Schneider Electric a révisé en baisse son objectif de marge opérationnelle pour 2011 en raison d'un impact mix négatif, d'inflation et de coûts de restructuration plus élevés qu'attendus. Le spécialiste des équipements électriques et des automatismes vise désormais une marge Ebita autour de 14%, contre 15% auparavant. En revanche, il a maintenu sa prévision de croissance organique de 6% à 9%. Au troisième trimestre, son chiffre d'affaires s'est élevé à 5,697 milliards d'euros, en progression de 4,6%. La croissance organique s'est élevée à 7,7%.
Sa principale activité (Power), qui représente 38% des ventes, a enregistré une croissance organique de 7,6%. L'activité Energy (21% du CA du groupe) a affiché une progression de 7,3%. L'activité Industry (19% du CA du Groupe ) a connu une croissance de 6,6%, contre 12,6% et 3% pour les activité IT (15% des ventes) et Building (7% des ventes.
Schneider Electric a justifié l'accélération de ses efforts de restructuration par la visibilité réduite des perspectives économiques à court terme. Ces charges additionnelles de restructuration impacteront en conséquence la marge 2011 de 0,2 à 0,4 point.
AOF - EN SAVOIR PLUS
LEXIQUE
ebita : Résultat avant frais financier et impôts.
Les points forts de la valeur
- Schneider figure parmi les premiers fabricants mondiaux d'équipements de distribution électrique basse et moyenne tension, d'automatismes industriels et d'équipements d'énergie sécurisé. C'est donc un spécialiste de la gestion de l'énergie ;
- Le groupe fournit des équipements pour des marchés diversifiés aux cycles différents, de l'industrie aux infrastructures. Cela lui permet d'amortir les chocs conjoncturels. Schneider a aussi nettement réduit son exposition au secteur ultra cyclique du bâtiment ;
- Le groupe bénéficie de positions solides dans les pays émergents (37% du CA). Il ambitionne de devenir le leader des nouvelles économies et de réaliser la moitié de ses coûts de production dans les pays émergents ;
- Le groupe est très bien positionné sur l'efficacité énergétique (30% du CA), un marché en plein essor. Le président du directoire, Jean-Pascal Tricoire, mise beaucoup sur le smart et le green grid - l'électricité intelligente et verte. Le groupe élargit ainsi considérablement sa cible de clientèle en se positionnant aussi bien auprès des producteurs d'énergie (par exemple, pour convertir l'énergie solaire), que des entreprises et des particuliers (la domotique) ;
- L'acquisition d'une partie de l'activité d'Areva T&D, autofinancée en intégralité, permet à Schneider Electric, déjà présent dans la distribution d'électricité, de devenir le deuxième acteur mondial sur le marché de la moyenne tension électrique, devant Siemens et juste après ABB ;
- La situation financière est saine.
Les points faibles de la valeur
- La dynamique de croissance va ralentir en 2011, ce qui pèse actuellement sur la valeur ;
- Le groupe est plus exposé que ses concurrents au marché nord-américain (près de 30% du CA) ;
- Schneider pâtit d'un cycle d'activité court (avec un carnet de commandes qui ne représente que 1 à 2 mois de ventes), ce qui nuit à la visibilité ;
- Même si les perspectives de long terme de la transmission restent favorables, en raison de l'accroissement de la demande d'énergie dans le monde, ce marché est également caractérisé par une augmentation de la concurrence et une pression sur les prix.
Comment suivre la valeur
- La gestion de l'énergie est peu connue du grand public. Les métiers de Schneider peuvent donc être difficiles à appréhender pour les investisseurs ;
- Les équipementiers électriques sont sensibles à l'évolution du marché immobilier. De plus, par sa présence en Europe et en Amérique du Nord (environ 65% du CA), le groupe est très sensible à l'évolution de la conjoncture sur ces deux continents ;
- La nouvelle donne énergétique avec la catastrophe nucléaire au Japon pourrait encore renforcer les perspectives du secteur de l'efficacité énergétique ;
- Schneider Electric est dépendant des variations de change : le groupe réalise environ 40% de ses recettes en dollar et dans des devises liées (yuan, etc.). La variation des prix des matières premières influe également sur la rentabilité du groupe ;
- Plusieurs rumeurs d'acquisition ont circulé sur le marché au printemps, notamment celle d'un intérêt pour Tyco, le leader mondial des produits et services de sécurité électronique pour le marché de la construction. Mais le groupe a démenti vouloir réaliser une « grosse » acquisition. Il reste concentré sur des acquisitions ciblées afin de consolider un marché fragmenté ;
- Le groupe doit présenter début 2012 son nouveau plan stratégique.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Biens d'équipement
L'intérêt marqué par les intervenants pour la société italienne Ansaldo STS, la division système ferroviaire du groupe Finmeccanica, souligne qu'une consolidation de la filière ferroviaire en Europe est envisageable. Elle permettrait aux acteurs de contrer la montée en puissance de la Chine. L'industrie européenne comprend plusieurs opérateurs importants comme Alstom, Siemens, Ansaldo et Talgo. L'acquisition d'Ansaldo STS permettrait à Alstom de créer un géant mondial de la signalisation ferroviaire. Mais le groupe français n'est pas seul sur les rangs. Le Canadien Bombardier serait également intéressé et l'Américain General Electric pourrait aussi être un repreneur potentiel. En attendant, pour gagner des marchés, les initiatives sont de mise. Pour remporter le marché de la très grande vitesse entre Moscou et Saint-Pétersbourg, qui représente plus de 20 MdEUR, Alstom est prêt à faire de grandes concessions. Il accepte de transférer toutes ses dernières technologies et de localiser au maximum sa production en Russie.