Petite épicerie et produits de première nécessité, point de retrait de colis, services médicaux ou encore comptoir de pressing et halte-garderie, la SNCF prépare une gare de demain qui se veut "au coeur" de la vie quotidienne de ses quelque 2 milliards de voyageurs annuels.
C'est dans une gare d'Amiens qui est dans la dernière phase d'un lifting à 18 millions d'euros qu'a été inauguré mercredi le premier multistore Kiosk en France.
Ce concept développé par les chemins de fer néerlandais NS traduit le souhait de la SNCF, propriétaire des gares françaises, plus de 3.000, d'en faire des "lieux de vie au coeur des villes".
"C'est le premier acte d'un partenariat engagé depuis un an", a déclaré Sophie Boissard, directrice générale de la branche Gares et connexions de l'entreprise publique française.
NS a équipé la quasi-totalité de ses gares, soit plus d'une centaine de magasins, de l'enseigne ORANGE et blanche Kiosk depuis sa création en 2006.
"Le système en libre-service permet de mieux disposer de son temps et les heures d'ouverture correspondent à la circulation des trains", a relevé Michiel Noy, directeur général de NS Poort, filiale en charge des gares de NS, soulignant l'animation en gare et une meilleure sécurité.
"Aujourd'hui, dans une gare, vous devez attendre, demander ce que vous voulez et on vous le donne", a relevé Barend Kuenen, directeur de Servex.
Produits alimentaires, cafés frais et viennoiseries chaudes, produits d'hygiène, cette boutique de 70 m2 "associe restauration sur place et petite épicerie" pour répondre aux "besoins immédiats" des voyageurs et des habitants du quartier de la gare.
Trois autres enseignes devraient ouvrir avant fin 2011 à Chartres, Thionville et Strasbourg. Le concept prévoit également la vente de presse.
La SNCF souhaite aller plus loin avec des "boutiques du quotidien", associant le concept de Kiosk, de supérette, de vente de journaux et de tabac.
Un appel d'offres a été lancé en décembre. Le résultat devrait être connu à la rentrée. Selon Mme Boissard, 53 opérateurs ont marqué leur intérêt, dont Casino, Monoprix, Carrefour, Marks&Spencer, Franprix, Relay.
La SNCF a identifié près d'une trentaine de gares pour accueillir ce type de boutique d'ici deux ans, avec un objectif de 80 sites à terme. A partir du second semestre 2012, des expérimentations seront menées à Epinay-Villetaneuse, Herblay, Charleville-Mézières, Saint-Quentin, Châtellerault, Dreux, Aix-ville et Annecy.
La gare de Dreux (Eure-et-Loir) va également expérimenter un autre axe de développement de la dernière née des cinq branches de la SNCF: une antenne de Pôle Emploi ouvrira en 2012, une dizaine devrait suivre d'ici 2014.
Il s'agit là de faire fructifier ses 2 millions de m2 de patrimoine immobilier, dont une grande partie reste inoccupée (anciens logements de fonction, hangars de marchandises).
D'autres projets sont sur les rails: ouverture de centres d'affaires, installation de haltes-garderies pour les navetteurs - une expérimentation est prévue dans une dizaine de gares d'Ile-de-France après un projet pilote à Roanne-, de cabinets médicaux comme à Héricy (Seine-et-Marne).
Une centaine de prestataires de santé (médecins, laboratoires d'analyses, radiologues, médecins) ont exprimé en 2010 leur intérêt pour une installation dans une gare.
Pour l'heure, les activités commerciales en gare (parking, commerces, restauration, panneaux publicitaires, etc.) rapportent 130 millions d'euros par an à la SNCF.