Le centre de la Chine subit une sécheresse inédite depuis un demi-siècle, qui fait baisser de façon inquiétante le niveau des réservoirs, aggrave la pénurie d'électricité et paralyse le cycle de plantation du riz.
Selon le journal China Daily, le volume des précipitations de janvier à avril dans le bassin du Yangtsé, le principal cours d'eau du pays, est inférieur de 40% aux niveaux moyens des 50 dernières années.
Le gouvernement a ordonné aux responsables du barrage des Trois Gorges, le plus grand du monde situé sur ce fleuve, d'augmenter de 10 à 20% les relâchements d'eau ces deux prochaines semaines afin de pallier les carences d'eau potable et d'irrigation en aval.
Dans la province du Hubei, près d'un demi-million de personnes rencontrent actuellement des problèmes d'accès à l'eau potable, selon le China Business News.
Plus de 1.300 réservoirs dans le Hubei sont tombés à un niveau qui ne leur permet plus de fournir d'eau aux cultures, a précisé Yuan Junguang, un responsable local.
"Sans eau suffisante, nous n'avons pu effectuer la plantation de printemps du riz", a relaté Zhou Xingtao, un agriculteur du Hubei cité par la presse.
Dans certaines zones des provinces de l'Anhui, du Jiangsu, du Hubei, du Hunan, du Jiangxi et du Zhejiang, ainsi que dans la municipalité de Shanghai (est), les précipitations enregistrées sont inférieures de 80% à la normale.
La région du bassin du Yangtsé redoute particulièrement les épisodes climatologiques excessifs, particulièrement dommageables pour l'agriculture.
L'été dernier, la région avait subi des inondations ayant déclenché de nombreux glissements de terrain. Plus de 3.000 personnes avaient trouvé la mort.
Pour certains responsables officiels, ces catastrophes pourraient être amplifiées par le réchauffement climatique.
La pénurie d'eau fait peser des menaces sur l'inflation, en particulier celle des produits alimentaires susceptibles d'aggraver la grogne sociale.
Pékin est préoccupé par la hausse des prix qui a atteint 5,3% en avril après avoir culminé à 5,4% le mois précédent, et plus particulièrement par celle des prix alimentaires, qui dépasse 10% sur un an et touchent particulièrement les couches les plus modestes de la population.
La sécheresse aggrave aussi la pénurie d'électricité dont souffre régulièrement l'économie chinoise. L'énergie hydraulique est la deuxième source d'énergie en Chine après le charbon.
Depuis le 15 mai, les turbines du barrage des Trois Gorges ne peuvent plus tourner à pleine capacité.
La société d'Etat de distribution d'électricité a admis que dix de ses principaux réseaux régionaux souffraient de carences, dont ceux des mégalopoles de Shanghai et de Chongqing (centre-ouest). La compagnie n'écarte pas un manque de 30 gigawatts l'été prochain, le pire depuis 2004.
En avril déjà, la production de la plupart des centrales hydrauliques du Hubei avait fortement chuté, selon des chiffres de la Commission nationale pour le développement et la réforme.
Depuis le mois de mars, des coupures d'électricité ont dû être organisées dans plusieurs des provinces les plus industrialisées du pays comme le Guangdong (sud), le Jiangsu et le Zhejiang (est), entre autres.
La sécheresse représente enfin un danger supplémentaire pour les très rares dauphins d'eau douce du Yangtsé, une espèce très proche de l'extinction. Certains se sont échoués ou ont été pris au piège en raison du manque de profondeur.