GDF-Suez a perdu 5,72% à 20,515 euros hier après la décision de la Belgique de renoncer au nucléaire. Les partis associés à la formation d'un nouveau gouvernement en Belgique ont décidé de fermer les trois plus vieilles centrales en 2015 et de sortir du nucléaire en 2025. Or, GDF Suez avait signé en 2009 un accord avec le gouvernement u pays pour prolonger la durée de vie de ces trois centrales de dix ans. Celui-ci serait désormais caduque.
Estimant que cet accord était le pire des scénarios pour l'énergéticien français en Belgique, Oddo a abaissé sa recommandation d'Achat à Neutre. « Associé à des prix européens du gaz qui ne devraient pas augmenter avant 2 ans, nous pensons que l'objectif 2013 d'un Ebitda à 20 milliard d'euros est maintenant en grand danger », avertit le broker. Il souligne cependant que la Belgique ne représente que 10% de l'Ebitda du groupe.
Cette mauvaise nouvelle tombe le jour où GDF-Suez a officialisé son partenariat stratégique avec le fonds souverain chinois, China Investment Corporation (CIC), annoncé en août. CIC va investir 2,3 milliards d'euros dans les activités Exploration-Production du groupe français en échange d'une participation de 30%.
Cette opération permet à GDF-Suez de se désendetter et de disposer d'un allié de poids pour accélérer son développement dans la région en forte croissance de l'Asie-Pacifique. A l'heure actuelle, GDF-Suez ne réalise qu'un milliards d'euros de chiffre d'affaires en Chine sur un total de 90 milliards.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- GDF Suez est le premier opérateur gazier en France et le deuxième producteur mondial d'électricité ;
- Le rapprochement de ses activités non européennes avec celles d'International Power en fait également le plus grand exploitant de centrales électriques dans le monde ;
- GDF Suez est très implanté dans les zones en forte croissance (Moyen-Orient, Amérique latine, Asie) ;
- La diversité de ses métiers sur l'ensemble de la chaîne énergétique ainsi qu'un modèle économique qui combine activités régulées et concurrentielles assurent une certaine visibilité sur les résultats, notamment en périodes économiques difficiles ;
- Le groupe s'est fixé un plan d'investissements ambitieux qu'il met méthodiquement en oeuvre ;
- Le groupe bénéficie d'un bilan solide, qui le met à l'abri de cessions d'actifs dans l'urgence ou d'opérations de recapitalisation, le point faible de beaucoup de ses concurrents ;
- L'action offre un rendement élevé (plus de 7%).
Les points faibles de la valeur
- Le groupe est très dépendant de son marché domestique ;
- Les objectifs ambitieux qui avaient été fixés pour 2011 ont été reportés ;
- GDF Suez pâtit d'un retard dans le nucléaire par rapport à EDF, qui a quatre à cinq ans d'avance sur ses concurrents ;
- Un risque politique est attaché au titre car les tarifs de gaz pratiqués par le groupe dépendent des décisions de l'Etat français, souvent peu lisibles en la matière. Les investisseurs ont surtout l'impression que quand des règles sont fixées, elles ne peuvent finalement pas être considérées comme définitivement établies. Par ailleurs, les tarifs du gaz pourraient être gelés dans la perspective de l'élection Présidentielle en France en mai 2012 ;
- La valeur est à la peine en Bourse. Le secteur des « utilities » ne séduit pas les investisseurs. C'est l'un des secteurs les plus susceptibles d'être touchés par d'éventuelles hausses de taxes dans un contexte de réduction des déficits budgétaires.
Comment suivre la valeur
- GDF Suez fait partie du secteur des « utilities », traditionnellement sensible à l'évolution des taux d'intérêt ;
- C'est une valeur considérée comme défensive, grâce à la régularité de ses résultats et à son modèle économique ;
- Les performances de GDF Suez sont liées à l'évolution des prix du gaz, eux-mêmes dépendants du fioul domestique, du fioul lourd, du Brent et de la parité de change euro/dollar ;
- La formule d'indexation des coûts d'approvisionnement de GDF Suez fait l'objet d'un audit régulier.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Services aux collectivités
Les réorientations stratégiques sont à l'oeuvre parmi les énergéticiens allemands, lourdement impactés par l'arrêt des réacteurs nucléaires. En y ajoutant la taxe sur le nucléaire introduite le 1er janvier, E.ON estime que ses comptes ont été pénalisés de 1,9 MdEUR au premier semestre. L'impact sur les comptes de RWE s'est élevé à 900 MEUR. E.ON a publié la première perte nette trimestrielle de son histoire, à hauteur de 1,4 MdEUR. Le groupe a annoncé des restructurations qui pourraient concerner jusqu'à 11 000 personnes sur un total de 79000. Comme son concurrent RWE, il a d- réviser à la baisse ses prévisions pour 2011. RWE a, lui, enregistré une perte de 229 MEUR au deuxième trimestre. Pour assainir sa structure financière, le groupe souhaite lever 2,5 MdEUR de capital. Il désire également renforcer son programme de cessions et entend désormais se séparer d'actifs d'un montant total de 11 MdEUR, soit 3 MdEUR de plus que prévu.