La Bourse de Paris continuait de plonger vendredi en fin de matinée, le CAC 40 lâchant 8,91%, au lendemain d'une débâcle historique à New York et quelques heures avant un sommet des grands argentiers du Groupe des Sept (G7).
A 12H00 (10H00 GMT), l'indice vedette chutait de 306,85 points à 3.135,85 points, portant ses pertes à plus de 22%, depuis le début de la semaine, un seuil communément admis par les spécialistes pour définir un krach boursier.
Lâchant 6,36% dès l'ouverture, la place parisienne a rapidement sombré, essuyant même un bref recul sous les 10%, à 3.097,63 points. Elle avait clôturé sur un net repli jeudi (-1,55%), après avoir dégringolé lundi (-9,04%) et mercredi (-6,31%).
Londres perdait 7,65% et Francfort 9,95%, tandis que l'Eurostoxx 50 se repliait de 9,73%.
La Bourse de New York avait connu jeudi une séance cauchemardesque, la pire depuis le krach d'octobre 1987, le Dow Jones plongeant de 7,33% (soit -678,91 points) et atteignant son plus bas niveau depuis cinq ans.
La séance de vendredi risque d'être tout autant "chahutée" à Wall Street, prévient le courtier Aurel, en raison du "débouclage de 400 milliards de dollars de CDS (instruments financiers dérivés permettant aux entreprises de se couvrir contre le risque de crédit, ndlr) émis par (la banque américaine en faillite) Lehman Brothers".
Les places asiatiques ont plongé dans le sillage de New York : à Tokyo, l'indice nikkei s'est effondré de 9,62%, sa pire baisse en une séance depuis 21 ans, et Hong Kong a abandonné 7,19%.
Ni la multiplication des mesures et garanties gouvernementales en faveur du secteur bancaire, ni l'annonce mercredi de baisses de taux concertées de sept grandes banques centrales, n'ont suffi à rassurer un marché fébrile, paniqué par la propagation de la crise financière et ses répercussions économiques.
Pour Valérie Plagnol, directrice de la stratégie au Crédit Mutuel-CIC, "ça +krach+ (sic)" : "La contagion gagne les marchés de la planète alors que l'assèchement des liquidités atteint son paroxysme".
La réaction des marchés "montre que le ralentissement de la croissance économique devient un motif d'inquiétude et que les investisseurs sont confrontés à une énorme inconnue, ce qui pourrait être une profonde récession", relèvent dans une note les analystes de Global Equities.
"L'économie réelle ne va pas sortir indemne, loin de là, de la tourmente financière", renchérit de son côté BNP Paribas.
L'ensemble des valeurs vedettes, tous secteurs confondus, enregistrent de très fortes baisses : Alcatel Lucent s'effondre de 10,79% à 1,78 euro, tandis que Total lâche 9,81% à 32,42 euros, Saint-Gobain 10,19% à 26,01 euros, et ArcelorMittal 11,42% à 22,23 euros.
Ce sont les titres financiers qui souffrent le plus durement : Société Générale s'enfonce de 14,42% à 49,21 euros, Axa de 13,68% à 16,60 euros, BNP Paribas de 13,96% à 57,55 euros et Crédit Agricole de 9,80% à 11,73 euros.
Selon Aurel, "une nouvelle vague baissière" pourrait emmener le CAC 40 vers les 3.000 points, voire plus bas, alors que les tensions persistent sur un marché interbancaire empoisonné par la défiance, restreignant d'autant l'accès des entreprises et particuliers aux liquidités et au crédit.
Cette nouvelle débâcle des marchés renforce la pression sur la réunion des ministres de l'Economie et des Finances et des gouverneurs des banques centrales des sept pays les plus industrialisés (G7), qui débute à Washington à 14H00 locales (18H00 GMT).
Les Etats-Unis pourraient se retrouver en position d'accusés face aux autres membres du club (Allemagne, Canada, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon).
Les investisseurs seront par ailleurs très attentifs aux résultats trimestriels du géant américain de l'énergie General Electric, attendus avant l'ouverture de Wall Street.