Dexia a validé la cession des deux piliers fondateurs du groupe, la banque de détail en Belgique et la structure de financement des collectivités en France, et acté, de fait, la fin d'un groupe qui devait être la première vraie banque européenne.
Menée au bord de l'asphysxie fin septembre par la violente dégradation de ses conditions d'accès aux marchés, Dexia a mené, au pas de charge, son démantèlement en deux semaines.
Mercredi, le conseil d'administration a acté la vente de la filiale belge de banque de détail, Dexia Banque Belgique (DBB), à l'Etat belge pour 4 milliards d'euros. Une opération qui réduit sa taille d'un tiers.
Le même jour, a été validé le principe d'une cession des activités de financement des collectivités en France, ainsi que d'un portefeuille de prêts déjà consentis à ces mêmes collectivités.
C'est la fusion de ces deux entités, française et belge, qui avait permis la création de Dexia, en 1996.
Parallèlement, Dexia est en négociations pour céder sa filiale luxembourgeoise, Dexia BIL, et sa branche turque, DenizBank.
Les autres actifs de valeur qui restent dans le périmètre de Dexia, la filiale de gestion d'actifs, et RBC Dexia, la société commune de conservation de titres dont Dexia est actionnaire à 50%, devraient eux aussi être cédés prochainement.
"D'ici à la fin de l'année, nous devrions avoir sélectionné les futurs acquéreurs de toutes ces entités", a indiqué, dans un entretien aux Echos paru jeudi, l'administrateur délégué Pierre Mariani, qui a ouvert la porte à son départ à cette échéance, une fois sécurisé l'avenir des salariés de Dexia.
A moyen terme, Dexia ne contiendra plus que les filiales italienne Crediop et espagnole Sabadell, difficiles à vendre, ainsi qu'un véhicule allemand de financement et le portefeuille de titres obligataires, qui pèse encore 76 milliards d'euros.
Pour éviter que ce réceptacle des invendus de Dexia ne connaisse à son tour l'asphyxie, avec à la clef un risque de vente des actifs en catastrophe et de lourdes pertes, les Etats belge, français et luxembourgeois vont en garantir le financement.
Le principe de cette garantie a été validé dans la nuit de mercredi à jeudi par le Sénat français, deux jours après un vote favorable de l'Assemblée nationale. La ratification définitive du texte pourrait intervenir mardi.
L'Etat français a finalement accepté également de garantir une partie du portefeuille de crédits aux collectivités dont la Caisse des dépôts (CDC) va prendre le contrôle.
Réticente à reprendre ce stock de vieux crédits, dont une partie est très médiatisée depuis trois ans car qualifiée de toxique par de nombreux élus, la CDC a obtenu une série de protections de Dexia et de l'Etat français.
Concrètement, elle n'a pas à craindre de pertes de plus de quelques dizaines de millions d'euros liées à ce portefeuille et n'en assurera pas la gestion, déléguée à la filiale Dexia Crédit Local, ce qui lui évitera de se retrouver en première ligne face à des élus mécontents.
"Le groupe Caisse des dépôts et la Banque Postale ne traiteront pas des négociations sur les prêts très structurés (dont certains ont déjà fait l'objet de contentieux), qui continueront à relever de Dexia Crédit Local", a confirmé jeudi à l'AFP le président de la Commission de surveillance de la Caisse des dépôts, le député UMP Michel Bouvard.
En outre, la Caisse a obtenu un prix satisfaisant, l'opération ne lui revenant qu'à 162 millions d'euros en net, selon une source proche du dossier.
CDC et Banque Postale ont confirmé jeudi, dans un communiqué conjoint, l'existence d'un protocole de négociations.