Michelin a tenu une journée investisseurs et analystes à Cuneo. Dans le cadre de sa nouvelle étape de croissance, il a présenté sa stratégie d'investissement et de productivité industrielle, notamment illustrée par ses projets en Chine. Jean-Paul Caylar, directeur Italie, a mis en avant la présence historique de Michelin ainsi que sa position de leader en Italie. Simone Miatton, directeur Usine de Cuneo, a présenté les investissements et les moyens qui permettront des gains de productivité de l'ordre de 35% d'ici 2015 à Cuneo.
L'amélioration de la performance des usines depuis cinq ans, décrite par Dominique Foucard, directeur de la Performance industrielle, a permis à Michelin de retrouver une productivité industrielle compétitive. D'ici cinq ans, la nouvelle ambition du groupe est de faire de la productivité et de la flexibilité des avantages stratégiques. Elle permettra la réduction du besoin en fonds de roulement et du coût unitaire des investissements ainsi qu'une meilleure réponse à la demande du marché.
L'exemple de la Chine a été développé par Yves Chapot, directeur Chine. Après avoir présenté les solides perspectives de croissance du marché chinois à moyen et long terme, il a décrit les atouts du Groupe (marque, réseaux de distribution et produits) et sa stratégie pour y accélérer son développement.
Laurent Noual, directeur Corporate Development, a confirmé les ambitions de croissance et de création de valeur de Michelin, dans un marché du pneu dont la croissance devrait être d'environ 50% d'ici 2020. Il a plus particulièrement abordé la stratégie d'investissement dans les nouveaux marchés et l'intérêt pour Michelin d'élargir sa présence sur les différents segments de marchés.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Michelin est le leader mondial des pneumatiques ;
- Michelin est une entreprise bien gérée, capable de défendre ses marges grâce à une politique de prix très réactive avec notamment la répercussion de la hausse du prix des matières premières sur ses prix de vente ;
- A cela s'ajoute un important travail pour réduire les coûts et accroître les gains de productivité ;
- La marge opérationnelle ressort à 9%, un excellent niveau dans le secteur ;
- Le pneumaticien dispose d'une bonne capacité de recherche et d'innovation, qui lui confère un avantage stratégique indéniable dans un contexte extrêmement concurrentiel ;
- La grande partie de son activité est réalisée sur le marché des pneus de remplacement, qui est moins cyclique que celui de la première monte ;
- Le groupe fait des pays émergents une priorité. Il cherche à accroître son activité dans ces zones (déjà 33% du CA) et surtout à y redéployer sa base de production industrielle (32% aujourd'hui) ;
- La situation financière du groupe est jugée plus solide que celle de ses concurrents.
Les points faibles de la valeur
- La visibilité reste faible dans l'activité poids lourds, contrairement au marché du véhicule de tourisme, qui bénéficie d'un rebond des remplacements de pneus ;
- L'envolée des matières premières pèse toujours sur le titre même si le groupe a la capacité de faire passer une grande partie de cette hausse en augmentation de prix à ses clients. Par ailleurs, des hausses violentes des prix des matières premières créent un décalage défavorable entre hausse des cours et hausse des prix ;
- L'exercice 2011 sera un exercice de transition avec une hausse des coûts et des dépenses d'investissement liées à la construction de 4 nouvelles usines sur les marchés émergents sans que cela se traduise en termes de revenu (démarrage des usines à partir de mi-2012) ;
- Michelin ne bénéficie pas de prime au leader dans son secteur en Bourse. Une partie de sa faible valorisation chronique est liée au caractère non opéable de la société du fait de son statut juridique de commandite, qui plus est peu apprécié par de nombreux investisseurs ;
- L'augmentation de capital réalisée en octobre 2010 pour financer la stratégie de croissance du groupe dans les pays émergents n'a pas été comprise par les investisseurs et a lourdement pesé sur le titre. Elle a ravivé les craintes sur la capacité de Michelin à générer de la trésorerie.
Comment suivre la valeur
- En tant qu'équipementier automobile, les performances du groupe sont étroitement liées à celles du marché automobile mondial (du fait de sa diversification géographique), qui impacte son activité de première monte ;
- L'activité de remplacement est sensible aux évolutions de l'économie, en particulier au taux de chômage et à l'évolution du PIB ;
- L'évolution du cours des matières premières est également à surveiller de près : le caoutchouc naturel représente près du tiers de ses achats de matières premières en valeur et les noirs de carbone et les matières premières entrant dans la fabrication du caoutchouc synthétique (dérivées du pétrole) en représentent 40% ;
- L'impact des investissements prévus dans les pays émergents sur les marges du groupe sont à suivre ;
- Le plan « Horizon 2010 » est désormais révolu. Un nouveau plan à 5 ans est probablement en préparation, mais rien n'a encore été annoncé ;
- Sous la pression des investisseurs anglo-saxons qui comprennent mal le statut de commandite, le groupe est en train de faire évoluer sa gouvernance.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Automobile - Equipementiers
Les fabricants de pneus sont confiants pour la seconde partie de l'année, en dépit de l'envolée du prix des matières premières. Chez Michelin, le caoutchouc naturel représente 42% du coût total des matières premières, devant le caoutchouc synthétique (23%). Durant le premier semestre 2011, les matières premières ont coûté 3,24 MdEUR à l'entreprise. La progression des prix de vente a toutefois permis au groupe de revoir à la hausse ses objectifs pour 2011. Il anticipe désormais une progression annuelle de ses volumes de 8%, contre au moins 6,5% auparavant. Quant à l'Italien Pirelli, après avoir affiché un bond de ses résultats au premier semestre, il prévoit désormais une marge opérationnelle comprise entre 9,5 et 10%, au lieu des 8,5 à 9,5% prévus. Il explique cette hausse par sa focalisation sur les produits haut de gamme et un renchérissement du prix des matières premières moins important. Le moins optimiste est l'Américain Goodyear. Il prévoit néanmoins toujours une croissance de ses volumes, cette fois dans le bas de la fourchette, de 3 à 5%.