Choc après l'annonce du projet du P-DG de Hewlett-Packard, Léo Apotheker, de scinder l'activité de fabrication de PC, dont il est le numéro un mondial. Effroi des investisseurs qui font plonger l'action de 20,84% à 23,36 dollars, soit de très loin la plus forte baisse du Dow Jones. HP a également annoncé une offre de rachat de 7,09 milliards de livres sur l'éditeur britannique de logiciels, Autonomy, et révisé en baisse ses prévisions annuelles pour la troisième fois depuis le début de l'année. Les investisseurs semblent avoir des difficultés à absorber toutes ces annonces d'importance.
Hewlett-Packard suit l'exemple d'IBM avec six de retard. « Big Blue » avait à l'époque cédé son activité de PC à Lenovo pour se recentrer sur les services informatiques, l'édition de logiciels et les matériels destinés aux entreprises et administrations. Les deux premières activités ont comme d'atout d'afficher une croissance plus forte et une rentabilité plus élevée.
Comme motif à la cession de son activité PC, les analystes mettent aussi en avant le succès de l'iPad d'Apple qui a mis encore plus sous pression le marché des ordinateurs grand public.
L'acquisition d'Autonomy permet à HP d'étoffer une activité d'édition de logiciels peu développée. Le choix de la cible s'explique par l'enjeu stratégique du stockage et l'exploitation des données informatiques des entreprises. Il y a un an, HP avait ainsi payé le prix fort pour s'emparer de 3PAR, groupe spécialisé dans les produits de stockage informatique adaptés au cloud computing, au détriment de Dell.
La quantité de données informatiques des entreprises double tous les 18 mois et parmi ces données, un type enregistre une croissance encore plus importante, les informations non structurées (email, audio ou vidéo...). Autonomy fournit justement des solutions permettant d'organiser et d'exploiter d'importantes masses de données électroniques, y compris celles qui ne sont pas structurées.
HP propose 25,50 livres sterling en numéraire par action, soit une prime de 79% par rapport au cours de clôture d'hier. Les conseils d'administration des deux groupes ont recommandé l'offre, dont la finalisation est attendue avant la fin de l'année. Hewlett-Packard s'attend à ce que cette offre soit relutive au niveau du bénéfice par action, hors éléments exceptionnels, la première année complète après la finalisation de la transaction.
Il s'agit de la plus importante acquisition de la société depuis le rachat pour 13,9 milliards de dollars du groupe de services informatiques, Electronic Data Systems (EDS).
HP a également annoncé qu'il arrêterait de fabriquer des tablettes multimédias et des smartphones à partir d'octobre. C'est un aveu d'échec en ce qui concerne l'acquisition de Palm en 2010 pour 1,2 milliard de dollars. Cette opération avait principalement pour but de mettre la main sur webOS, le système d'exploitation pour smartphones de Palm.
Credit Suisse estime qu'il s'agit de la bonne stratégie, mais juge coûteuse l'acquisition d'Autonomy. Il fait remarquer que HP paie 10 milliards de dollars une société qui représentera 1% de ses ventes et 5% de son résultat opérationnel. Il souligne également que cette transformation intervient au moment où les perspectives du groupe se détériorent rapidement, posant de nouveau risque à ses prévisions. L'analyste a déjà abaissé ses prévisions de bénéfice par action de 2% pour cet exercice et de 11% pour le suivant. En conséquence, son objectif de cours est passé de 42 dollars à 33 dollars.
Hier soir, HP a également réduit ses prévisions annuelles. Il vise désormais un bénéfice par action, hors éléments exceptionnels, compris entre 4,82 et 4,86 dollars, contre au moins 5 dollars auparavant.
Depuis l'annonce de la nomination de Léo Apotheker à la tête du groupe, l'action HP a fondu de près de 45%, à comparer avec une hausse de 2% pour le Dow Jones.
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Informatique - SSII
Les professionnels estiment que 2010 devrait être une année de transition car les carnets de commandes des sociétés françaises sont à nouveau remplis et que les clients dégèlent progressivement les prises de décision. Ils prévoient donc que le marché des logiciels et services devrait croître de 2,2% en France comme au niveau mondial, après un recul d'un peu plus de 3% en 2009. La reprise sera moins vigoureuse en Allemagne où elle n'atteindra que 1,6% et au Royaume-Uni où elle s'établira à 1,4%. La relance de l'emploi du secteur en France, qui a été entamée à la fin du second trimestre, devrait donc se poursuivre.
Constructeurs informatiques
Gartner estime que la croissance des ventes mondiales de PC devrait s'établir à seulement 10,5% en 2011, au lieu des 15,9% précédemment estimés. L'institut explique cette révision par un ralentissement des ventes en Chine et par la concurrence des tablettes tactiles. Pour l'année prochaine, les livraisons mondiales de PC devraient atteindre 440,6 millions d'unités, soit une progression de 13,6% par rapport à 2011. Des prévisions, ici encore, révisées à la baisse, les précédentes tablant sur 14,8%. Gartner s'attend à ce que les consommateurs soient de plus en plus séduits par les solutions alternatives aux PC mobiles, telles que les tablettes tactiles. Cette tendance devrait considérablement peser sur les ventes de PC mobiles, en particulier sur les marchés matures, alors que ces PC ont représenté le moteur de la croissance du marché mondial au cours des cinq dernières années. Gartner estime que la croissance moyenne des PC mobiles devrait être inférieure à 10% par an sur les marchés matures à compter de 2011 et jusqu'en 2015.