Société Générale plonge de 10,29% à 15,65 euros aujourd'hui. Le titre est pénalisé comme les autres valeurs bancaires par la possibilité d'un défaut de la Grèce et la perspective d'une dégradation de leur note de crédit par l'agence Moody's. Société Générale n'échappe pas à cette baisse sectorielle malgré l'annonce de mesures visant à réduire ses coûts. Société Générale a en effet annoncé ce matin la mise en place d'un nouveau plan d'économies visant à assainir son bilan et à atteindre les exigences réglementaires de Bâle III en termes de solvabilité.
La banque, qui cherche ainsi à rassurer le marché, rappelle le contexte actuel « d'incertitudes » et de « fortes tensions sur les marchés financiers », évoquant des « rumeurs infondées affectant les banques, en particulier Société Générale ».
Dans le détail, le groupe bancaire prévoit une réduction des activités de banque de financement et d'investissement affectées par les nouvelles réglementations ou faiblement génératrices de synergies.
L'établissement annonce en outre qu'une réduction « significative » d'effectifs est en cours dans certains pays, et prévoit une réduction de 5% de la base de coûts en banque de financement et d'investissement.
Société Générale fait aussi état d'un programme de cessions d'actifs visant à libérer 4 milliards d'euros de capital, soit 100 points de base de ratio Core Tier 1 selon les normes Bâle 3 à HORIZON 2013. Au total, le groupe anticipe un ratio core tier 1 Bâle 3 « bien supérieur » à 9% en 2013, sans augmentation de capital.
La direction en profite pour souligner la solidité du bilan : l'exposition du groupe en banking book aux dettes souveraines des pays GIIPE (Grèce, Italie, Irlande, Portugal, Espagne) est faible et limitée à 4,3 milliards d'euros au 9 septembre 2011, écrit la banque. « Elle s'établit à un niveau nettement inférieur à ses pairs, comme cela avait été confirmé par la publication des stress tests de l'ABE (Autorité Bancaire Européenne) en juillet 2011 », ajoute-t-elle. Elle représente moins de 1% de la taille du bilan consolidé du groupe.
« L'exposition aux dettes souveraines GIIPE n'est donc clairement pas un sujet pour Société Générale », conclut le groupe.
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- Société Générale se recentre sur la banque de détail et sur la banque de financement et d'investissement, activités qui ont soutenu sa croissance avant la crise ;
- La banque dispose de positions de leader sur des segments en croissance comme les dérivés actions, les produits structurés et la gestion passive ;
- Alors que le secteur se prépare au changement du cadre réglementaire, la banque s'est risquée à avancer des objectifs chiffrés à moyen terme. Une exception dans le secteur. Elle a également précisé ne pas avoir besoin d'une augmentation de capital pour respecter les nouvelles normes prudentielles « Bâle III » ;
- Tout comme les caisses régionales du Crédit Agricole, les réseaux de la Société Générale devraient adopter, en 2013, une plateforme informatique unique ;
- La Société Générale s'efforce depuis le début de l'année de convaincre le marché de sa capacité à tourner la page de la crise financière et celle de l'affaire Kerviel ;
- La banque est faiblement exposée à la dette souveraine des pays européens en difficulté.
=/Les points faibles de la valeur/=
- Regagner la confiance des investisseurs après deux avertissements sur résultats en 2009 prend du temps. La banque doit aussi réussir à convaincre du réalisme du plan stratégique « Ambition SG 2015 » dans un contexte économique toujours difficile ;
- La banque pâtit également d'une image ternie par l'affaire Kerviel, les stock-options qui devaient être initialement attribuées à ses dirigeants en pleine crise et les pertes divulguées en gestion d'actifs ;
- L'ENVIRONNEMENT de taux bas pèse sur les activités de banque de détail, plus précisément sur les marges sur dépôts ;
- Le rythme de baisse du coût du risque est nettement plus lent que celui de certaines autres banques, notamment BNP Paribas ou HSBC ;
- La banque pâtit de sa présence en Europe Centrale et Orientale ainsi qu'en Russie, où elle affiche un recul d'activité significatif. Cette zone connaît une dégradation du risque ;
- D'une manière générale, la valeur est toujours très volatile, comme l'ensemble du secteur alors que les inquiétudes sur le secteur sont persistantes ;
- Même si les règles annoncées par le Comité « Bâle III » mi-septembre 2010 ont soulagé avec des ratios prudentiels dans le bas de la fourchette des attentes, les marchés s'interrogent sur la validité des « stress tests » (tests de résistance) menés en Europe. Certains estiment qu'ils minimisent le risque pris par certaines institutions.
Comment suivre la valeur/=
- En tant que valeur financière le titre est influencé par une série d'éléments: (i) les taux d'intérêt dont l'évolution dépend des politiques monétaires (notamment des banques centrales européenne et américaine), (ii) l'état des bourses mondiales qui influencera ses activités de banque de financement et d'investissement et de gestion d'actifs, (iii) les niveaux de consommation et d'épargne des ménages qui influeront sur les performances de la banque de détail ;
- Le coût du risque reste à surveiller ;
- Le retour sur fonds propres (ROE), qui mesure la rentabilité des banques, est l'un des ratios clé du secteur. Les nouvelles normes conduiront structurellement à une baisse de la rentabilité du secteur. Les investisseurs vont toutefois devoir s'habituer à des ROE plus proches de 10% que des 20% connus avant la crise. La SG vise un ROE de 14% / 15% en 2012, contre 10% actuellement ;
- Surveiller également la mise en place du dispositif «de Bâle III» qui oblige les banques à augmenter leurs fonds propres pour résister aux crises. Le Comité exige que les établissements financiers affichent d'ici au 1er janvier 2019 un ratio de solvabilité Tier 1 (le noyau dur des capitaux propres des institutions financières) d'au moins 4,5%, contre 2% jusque-là. Un matelas supplémentaire de 2,5% est également exigé. Ce qui porte le pourcentage total à 7% ;
- Toutefois, en fixant un ratio de core Tier 1 moins élevé qu'attendu et une période d'application très étendue, le comité de Bâle a réduit le montant de capital que les banques vont devoir lever pour renforcer leur solvabilité, et a ainsi soulagé les marchés ;
- Le secteur va devoir réinventer le modèle de la banque de détail pour pallier à la baisse des marges.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Deux changements importants vont avoir un impact sur l'avenir des banques françaises. Premièrement, elles vont être soumises à une nouvelle taxe dès l'année prochaine. La taxe bancaire, qui s'appliquera à une vingtaine de banques, établissements de crédit et entreprises d'investissement, abondera le budget de l'Etat à hauteur de 504 millions d'euros l'an prochain. A cela s'ajoutera une augmentation de la participation des établissements financiers au fonds de garantie des dépôts, à hauteur de 90 millions d'euros supplémentaires en 2011, 2012, puis 2013, soit 270 millions en tout. En 2013, les autorités estiment que plus de 1 milliard d'euros de recettes supplémentaires sera prélevé auprès des banques. De plus, de nouvelles normes prudentielles vont voir le jour avec la finalisation de l'accord Bâle III, applicable à l'horizon 2019. L'objectif est de relever de 2% à 7%, d'ici 2019, le ratio de solvabilité bancaire. Ce ratio rapporte les fonds propres d'un établissement à ses engagements dans l'économie. Plus il est élevé plus les prises de risques sont limitées.