A six mois de la présidentielle, Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi à la télévision que le gouvernement présenterait rapidement un nouveau plan de rigueur budgétaire pour enrayer la crise, dans la foulée du plan de sauvetage de la zone euro adopté à Bruxelles.
Pour sa première émission télévisée en direct depuis huit mois, le chef de l'Etat a confirmé sur TF1 et France 2 que la prévision de taux de croissance retenue pour 2012 serait révisée à la baisse, pour passer de 1,75 à 1%, et qu'il faudrait en conséquence réaliser "6 à 8 milliards" d'économies en plus pour tenir les objectifs intangibles de réduction des déficits.
Deux mois à peine après la première volée de mesures d'austérité annoncée par le Premier ministre François Fillon, ce nouveau tour de vis budgétaire devrait être annoncé "dans les dix jours", selon Nicolas Sarkozy, en tout cas après le sommet du G20 programmé les 3 et 4 novembre à Cannes.
S'il n'a pas fait d'annonces précises sur les modalités de ce plan, le président a suggéré qu'il faudrait "sans doute faire participer les importations" au financement de la protection sociale. Il a également exclu "une augmentation généralisée de la TVA" qui "pèserait sur le pouvoir d'achat".
Alors que les agences de notation menacent de retirer à la France sa fameuse note "triple A" qui lui permet d'emprunter sur les marchés aux meilleurs taux, il a estimé que "le problème, ce ne sont pas les agences de notation, le problème c'est que nous dépensons trop".
Tout au long de son intervention, le chef de l'Etat s'est présenté en président "protecteur" et a défendu ses réformes emblématiques en assurant qu'elles avaient évité à la France les réductions des salaires ou des pensions imposées en Grèce, en Espagne, en Irlande ou au Portugal.
"Si nous n'avons pas eu a faire ça en France, c'est parce que nous avons fait la réforme des retraites à temps", a-t-il plaidé, "la réforme des retraites a protégé la France et a protégé les Français". De même que le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.
Avant d'évoquer les conséquences purement intérieures de la crise de la zone euro, Nicolas Sarkozy a rendu compte longuement des détails de l'accord conclu la nuit dernière à Bruxelles avec ses partenaires européens, assurant qu'il avait permis d'éviter "une catastrophe".
Délibérément optimiste, il a dit faire "confiance" à la Grèce pour sortir de la crise, même s'il a qualifié d'"erreur" son entrée dans la zone euro il y a dix ans. "Si les Grecs font les efforts que nous leur avons demandés, ça ne coûtera rien à la France et ça ne coûtera rien à l'Europe", a-t-il promis.
Dans la même veine rassurante, il a indiqué que l'effort demandé aux banques, priées de renoncer à 50% de leurs créances sur la dette publique grecque, ne serait pas couvert par des "fonds publics".
Même opposé à toute forme de nationalisation, M. Sarkozy a toutefois annoncé qu'il allait confier à la Banque de France un "pouvoir de sanction et de contrôle" sur les établissements financiers afin de "veiller à ce que les pratiques du passé s'arrêtent", notamment en matière de bonus. "Il est temps de penser aux clients, moins aux actionnaires", a-t-il assuré.
Le président a aussi répondu aux critiques de la gauche, qui s'inquiétait de l'appel des Européens aux investissements chinois, en assurant que l'indépendance de l'UE "ne sera en rien remise en cause".
Toujours largement devancé dans les sondages par le candidat socialiste à la présidentielle François Hollande, M. Sarkozy a redit qu'il annoncerait sa décision, plus que probable, de briguer un second mandat en 2012 "quelque part fin janvier, début février".
Sans surprise, la droite a applaudi sa prestation. François Fillon a vanté sa "détermination" et son "expérience" et le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé son "discours de vérité". A l'inverse, l'écologiste Eva Joly lui a décerné un "triple zéro", le patron des députés PS Jean-Marc Ayrault a raillé sa "machine à promesse" et Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) dénoncé son discours "pitoyable".