Le groupe de chimie belge a annoncé le succès total de son OPA amicale sur Rhodia au prix de 31,60 euros par action. Au 24 août, Solvay détenait 94,25 % du capital et des droits de vote de Rhodia. Etant donné que 0,85% de son capital était autodétenu par Rhodia, c'est au final des actions représentant 4,89% du capital qui n'ont pas été apportées à l'offre par des actionnaires minoritaires. En conséquence de quoi, Solvay va demander la mise en oeuvre d'une procédure de retrait obligatoire visant les actions de Rhodia non apportées à l'offre.
Commentant ces résultats, Christian Jourquin, Chief Executive Officer de Solvay, et Jean-Pierre Clamadieu, Président-Directeur Général de Rhodia, ont déclaré ensemble : « Nous tenons à remercier les actionnaires de Rhodia qui nous ont témoigné leur confiance en apportant leurs titres. L'intégration des deux groupes va maintenant démarrer et nous nous réjouissons de pouvoir donner naissance à un nouvel acteur majeur de la chimie, résolument engagé dans le développement durable, l'innovation et la recherche de l'excellence opérationnelle ».
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Rhodia était déjà l'un des trois premiers acteurs mondiaux de la chimie de spécialités, plus rentable que la chimie de base. L'OPA amicale du belge Solvay va permettre de constituer un leader mondial ; le Top Management de Rhodia sera placé à la tête du nouvel ensemble ;
- Le groupe a opéré un repositionnement en profondeur avec la cession des branches les moins rentables et la réorganisation de ses activités ;
- Le groupe a la capacité de répercuter la hausse des matières premières et du dollar sur ses prix, préservant ainsi ses niveaux de rentabilité ;
- Rhodia réalise 50% de ses ventes dans les pays émergents (notamment en Chine et au Brésil) et poursuit son développement dans ces zones au travers d'acquisitions ciblées comme au début de l'été 2010 avec le chinois Feixiang Chemicals. C'est un avantage comparatif face à ses concurrents ;
- Rhodia a développé une activité de revente de crédit carbone (CER) ;
- 30% du chiffre d'affaires du groupe s'inscrit dans une démarche de développement durable.
Les points faibles de la valeur
- La valeur a déjà progressé de 100% sur un an à fin juin 2011 ;
- Rhodia est fortement dépendant du prix des matières premières, et plus particulièrement de celui des dérivés du pétrole (benzène...). Il est également pénalisé en cas de repli du dollar ;
- La visibilité sur l'activité de vente de crédits carbone est faible en raison des incertitudes sur l'allocation des quotas après la fin du protocole de Kyoto, en 2012.
Comment suivre la valeur
- Les analystes conseillent d'apporter à l'offre amicale de Solvay qui offre une prime de 50% sur le dernier cours de bourse ;
- Cette opération relance la spéculation sur l'ensemble du secteur ;
- Le secteur de la chimie est particulièrement sensible à la conjoncture économique. Rhodia est une valeur cyclique et extrêmement volatile ;
- Le groupe résiste mieux que ses concurrents à la crise. Son statut d'acteur incontournable du secteur pourrait être renforcé en sortie de crise.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Chimie
Des tensions existent entre les chimistes et les plasturgistes français. Ces derniers ont lancé un cri d'alarme en dénonçant des hausses excessives du coût de leurs matières premières et des ruptures régulières d'approvisionnement. Selon le président de la Fédération de la plasturgie, les prix de leurs matières premières ont progressé de 100% en deux ans, ce qui est bien supérieur à la hausse du prix du pétrole. Or, le coût des matières premières représente entre 50% et 60% de leur chiffre d'affaires. Ce secteur qui est très atomisé (80% des entreprises du secteur comptent moins de 50 salariés) dispose d'un faible pouvoir de négociation face à un secteur de la chimie qui s'est concentré. Le directeur général de l'Union des industries chimiques (UIC) évoque plutôt une augmentation du coût des matières premières aux environs de 25%. Des tensions entre ces deux types d'acteurs étaient déjà apparues en 2010, donnant naissance à une «cellule d'anticipation des crises d'approvisionnement».