ConocoPhillips progresse de 1,8% à 83,86 dollars. Selon le "Wall Street Journal", la major est en passe de céder les 600 stations service à PetroSun West pour 800 millions de dollars. La troisième compagnie pétrolière américaine cherche à améliorer la rentabilité de ses marges dans l'aval, affectée par la flambée des prix du brut. Mi-juin son homologue Exxon avait annoncé son intention de vendre ses 2200 stations service aux Etats-Unis pour la même raison. Elle bénéficie aussi du rebond du cours du brut alimenté par l'ouragan Gustav et le repli inattendu des stocks hebdomadaires de pétrole.
Selon le "Wall Street Journal", l'opération de cession devrait être bouclée d'ici la fin de 2008. Le montant de la transaction : 800 millions de dollars ne pèse pas lourd comparé à la capitalisation boursière de la compagnie.
Cette opération met en lumière la nouvelle réalité économique des compagnies pétrolières intégrées. La flambée des cours du brut dope le chiffre d'affaires et la rentabilité de leurs branches Amont (exploration-production). En revanche, elle ronge la rentabilité de leurs branches Aval (raffinerie et marketing) où le pétrole est considéré comme un coût.
Les majors, américaines ou européennes sont confrontées au même dilemme. Soit elles répercutent intégralement la flambée des coûts sur leurs prix de vente, au risque d'agacer l'opinion publique et plus grave, de contraindre la demande, soit elles prennent une partie des hausses à leurs charges au risque de déplaire aux actionnaires.
Manifestement, Exxon et ConocoPhillips ont tranché. En cessant de distribuer l'essence, ces compagnies font le choix de maximiser leurs profits en misant sur une hausse continue des prix du pétrole. Ont-elles fait le bon choix ? Une baisse des cours du brut, en raison d'un affaiblissement de la demande par exemple, pourrait fort bien ramener la rentabilité des stations essence à des niveaux corrects. A l'époque, pas si lointaine, où le baril évoluait sous les 30 dollars, les stations généraient des profits importants.
(P-J.L)
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LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pétrole et parapétrolier
Depuis cinq ans, de nouveaux grands consommateurs comme le Moyen-Orient et la Chine sont apparus avec une demande qui croît d'autant plus vite qu'ils subventionnent leurs prix domestiques. A côté de cette demande tendue, l'IAE (Agence internationale de l'énergie) souligne l'existence de plusieurs éléments négatifs pour l'offre de pétrole à venir. L'IAE considère, en effet, que la production des pays non membres de l'Opep devrait augmenter moins que prévu cette année, en s'accroissant seulement de 455000 barils quotidiens par rapport à l'an passé alors que l'agence tablait précédemment sur une progression de 680000 barils. Cela s'explique par des performances décevantes des champs pétrolifères de la mer du Nord, du Mexique et de certains gisements aux Etats-Unis. C'est pourquoi l'Opep, qui assure déjà près de 40% de l'approvisionnement mondial, sera sollicité.