Natixis limite ses gains dans la matinée après une ouverture sur les chapeaux de roues, à l'instar des valeurs financières à la bourse de Paris, après l'annonce d'une augmentation de capital de 3,7 millions d'euros. Le titre n'enregistre plus qu'une hausse 2,92% à 4,93 euros dans la matinée, après avoir enregistré une hausse de plus de 8%. Auparavant, la valeur avait connu une série de séances chaotiques : le titre a en effet perdu près de 20% entre lundi et mercredi, et a vu fondre son capital de plus de 60% depuis le début de l'année, tombant hier jusqu'à 4,31 euros ; un plus bas historique.
La levée de fonds devrait porter le ratio Core Tier 1 au niveau de ceux des banques européennes les mieux capitalisées. Le produit de l'émission sera consacré, à hauteur de 2,5 milliards d'euros, au remboursement de l'avance d'actionnaires consentie par la BFBP et la CNCE au premier semestre 2008.
La Banque Fédérale des Banques Populaires et la Caisse Nationale des Caisses d'Epargne, détenant ensemble 69,8% du capital de Natixis, se sont engagées à souscrire à titre irréductible à cette augmentation de capital à hauteur de la totalité de leurs droits préférentiels de souscription et à souscrire les actions qui ne seraient pas souscrites à titre irréductible ou réductible par d'autres investisseurs, "témoignant ainsi de leur entier soutien à la stratégie et au management de Natixis", a précisé la banque française.
Le groupe, qui n'a pas attendu la publication officielle de ses résultats pour informer le marché, annonce par ailleurs de nouvelles dépréciations d'actifs de 1,5 milliard avant impôts au deuxième trimestre. Un chiffre qui s'explique par son exposition à la crise des crédits américains à risques selon le communiqué du groupe. «La détérioration brutale et rapide de la situation des principaux assureurs d'obligations» ainsi que «la prolongation de la crise du secteur immobilier résidentiel aux Etats-Unis» ont conduit Natixis à ces dépréciations, qui devraient peser sur le résultat de celui-ci. La filiale de Banque Populaire et Caisse d'Epargne ne table plus que sur un résultat net de 300 millions d'euros au maximum.
A noter également, l'annonce par Natixis d'un recentrage de ses activités de banque de financement et d'investissement, doublé d'un effort de réduction des charges et une revue du portefeuille d'activités du groupe, qui devrait aboutir à une cession des actifs non stratégiques.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Natixis est né en novembre 2006 de la fusion des activités de banque de gros des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne. Initialement les participations respectives des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne dans le nouvel ensemble étaient de 45,5%. Mais la mise sur le marché de 233,65 millions de titres, au prix de 19,55 euros, a permis de les abaisser à 34%.
Le nouveau groupe s'affiche comme la première banque française en matière de gestion d'actifs avec plus de 500 milliards d'euros sous gestion dans le monde. Natixis s'organise autour de 6 pôles d'activités: la banque de détail, la banque de financement et de marché, la banque d'investissement privé, l'assurance-crédit et les crédits à la consommations et autres prestations.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
-Un quart de ses revenus proviennent des sommes reversées par les réseaux des Banques Populaire et des Caisses d'Epargne, par nature peu cycliques.
-Natixis devrait profiter des synergies de fusion attendues à 522 millions d'euros.
-Le nouvel ensemble bénéficie d'un important potentiel de croissance compte tenu du soutien de ses réseaux.
Les points faibles de la valeur
- De tous les grands établissements français cotés à Paris, Natixis est le plus lié aux revenus cycliques, de banques d'affaires (40% des recettes) et de marché (10%).
- Le système de gouvernance de la banque, partagé entre ses deux actionnaires principaux, Banque Populaire et l'Ecureuil, peine à convaincre de son efficacité, malgré leur réaction rapide lors du rachat de CIFG, une filiale de Natixis touchée par la crise du subprime, pour 1,5 milliard de dollars, qui a permis d'éviter une recapitalisation à la jeune banque.
- La faible visibilité de l'activité de banque d'investissement de Natixis, son plus gros contributeur en termes de revenus, ne joue pas en sa faveur.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Le groupe est très sensible à l'évolution des marchés financiers (pour sa division banque d'investissement), mais également à celle de la conjoncture économique (pour son activité de banque de financement).
- Par ailleurs, en tant que valeur financière, le titre est sensible à l'évolution des taux d'intérêts.
- En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
L'année 2008 sera marquée par une politique de rigueur des banques françaises. Le Crédit Agricole a prévu un plan de recentrage pour Calyon et va céder jusqu'à 5 milliards d'euros d'actifs d'ici dix-huit mois. Quant à Natixis, qui a vu ses profits chuter de 88% au premier trimestre, à 69 millions d'euros, elle a adopté un plan d'économies de 400 millions d'ici à 2009 (représentant une baisse de 10% des coûts fixes). Comme au Crédit Agricole, certaines activités de marché trop risquées seront réduites, voire arrêtées. D'après une étude du BCG (Boston Consulting Group), la crise actuelle justifie le modèle de banque universelle, diversifiée tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Grâce à ce modèle, les banques françaises ont pu compenser les effets de la crise, qui a durement touché les activités de banque de financement et d'investissement. A contrario, la banque à l'anglo-saxonne, qui suppose des établissements spécialisés dans les activités de banque d'investissement ou de crédit aux particuliers, pourrait être remise en cause.