En augmentant sa participation de 31 à 35,14% au sein du capital de Volkswagen (+5,56% à 218,51 euros), Porsche obtient le contrôle de fait du premier constructeur automobile européen. "Ce pas assure à Porsche une majorité durable à l'assemblée générale de Volkswagen", s'est félicité le fabricant allemand de voitures de sport dans un communiqué. VW devient ainsi une filiale intégrée à la holding européenne créée par Porsche pour regrouper l'ensemble de ses participations.
La marque de sport a précisé qu'elle était contrainte par la loi de déposer une offre sur Audi, dont elle détient déjà 99,14%. Pas question pour autant de s'attribuer la marque haut-de-gamme. "Nous voyons Audi comme partie intégrante du groupe Volkswagen", a affirmé Wendelin Wiedeking, le patron de Porsche.
Une prise de contrôle qui intervient dans un contexte particulièrement tendu. En effet, le puissant syndicat IG Metall n'apprécie guère les ambitions de Porsche, qui n'a jamais caché qu'il souhaitait conquérir 50% des parts. Vendredi dernier, des salariés du groupe de Wolfsburg avaient manifesté, redoutant des suppressions d'emplois et des décisions arbitraires.
Ils entendaient surtout défendre la "loi Volkswagen", qui stipule qu'un investisseur ne peut obtenir plus de 20 % des droits de vote, quelle que soit sa part au capital. Une façon de se protéger le constructeur de toute offre hostile en préservant l'influence du Land de Basse-Saxe, deuxième actionnaire de VW avec une participation d'environ 20,3%. En vain, puisque le conseil de surveillance a finalement décidé de supprimer cette disposition.
En revanche, il a conservé un seuil de 20% du capital pour l'exercice de la minorité de blocage, ménageant l'Etat régional au risque de s'attirer les foudres de Bruxelles. En octobre dernier, la Cour européenne de justice avait en effet estimé que la loi Volkswagen était contraire aux règles européennes de la concurrence.
M-L.H.
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Automobiles - Constructeurs
Face au déclin des marchés des pays développés, ceux des pays émergents explosent. En Europe de l'Est, le marché affiche des croissances de plus de 17% en Pologne et en Roumanie. En Russie, les autorités tablent sur une progression de 30% sur l'année. Le marché local devrait même, selon les experts, dépasser celui de l'Allemagne d'ici à 2010. Les constructeurs accélèrent également leurs investissements en Chine pour bénéficier d'un marché qui devrait encore croître d'au moins 15% cette année. Dans un contexte difficile, les associations et accords de coopération entre les constructeurs se multiplient. PSA et Mitsubishi vont s'associer en Russie, et créer une société commune de production. Quant à BMW et Mercedes Benz, ils discutent coopération pour optimiser leurs achats de composants.