2011 n'est pas 2009, c'est en substance le message adressé par ArcelorMittal au marché à l'occasion d'une journée investisseurs à Londres. Le numéro un mondial de l'acier, qui avait été frappé de plein fouet par la crise économique consécutive à celle des subprimes, a en effet réaffirmé ses prévisions de résultats pour le trimestre en cours malgré les incertitudes de la conjoncture économique.
Le groupe continue donc d'anticiper au troisième trimestre un Ebitda compris entre 2,4 milliards et 2,8 milliards de dollars. Pour le second semestre, l'Ebitda devrait dépasser le niveau de la période correspondante de 2010 qui était de 4 milliards de dollars.
Concernant la dette massive du groupe (25 milliards de dollars à fin jun), le directeur financier Aditya Mittal pense atteindre l'objectif de dette nette annoncé de 22,5 milliards de dollars, ou même rester en deçà de ces prévisions, vers le milieu de 2012. Par ailleurs, ArcelorMittal assure avoir reçu des accords écrits de ses banques pour reporter la maturité de 4 milliards de dollars de facilités de crédit de 2013 à 2015.
"Nous maintenons NOS objectifs de croissance, car nos principaux projets ne sont pas tributaires de la stabilité de la conjoncture économique pour créer de la valeur pour nos actionnaires", a déclaré le PDG Lakshmi Mittal, cité dans un communiqué. "Notre stratégie transcende les incertitudes qui pèsent à court terme sur le marché", a-t-il ajouté.
En Bourse, le titre a gagné 2,18% à 11,465 euros, vendredi.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- ArcelorMittal est le numéro un mondial de la sidérurgie. C'est un acteur global présent à la fois dans l'extraction minière et dans la distribution des produits sidérurgiques, ce qui lui confère un avantage concurrentiel conséquent ;
- La forte intégration verticale du groupe est considérée comme un atout ;
- Le groupe opère un recentrage stratégique sur les pays émergents, Brésil et Inde en tête, ainsi que sur les activités minières (activités en amont) ;
- Le scission de son activité Acier Inoxydable (cotée en Bourse depuis début 2011 sous le nom d'Aperam) améliore le statut boursier du groupe ;
- ArcelorMittal a rassuré la communauté financière sur son endettement et sa réactivité pour adapter son outil de production ;
- Compte tenu des efforts effectués sur les coûts, l'effet de levier sur les résultats sera très important en phase de reprise de l'activité. Le titre est un bon sous-jacent pour jouer la reprise de l'économie mondiale, en particulier celle des pays émergents.
Les points faibles de la valeur
- Les résultats du groupe sont très volatils ;
- La faiblesse de la reprise en Europe pèse sur le cours d'ArcelorMittal ;
- Les surcapacités industrielles en Europe et aux Etats-Unis pèsent sur les prix de l'acier ;
- Le retour aux niveaux d'activité atteints avant la crise est prévu au plus tôt en 2012 ou 2013. La prudence reste donc de mise, d'autant que la croissance chinoise décélère. Or, la Chine représente 40% de la consommation mondiale d'acier ;
- L'un des défis est de répercuter la totalité des hausses de coûts sur les clients ;
- La mise en place d'un nouveau mécanisme de fixation des prix, trimestriel et non plus annuel, menace les marges, selon les analystes.
Comment suivre la valeur
- ArcelorMittal est une valeur cyclique, dont le cours amplifie les évolutions du marché (à la hausse comme à la baisse). Sa volatilité peut être élevée ;
- L'évolution du prix des matières premières composant l'acier est à surveiller de près. En particulier celui du minerai fer, qui représente environ 30% des coûts d'achats des producteurs d'acier ;
- Le groupe met en avant son activité minière et espère ainsi redynamiser son cours de bourse.
- La politique d'acquisition du groupe, notamment dans le minerai de fer, est à suivre.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
Selon des données de Bloomberg, depuis début 2010, 290 transactions ont eu lieu dans le secteur aurifère, pour un total de 38,4 milliards de dollars. Goldcorp veut fusionner avec le groupe de mines d'or Andean pour 3,6 milliards de dollars canadiens. Cette opération intervient dans un contexte où le cours de l'or a dépassé les plus hauts atteints en juin dernier, au-dessus de 1.300 dollars l'once. Cet été, le canadien Kinross Gold s'est rapproché de Red Back Mining, à travers une opération de plus de 7 milliards de dollars. Auparavant, le rapprochement entre Newcrest Mining et Lihir Gold a donné naissance au cinquième producteur mondial de ce métal précieux. Le secteur minier dans son ensemble est soumis à une vague de fusions-acquistions. Dernier en date, BHP-Billiton cherche à acquérir le producteur canadien d'engrais Potash pour 43 milliards de dollars. Toutefois, les analystes estiment que le temps des OPA géantes est fini car les grandes sociétés minières vont poursuivre leur assainissement financier. Elles pourront ainsi mener des acquisitions de sociétés spécialisées dans un seul minerai et qui n'ont pas les capacités d'en assumer des investissements.