Début laborieux des actions Areva à la Bourse de Paris. Une heure après la cérémonie de la cloche, le titre recule de 3,31% à 29,25 euros dans un contexte défavorable pour l'industrie nucléaire. L'Allemagne a en effet décidé de fermer toutes ses centrales nucléaires d'ici 2022. Cette décision, prise à la suite de l'accident de Fukushima en mars, marque un revirement complet de la part d'Angela Merkel, qui avait annoncé à la fin de l'année dernière de prolonger la durée de vie des plus anciennes centrales.
La présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, relativise l'importance de cette décision. "C'est une décision totalement politique. Il n'y a pas eu de référendum, ni d'appel à ce que pensait l'opinion publique, même si les sondages montrent l'émotion des Allemands", a indiqué Anne Lauvergeon sur BFM Radio.
Par ailleurs, la patronne du groupe nucléaire public estime que les projets de réacteurs nucléaires en cours d'examen seront retardés de 6 à 9 mois environ en raison du passage en revue des données relatives à la s-reté des centrales.
Son groupe dévoilera prochainement ses nouvelles prévisions, a-t-elle également indiqué. En effet, Areva avait été contraint de renoncer à ses objectifs à long terme après l'accident au Japon.
La cotation en Bourse des actions Areva correspond à l'engagement de l'Etat vis-à-vis du fonds souverain du Koweit, la Kuwait Investment Authority (KIA), qui a pris 4,8% du capital fin 2010 pour 600 millions d'euros. Auparavant, Areva est coté sous forme de certificats d'investissement.
"La cotation sur NYSE Euronext des actions ordinaires Areva marque la dernière étape d'une série d'opérations qui ont permis d'aboutir à une structure capitalistique simplifiée", a souligné Anne Lauvergeon.
Cette cotation survient alors que le deuxième mandat d'Anne Lauvergeon à la tête d'Areva expire fin juin et que le président Nicolas Sarkozy doit décider prochainement de la reconduire ou de la remplacer.
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- Le groupe public (détenu à 97% par l'Etat) se répartit désormais entre les Mines d'uranium, l'Amont (enrichissement, fabrication du combustible), les Réacteurs et Services, l'Aval (traitement et recyclage des déchets nucléaires) et les Energies Renouvelables ;
- Ce nouveau mode d'organisation vise à tirer « le meilleur parti du modèle intégré » d'Areva, qui consiste à associer toutes les activités de la chaîne du nucléaire, des mines d'uranium au traitement des déchets, en passant par la construction des réacteurs ;
- Le plan stratégique lancé en 2005 a porté ses fruits : Areva a renforcé ses positions dans l'ensemble du cycle nucléaire.
=/Les points faibles de la valeur/=
- Le débat sur la s-reté nucléaire est relancé après le dramatique séisme au Japon et ses conséquences sur les centrales de l'archipel. La valeur en a lourdement pâti. Les perspectives de résultats 2011 pourraient s'en trouver affaiblies ;
- La participation dominante de l'Etat français dans le capital social d'Areva reste une source d'incertitudes considérables pour les investisseurs ;
- Il n'existe pas de comparable coté ce qui rend le dossier parfois peu visible pour les investisseurs ;
- L'activité d'Areva nécessite de très importants investissements, notamment en amont ;
- Areva affiche un cash-flow opérationnel négatif. La situation financière de l'industriel reste contrainte ;
- La construction de réacteurs n'est pas rentable. Cette activité était en perte opérationnelle, même avant les provisions du chantier finlandais. Le groupe propose des réacteurs de troisième génération appelés EPR, qui sont encore des prototypes ;
- Depuis le début du chantier de l'EPR, le groupe dirigé par Anne Lauvergeon a été contraint de passer des provisions supplémentaires (et conséquentes) à de nombreuses reprises. Les analystes en attendent de nouvelles d'ici à l'achèvement du chantier. La visibilité reste donc faible sur ce dossier.
=/Comment suivre la valeur/=
- Le débat sur la s-reté nucléaire est à suivre ; la dimension politique de la valeur s'en trouve encore renforcée ;
- Areva peut encore être considérée comme une valeur de restructuration ;
- Une première recapitalisation de 900 millions d'euros a enfin été bouclée en décembre 2010 avec une participation au deux tiers de KIA, le fonds souverain koweitien ;
- Les finances du groupe sont en train de s'améliorer avec l'arrivée de nouveaux
investisseurs et les cessions des participations dans Safran et STMicroelectronics ;
- Le marché spécule régulièrement sur le départ prochain d'Anne Lauvergeon, la médiatique dirigeante d'Areva. Son mandat prend fin en juin 2011 ;
- Le projet de filialisation de la branche minière est à suivre ;
- A suivre également le projet de cotation d'actions ordinaires et d'attribution de droits de vote aux porteurs de certificats d'investissement. Cela devrait permettre, à moyen terme, d'accroître significativement le flottant et de renforcer l'attrait du titre pour des investisseurs stratégiques ;
- Areva et EDF sont historiquement imbriquées. Areva est le premier fournisseur d'EDF et EDF son premier client. Mais leur relation n'est plus exclusive et les deux groupes sont en désaccord sur deux contrats. L'une des brouilles, dans le traitement du combustible usé, a été résolue. L'autre, l'enrichissement d'uranium, est encore en discussion.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Services aux collectivités
Le deuxième acteur mondial dans le domaine de l'électricité est né. Deux ans après la fusion entre Gaz de France et Suez, GDF Suez vient de reprendre le britannique International Power. Il est ainsi propulsé du neuvième au deuxième rang des producteurs mondiaux d'électricité, derrière EDF. Il devient également le leader mondial des groupes de services aux collectivités (utilities) en tenant compte de la production de gaz. Toutefois, cette opération va accroître la dette de GDF Suez, qui va passer de 33,5 à 42,4 milliards d'euros. Le groupe français compte donc lancer des cessions de 4 à 5 milliards d'euros.