Safran perd 14,01% à 22,16 euros pour son première semaine au sein du CAC 40, où il a remplacé Natixis. La banque a fait les frais de la crise de la dette souveraine en Europe. Considérée comme l'une des valeurs les plus défensives de son secteur, elle a néanmoins vu sa capitalisation fondre d'un tiers depuis le début de l'année. L'arrivée de Safran a couronné la bonne santé du secteur aéronautique.
Son client EADS affiche ainsi la plus forte hausse du plus prestigieux indice parisien depuis le 1er janvier : 18,6.
Interrogé dans « Les Echos », le P-DG de Safran, Jean-Paul Herteman, a indiqué que jusqu'à présent, il n'avait pas ressenti les effets de la crise financière. « Nous sommes moins dépendants des économies européennes et américaines que d'autres secteurs » a-t-il expliqué, rappelant que les deux tiers de son carnet de commandes proviennent des marchés émergents. Jean-Paul Herteman a également rappelé que les compagnies aériennes américaines, qui possèdent la plus importante flotte d'avions du monde, possèdent beaucoup d'appareils anciens qu'elles vont devoir remplacer.
Les analystes sont majoritairement positifs sur Safran. Dans une note publiée la semaine précédente, JPMorgan, qui est à Surpondérer sur la valeur, estimait justifiée sa surperformance par rapport au marché. Selon le bureau d'études, le marché n'apprécie pas à sa juste valeur l'importance pour les perspectives à moyen terme de Safran du premier passage en atelier de maintenance d'un nombre croissant de moteurs CFM56, dont 22 000 sont en service. L'analyste considère également que la valorisation est bon marché.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Safran est le troisième acteur de l'industrie européenne de l'aéronautique/défense (derrière EADS et BAE) ;
- Le désengagement de l'activité de communication a permis à Safran de poursuivre son recentrage sur son coeur de métier : la propulsion, l'aéronautique, la défense et la sécurité ;
- Le groupe vise à devenir un leader mondial dans les solutions d'identification basées sur la biométrie et dans la détection. Le marché de la sécurité est peu cyclique et dégage une croissance à deux chiffres. L'acquisition de l'américain L-1 Identity va renforcer ses positions ;
- Le groupe continue de bénéficier d'un effet mix entre les moteurs de première et seconde générations (soit environ 52% de la base installée) puisque 70% de ces moteurs ne sont pas encore passés en atelier de maintenance ;
- Le groupe génère des cash flows récurrents élevés et bénéficie d'une situation financière saine. Safran a donc les moyens de réaliser des acquisitions.
Les points faibles de la valeur
- La reprise des secteurs des hélicoptères et de l'aviation d'affaires reste fragile. Une hausse durable (plus de 6 mois, selon les analystes) du prix du pétrole pourrait venir peser sur le secteur ;
- Les plans de rigueur dans de nombreux pays européens visent notamment les dépenses militaires avec une baisse des crédits recherche ou encore une réduction de certains programmes transnationaux ;
- Le retard accumulé par le programme A400M est un handicap. Safran fait partie, via Snecma, du consortium européen chargé du développement du moteur de l'avion de transport militaire d'Airbus ;
- Safran est également dépendant du programme B787 de Boeing, sur lequel la visibilité reste faible ;
- L'étroitesse du flottant (39%) rend la valeur volatile.
Comment suivre la valeur
- Safran est sensible à l'évolution du secteur aéronautique civil et militaire ;
- Les négociations tarifaires avec les constructeurs, notamment Airbus et Boeing, sont à suivre ;
- Safran est une valeur très sensible au dollar puisqu'une variation de 10% de la parité aurait, toutes choses étant égales par ailleurs et hors couvertures, un impact de l'ordre de 315 millions d'euros au niveau de l'EBIT ;
- Les matières premières représentent environ 10% du prix de revient des produits de Safran ;
- Le salon du Bourget qui se tient chaque année en juin est souvent l'occasion d'annonces de commandes ;
- L'un des principaux actionnaires de Safran est l'Etat avec 30,2% du capital, ce qui rend le dossier « politique » ;
- Le secteur aéronautique pourrait rapidement faire l'objet de grandes manoeuvres. De nombreux scenarii sont avancés (reprise de SNPE Matériaux Energétiques par Safran, échange d'actifs avec Thalès...) ;
- Safran a toutefois tourné la page sur le dossier Zodiac. Cela devrait permettre aux investisseurs de se concentrer à nouveau sur les fondamentaux de Safran.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Aéronautique - Défense
Les analystes s'attendent à un rebond des fusions acquisitions dans le secteur, qui était jusqu'ici resté en marge du mouvement. La dernière opération a été réalisée fin octobre 2008, lorsque Finmeccanica a acquis DRS Technologies pour 5,2 milliards de dollars. Safran vient de boucler le rachat de l'américain L1 pour 1 milliard de dollars. Il aimerait également racheter Zodiac, alors que celui-ci tient à son indépendance. Plusieurs indicateurs soulignent la consolidation potentielle du secteur. Pendant la crise, les différents intervenants ont généralement géré leur trésorerie de façon prudente, ce qui leur permet aujourd'hui de bénéficier de liquidités abondantes. En outre, restructurés, ils bénéficient de finances assainies.