BNP Paribas (+ 0,06% à 71,40 euros) parvient à rester à l'équilibre à la bourse de Paris, échappant à la tempête boursière qui frappe les valeurs financières ce matin. Cette bonne santé relative sur la place parisienne fait suite à l'annonce par BNP du rachat des activités de Fortis en Belgique et au Luxembourg. La banque française va débourser 14,5 milliards d'euros : 9 milliards d'euros en actions (132,6 millions de nouvelles actions émises à 68 euros) et 5,5 milliards d'euros en cash.
'Cette opération permet à BNP Paribas de poursuivre le déploiement en Europe de son modèle de banque intégrée. Avec cette acquisition, BNP Paribas s'appuie sur deux nouveaux marchés domestiques, la Belgique et le Luxembourg, qui viennent s'ajouter à ses deux marchés domestiques actuels, la France et l'Italie', a souligné le groupe.
'BNP Paribas conforte ainsi sa position de leader parmi les banques transfrontières dans la zone Euro avec quatre marchés domestiques', ajoute la banque.
BNP Paribas a expliqué que cette opération va renforcer sa structure financière, avec un ratio Tier 1 qui va s'améliorer d'environ 35 points de base. Elle devrait également être relutive dès la première année.
La banque précise que l'Etat belge va porter sa participation dans Fortis Bank SA/NV à 100%. Selon les termes de la transaction, BNP Paribas acquiert auprès de l'Etat belge 75% de Fortis Bank SA/NV et 100% de Fortis Assurance Belgique, et acquiert auprès de l'Etat luxembourgeois 16 % de Fortis Banque Luxembourg, portant sa part dans Fortis Banque Luxembourg à 67%.
Suite à cette opération, les Etats belge et luxembourgeois deviendront actionnaires de BNP Paribas, avec des participations respectives de 11,6 % et 1,1 %, et deux nouveaux membres du conseil d'administration seront désignés. L'Etat belge s'engage à conserver jusqu'à 10 % de sa participation dans BNP Paribas pendant 2 ans. L'Etat luxembourgeois s'engage à conserver 50 % de sa participation pendant 1 an.
BNP Paribas a précisé qu'il a passé en revue le portefeuille de crédits structurés de Fortis. 10,4 milliards d'euros d'actifs structurés complexes ont été isolés et placés dans une structure spécifique, dans laquelle BNP Paribas aura 10 % des profits et des pertes.
L'accord d'acquisition a été signé et la transaction reste soumise à l'obtention des autorisations des autorités de concurrence et de régulation. La finalisation de l'opération est attendue pour la fin de l'année ou au premier trimestre 2009.
De leur côté, les analystes ont salué cette acquisition : «Je pense que c'est une très bonne opération en ce qui concerne le prix. Pour ce qui est des activités de banque de détail, BNP Paribas s'en sort plutôt bien», a déclaré Cheuvreux à Reuters, reflétant l'opinion générale des brokers.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Présent dans plus de 85 pays, BNP Paribas compte 161 000 collaborateurs, dont 126 000 en Europe.
Le groupe exerce son activité dans trois grands domaines : la banque de détail qui représente 50% de l'activité du groupe, la banque de financement et d'investissement (28%) et enfin la gestion d'actifs (18%), la banque privée et les assurances.
En juillet 2006, BNP Paribas a pris le contrôle de la sixième banque italienne, Banca Nazionale del Lavoro (BNL), dans le cadre d'une offre amicale de près de 9 milliards d'euros. BNP Paribas compte sur un total de 480 millions d'euros de synergies. La banque a racheté Dexia banque privée France afin d'asseoir sa position de leader. Elle poursuit par ailleurs sa politique de développement dans les pays émergents avec la signature de plusieurs accords.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- BNP Paribas présente une allocation de fonds propres relativement équilibrée et diversifiée.
- Les pôles de banque de financement et d'investissement et la gestion d'actifs, qui représentent - BNL compris - 41 % de l'activité, restent à une place satisfaisante dans les revenus du groupe : leur croissance organique est plus rapide que celle de la banque de détail.
- Les services financiers et la banque de détail à l'international, en particulier en Asie, un marché plus épargné par la crise actuelle des liquidités, sont devenus le principal moteur de croissance des revenus du groupe et le deuxième contributeur au résultat derrière la Banque de Financement et d'Investissement.
- BNP Paribas est le leader européen du crédit à la consommation, une activité très rentable.
- Le groupe maîtrise bien ses coûts.
Les points faibles de la valeur
- La valeur peut souffrir de la dégradation de l'économie française qui augmente le risque de défaut de crédit de la part des entreprises à qui la banque prête de l'argent. Le groupe ne réalise toutefois plus que 20 % de ses bénéfices dans la banque de détail en France.
- Le ralentissement économique aux Etats-Unis devrait conduire à des volumes plus faibles, des marges moins élevées et des risques plus importants. La logique d'un maintien aux Etats-Unis reste cependant intacte.
- La sensibilité aux marchés de capitaux via la banque de financement et d'investissement ainsi que l'accumulation d'actifs présente un risque pour le groupe.
- La banque pourrait pâtir de l'utilisation de l'excédent de capital, essentiellement via des acquisitions.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- BNP Paribas est une valeur financière. Elle est donc sensible à l'évolution des taux d'intérêts. Les décisions de la Réserve Fédérale américaine et de la Banque Centrale Européenne dans ce domaine sont à observer avec attention. Le titre est également sensible à l'évolution des Bourses mondiales, qui influe sur la branche banque privée et la gestion d'actifs, ainsi que sur celle de la division banque de financement et d'investissement du groupe, mais également sur les investissements en actions qu'il réalise. Au titre de son activité de banque de détail, BNP Paribas est sensible à la fois au niveau d'épargne et au niveau de consommation des ménages. Le niveau de ses provisions pour créances douteuses ou risque bancaire est aussi fortement surveillé par les investisseurs. Enfin, en raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
- Depuis 2006, la priorité va à l'intégration de la banque italienne BNL. La politique d'acquisition sera donc " plus ciblée".
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Le paysage bancaire mondial est en pleine reconfiguration. Les banques qui résistent le mieux à la crise, sont à l'aff-t d'opportunités pour consolider leur position. En Angleterre, très affectée par la crise financière, la banque HBOS, numéro un du crédit immobilier, a été reprise par Lloyds TSB, cinquième banque du pays pour 12,2 milliards de livres (environ 15,5 milliards d'euros). Cette opération devrait créer un géant national du crédit immobilier et de l'épargne, détenant près de 28% du marché britannique des prêts immobiliers. En Allemagne également le marché bancaire se consolide. Deutsche Bank a annoncé son entrée au capital de Postbank à hauteur de 29,75%. Auparavant, Commerzbank avait racheté Dresdner Bank. La deuxième banque privée du pays double ainsi de taille. Les Etats-Unis ne sont pas en reste. Merrill Lynch a été reprise par la première banque américaine, Bank of America. Quant à JPMorgan Chase, elle devient la deuxième banque commerciale américaine grâce à l'acquisition de Washington Mutual.