En repli de 1,09% à 38,03 euros, Alstom signe la plus forte baisse du CAC 40, pénalisé par un chiffre d'affaires et des commandes inférieurs aux attentes au premier trimestre 2011/2012. Entre le 1er avril et le 30 juin 2011, le groupe français a enregistré des commandes de 5 milliards d'euros, en hausse de 44 % (+ 34 % hors Grid, la division rachetée l'an dernier à Areva) contre un consensus de 5,36 milliards. Le carnet de commandes s'élève à 47 milliards d'euros au 30 juin 2011 ; il représente 28 mois de chiffre d'affaires.
Le chiffre d'affaires, à 4,5 milliards d'euros, est en baisse de 12 % (-23 % hors Grid). Les analystes visaient 5,215 milliards. Le spécialiste des infrastructures d'énergie et de transport est pénalisé par le faible niveau de commandes enregistrées pendant la crise.
Le faible niveau de ventes du premier semestre 2011-2012 va affecter la performance opérationnelle et le cash flow libre de cette période, a prévenu Alstom. Pour autant, le groupe confirme une nouvelle fois son objectif annuel de marge opérationnelle de 7 à 8%.
Evoquant des chiffres décevants, CA Cheuvreux a confirmé son opinion Sous-performance sur le titre avec un objectif de cours de 39 euros.
A contrario, Oddo a maintenu sa recommandation d'Achat et son objectif de cours de 55 euros. Le broker fonde son opinion sur l'anticipation d'une poursuite de la reprise des commandes, tirées principalement par les émergents en 2011. Cependant, l'analyste estime que le titre va rester volatile, impacté par les annonces de commandes à venir.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- La qualité du portefeuille de clients d'Alstom est excellente : les entreprises publiques et les opérateurs privés de grande taille représentent 80% des clients de la branche Power et 90% de celle du secteur Transport. Ces proportions limitent la sensibilité d'Alstom à des difficultés de paiement et de financement des projets ;
- Sur le long terme, le groupe évolue dans un secteur en croissance, dopé par les besoins en infrastructures des pays émergents et de modernisation dans les pays occidentaux. Bien que certaines dépenses aient été reportées à court terme, les besoins d'infrastructures restent importants dans le monde ;
- Le projet de joint venture avec le chinois Shanghai Electric Boilers dans les chaudières va ouvrir à Alstom le marché chinois, dont la demande en centrales au charbon sera de loin la plus élevée dans les prochaines années ;
- En reprenant une partie des activités d'Areva T&D, Alstom se diversifie dans la transmission d'électricité (très haute et haute tension), complète ses deux autres activités (Power & Transport) et peut rivaliser avec Siemens et ABB ;
- Pour accompagner sa stratégie de croissance organique à long terme, le groupe va maintenir un niveau élevé d'investissements et de dépenses en recherche et développement ;
- La situation financière est très saine.
Les points faibles de la valeur
- Les effets des retournements économiques se manifestent avec du retard dans les comptes du groupe de transport et d'énergie ;
- Le débat sur la s-reté nucléaire après le drame japonais de mars 2011 pèse sur la valeur ; Alstom est en effet engagé dans la rénovation de parc nucléaire ;
- Plus généralement, le faible positionnement du groupe sur les énergies renouvelables est actuellement perçu comme un handicap ;
- Même si les appels d'offre sont actuellement nombreux, ils se concrétisent lentement, voire pas du tout. La visibilité à moyen terme en pâtit ;
-Alstom est encore très dépendant de la conjoncture européenne ;
- La concurrence chinoise s'intensifie dans les différents métiers d'Alstom, ce qui pèse sur les marges ;
- Les marchés publics des transports et des infrastructures énergétiques subissent la conséquence de la nécessité du désendettement dans les pays occidentaux, qui représentent près de 55% des commandes d'Alstom ;
- Le processus d'intégration d'une partie des activités d'Areva T&D va être long ;
- Même si les perspectives de long terme de la transmission restent favorables, en raison de l'accroissement de la demande d'énergie dans le monde, ce marché est également caractérisé par une augmentation de la concurrence et une pression sur les prix.
Comment suivre la valeur
- Le cours de l'action pâtit régulièrement du caractère cyclique de l'activité d'équipements destinés à la production d'électricité ;
- Le carnet de commandes et le rythme des entrées de commandes permettent de bien cerner les perspectives du groupe ;
- L'attention devra également se porter sur le processus d'intégration d'Areva T&D ;
- Le débat sur la s-reté nucléaire ainsi que les politiques en faveur des énergies renouvelables sont à suivre.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Biens d'équipement
Alors qu'initialement ils prévoyaient une deuxième mauvaise année en 2010, les professionnels de la mécanique et de la machine-outil en France prévoient désormais une légère amélioration. La Fédération des industries mécaniques (FIM) estime que le redressement de la production dans l'Hexagone devrait se situer entre 3% et 5% cette année par rapport à 2009. En début d'année, elle s'attendait plutôt à une baisse de 5% par rapport à une année 2009 durant laquelle la production avait déjà chuté de 15%. Les statistiques de l'Insee confirment qu'un point bas a été atteint car, au second trimestre, les investissements des entreprises ont contribué positivement au PIB pour la première fois depuis le premier trimestre 2008. D'après le ministère de l'Industrie, les industriels français anticipent une hausse de 5% de leurs investissements en 2010 après une chute de 21% en 2009. Dans le BTP, le Seimat, le syndicat qui représente les importateurs de machines, anticipe un redressement de 10% de l'activité cette année, même si les perspectives sont encore floues.