté d'indiquer.
"Il est clair que nous évoluons dans une période de turbulence des marchés et le contexte macroéconomique nous invite à la prudence mais les métiers et les marchés sur lesquels évolue Suez Environnement sont peu exposés aux évolutions de la conjoncture économique", a déclaré lors d'une conférence téléphonique Jean-Louis Chaussade.
Le directeur général du groupe a rappelé que 75% du chiffre d'affaires relevait d'activités avec les collectivités locales et n'était donc "pas ou peu exposé" au contexte macroéconomique.
Selon une source de marché, Oddo Securities a confirmé son opinion d'Accumuler le titre en portefeuille avec un objectif de cours de 17 euros. "Après le profit warning de Veolia (qui semble donc bien du en grande partie à des raisons spécifiques à la société), ces chiffres sont très rassurants", a estimé le broker.
(P-J.L)
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Numéro deux mondial des services à l'environnement avec un chiffre d'affaires de 12 milliards d'euros en 2007 derrière son rival, le français Veolia Environnement, Suez Environnement a débuté le 22 juillet 2008 à la Bourse de Paris en même temps que sa maison mère GDF Suez. La scission du pôle déchets et eau de Suez a été réalisée pour réduire le périmètre de Suez et rendre possible sa fusion avec Gaz de France. Peu avant la cotation, l'actionnariat de Suez Environnement se répartissait entre GDF Suez (environ 35%), les cinq autres actionnaires membres du pacte conclu pour cinq ans (Groupe Bruxelles Lambert, la CDC, Areva, CNP Assurance et la holding belge Sofinaa, 12%, les salariés 2% et le public 51%. Le groupe a fait son entrée au CAC 40 le 22 septembre 2008.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Forces :
- Suez Environnement est moins endetté que Veolia Environnement : seulement 2,6 fois sont résultat opérationnel, contre plus de 3 fois pour son grand rival.
- Il dispose d'un flottant important (53%) mais aussi d'un actionnariat stable de 74%, lié par un pacte d'actionnaire de cinq ans.
-Le milliardaire belge Albert Frère, via le Groupe Bruxelles Lambert détenait 6,3% du capital le jour de l'introduction en Bourse et s'est déclaré intéressé par une montée au capital.
- Le secteur d'activité (eau et déchets) bénéficie de perspectives favorables. L'eau jouit d'un marché illimité. Le recyclage profite de la hausse des prix des matières premières.
Faiblesse :
- Le marché a plébiscité le titre lors de son introduction de Bourse. Il se négociait à l'automne 2008 à 14,8 son bénéfice par action estimée du groupe pour 2010, contre 11,8 fois pour son grand rival Veolia Environnement.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- -Dans les métiers de l'environnement, la croissance se construit sur plusieurs années en fonction des contrats signés dans le monde avec d'importants investissement à la clé.
- Le groupe est exposé aux législations en matière de respect environnemental, dont un durcissement est synonyme de coûts supplémentaires.
- Le groupe pourrait profiter de la montée d'Albert Frère à son capital.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Services aux collectivités
Selon la Commission de régulation de l'énergie (CRE), un an après l'ouverture du marché de l'énergie, seulement 300000 particuliers et petits professionnels ont changé d'opérateur. Ce chiffre est très faible comparé aux 29,5 millions de consommateurs d'énergie. Le maintien des tarifs réglementés et la possibilité de revenir à ces tarifs pour les Français qui ont testé d'autres opérateurs, permettent à EDF de limiter la concurrence. Gaz de France doit, en revanche, affronter des nouveaux entrants, fournisseurs alternatifs dans le gaz. L'entreprise a mené une politique commerciale dynamique visant à fidéliser ses 11 millions de clients. Il s'agit de leur garantir un service de qualité et une offre duale électricité-gaz qui soit intéressante. Cette politique lui a permis de gagner 290000 clients dans l'électricité selon ses dirigeants. Néanmoins la nouvelle entité, GDF-Suez, dispose encore de capacités de production limitées dans l'électricité. Détenir ses propres capacités de production dans l'électricité de pointe (avec les centrales à gaz ou hydrauliques par exemple) est pourtant un atout non négligeable pour pouvoir procéder à des échanges contre de l'électricité de base (nucléaire). Les nouveaux entrants, comme l'opérateur Poweo, qui a conforté sa place de troisième opérateur français à fin juillet, mènent déjà cette politique.