ITV chute de 7,56% à 42,80 pence après avoir perdu jusqu'à 17% à la suite de la publication d'une lourde perte au premier semestre. Le groupe d'audiovisuel britannique a été contraint d'enregistrer une provision pour dépréciation de 1,6 milliard de livres en raison de la dégradation des perspectives du marché publicitaire pour 2008 et 2009. ITV est victime de la détérioration de la conjoncture au Royaume-Uni, frappé comme les Etats-Unis par l'explosion de la bulle immobilière.
Cette lourde provision a fait basculer dans le rouge les comptes semestriels d'ITV. Sa perte nette s'élève ainsi à 1,534 milliard de livres contre un bénéfice de 84 millions de livres, un an plus tôt. Mais même avant la prise en compte de cet élément exceptionnel, la performance du groupe s'est détériorée, son ebitda chutant de 20% à 121 millions de livres. Le chiffre d'affaires a progressé de 3% à 1,031 milliard.
Concernant ses perspectives de court terme, ITV s'attend à un repli de 20% de son chiffre d'affaires publicitaire en septembre dans un marché en repli de 17%. Sur cette période, il souffrira d'une base de comparaison défavorable en raison de la Coupe du monde de rugby qui s'est tenue en septembre 2007. Au-delà, le groupe audiovisuel avoue disposer d'une faible visibilité sur l'évolution du marché publicitaire.
Pour faire face à cette situation difficile et ne souhaitant pas réduire ses investissements dans ses programmes, ITV a annoncé la division par deux de son dividende semestriel à 0,675 pence par action. Le groupe prévoit également 35 millions de livres d'économies supplémentaires à HORIZON 2010. Elles s'ajoutent aux 41 millions attendus pour la fin de l'année.
Les spéculations sur un rachat du groupe constituent l'un des rares soutiens pour le titre. Celles-ci avait été relancées l'obligation faite à l'opérateur de télévision par satellites BSyB de céder sa participation de faire passer sa participation dans ITV de 17,9% à moins de 7,5%.
(C.J)
EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Communication - Medias
Trois changements importants reconfigurent le paysage de l'audiovisuel public. D'abord une suppression de la publicité sur les chaînes publiques, qui sera compensée par des taxes supportées par les chaînes privées (pour 80 millions d'euros) et une taxation du chiffre d'affaires des opérateurs télécoms (finalement à 0,9% contre 0,5% auparavant). De plus, le PDG de France Télévisions sera désormais nommé par le président de la république et non plus par le CSA. Enfin, les chaînes publiques doivent avoir désormais une programmation exigeante, rendue néanmoins difficile par la disparition de la manne publicitaire qui permettait de financer leur contenu. Quant aux chaînes privées, elles vont bénéficier d'un supplément de recettes publicitaires grâce au changement de la réglementation. Selon les agences de media, l'allongement de la durée des écrans de 6 à 9 minutes par heure, le passage à l'heure d'horloge qui permettra de placer plus de publicité aux carrefours stratégiques de l'audience, et la deuxième coupure dans les fictions, devraient permettre à TF1, M6 et Canal+ d'engranger 435 millions d'euros.
Communication - Publicité
Le marché publicitaire français, très sensible à la conjoncture, subit la morosité ambiante. Quand les annonceurs ne gèlent pas leurs investissements, ils choisissent de les réduire. Selon MPG, la filiale médias d'Havas, au deuxième trimestre, le marché publicitaire français ne devrait afficher qu'une hausse limitée à 0,3%, soit trois fois moins que sur les trois premiers mois de l'année. La télévision, jusque-là moteur traditionnel du marché publicitaire, donne des signes tangibles de faiblesse. ZenithOptimedia, l'agence médias du groupe Publicis, a revu à la baisse (à 3,8% au lieu de 4,4%) son estimation de croissance pour 2008 sur les marchés publicitaires européen et nord-américain En revanche, la prévision de croissance est légèrement relevée pour le reste du monde (de 10,9% à 11,1%). L'agence table globalement sur une croissance mondiale de 6,7% supérieure aux 5% de moyenne des dix dernières années.