GDF Suez fera ses premiers pas en Bourse mardi 22 juillet. Son P-DG, Gérard Mestrallet, a expliqué aux "Echos" quels seront les dossiers prioritaires du nouveau groupe, à commencer par le nucléaire. Le dirigeant se réjouit de la fusion. " Il n'y avait pas une seule autre alternative crédible. Dans le maelstr&*#8221;m actuel, c'était la bonne réponse à apporter". Concernant le nucléaire, il souligne que Suez a dès 2004 affiché sa volonté de participer au renouveau du nucléaire dans le monde, notamment en se positionnant sur des projets de nouveaux réacteurs en Roumanie, en Bulgarie et à Abu Dhabi.
"S'agissant de la France et du projet de deuxième réacteur EPR, si nous devions être candidat, ce serait en partenariat avec d'autres électriciens français et/ou internationaux, mais aussi des industriels, très gros consommateurs d'électricité". Selon Gérard Mestrallet, il y a aujourd'hui deux entreprises dans le monde qui ont fait le choix d'investir dans le nucléaire hors de leurs frontières : EDF et GDF Suez. "Pour jouer ce rôle, il me semble qu'une référence d'exploitant dans notre propre pays serait assez utile", estime t-il.
A plus court terme, GDF Suez ne rouvrira pas le dossier British Energy, où tout du moins pas dans sa forme actuelle. "Si l'idée reste de vendre British Energy en un seul bloc, ce sera sans nous. Cela supposerait au préalable un énorme travail de diagnostic, et à brève échéance un investissement très lourd, dans un secteur où le moindre problème coûte très cher", souligne le P-DG.
"Cela n'entre pas dans notre stratégie. La question pourrait se reposer, en revanche, si on revenait au schéma initial, qui prévoyait des négociations site par site. D'autres opportunités que British Energy se présenteront, j'en suis certain"
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
GDF Suez est issue de la fusion réalisée le 22 juillet 2008, après deux ans et demi de longues fiançailles, entre Gaz de France et Suez. Le groupe présidé par Gérard Mestrallet, secondé par Jean-François Cirelli, constitue le leader européen dans le secteur de l'électricité et du gaz en termes de chiffre d'affaires : 74,3 milliards d'euros en 2007, contre 69 milliards pour E.ON et 60 milliards pour EDF. Le groupe compte 196 500 collaborateurs. Coté à Bruxelles, Luxembourg et Paris, GDF SUEZ est représenté dans les principaux indices internationaux : CAC 40, BEL 20, DJ Stoxx 50, DJ euro Stoxx 50, Euronext 100, FTSE Eurotop 100, msci Europe et ASPI Eurozone.L'Etat français est le premier actionnaire du groupe avec 35,7% du capital devant le Groupe Bruxelles Lambert (5,3% du capital).La capitalisation boursière de GDF Suez au moment de sa première cotation (96 milliards d'euros) lui garantissait la deuxième place du CAC 40 derrière Total mais devant EDF.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
-GDF Suez bénéficie de perspectives de croissance intéressantes sur un marché porteur et bénéficie d'une structure financière saine.
- Selon les investisseurs, le groupe incarne une stratégie énergétique gagnante bâtie sur la convergence du gaz et de l'électricité.
- La fusion devrait permettre à la société dé dégager à terme 1 milliard d'euros d'économie par an.
-La fusion permet à GDF Suez de prendre du poids dans certains grands indices boursiers, ce qui entraîne l'achat du titre par les fonds dont la gestion réplique la composition de ces indices.
-Un ambitieux programme d'investissement -10 milliards d'euros par an- afin d'atteindre les 100 gigawatts se capacités électriques installées.
Les points faibles de la valeur
-Le positionnement domestique de GDF le rend vulnérable aux tendances de l'activité économique française.
- La tarification de GDF est pour l'instant toujours régulée et dépend des décisions de l'Etat. Or, le groupe achète la vaste majorité du gaz qu'il vend et toute hausse de ses coûts d'approvisionnement non répercutée dans ses prix de vente ampute ses profits. Et, le prix du gaz est indexé sur le prix du pétrole.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Pour les analystes, le nouvel ensemble GDF-Suez offre une action intéressante. GDF-Suez combine en effet une croissance à deux chiffres des résultats, des multiples inférieurs à ceux du secteur, un faible taux d'endettement et un Ebitda qui s'appuie à près d'un tiers sur des activités réglementées et donc peu risquées.
- La perspective que les tarifs réglementés du gaz deviennent inférieurs aux prix du marché effraie régulièrement les investisseurs. Les hausses de prix du gaz décidées par l'Etat sont donc à surveiller.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Services aux collectivités
Le verdict des parlementaires européens, rendu mi-juin, relance le débat sur la séparation patrimoniale des activités de production et de transport des électriciens européens. En effet, en obligeant les énergéticiens européens produisant de l'électricité à céder leurs réseaux de transport, il s'oppose à l'accord conclu le 6 juin dernier à Bruxelles entre les gouvernements des Vingt-Sept, qui laissait aux opérateurs le choix de céder ou garder leurs réseaux de transport. Ils se conforment néanmoins à la proposition initiale de la Commission Européenne, qui imposait dans sa directive de 2003 une séparation juridique entre la production et la distribution d'énergie. L'objectif étant de casser les monopoles et favoriser la concurrence au profit du consommateur final. Face aux ambitions du futur groupe GDF-Suez, et pour compenser ses pertes de part de marché en France avec l'ouverture du marché à la concurrence, EDF poursuit sa politique d'internationalisation. Il est ainsi prêt à payer 515 millions d'euros pour racheter les 25,5% de GDF dans SPE, numéro deux belge de l'électricité. Néanmoins cette opération risque d'être compliquée par le fait que le Britannique Centrica dispose d'un droit de préemption pour acquérir la participation de Gaz de France. EDF souhaite également acquérir British Energy pour un prix d'acquisition d'environ 14 milliards d'euros. Pour le moment le gouvernement britannique n'a pas donné son accord.