Le président emblématique de BNP Paribas, Michel Pébereau, a annoncé mercredi son remplacement par l'actuel directeur général Baudouin Prot le 1er décembre, un changement attendu, qui ne devrait modifier que peu de chose à la stratégie de la banque française, devenue géant mondial.
Dans un jeu de chaises musicales sans surprise, l'actuel directeur général délégué, Jean-Laurent Bonnafé devrait prendre, à cette occasion, la place de M. Prot, a confirmé M. Pébereau lors de l'assemblée générale.
Début décembre, M. Pébereau quittera une banque qu'il a rejointe en 1993 alors qu'elle était encore un établissement public.
"Je me souviens que le jour de sa nomination, (l'ancien président) René Thomas l'a présenté comme le meilleur banquier de sa génération", a dit M. Prot dans un discours lors de l'AG.
"La suite a amplement démontré le bien-fondé de cette affirmation", a-t-il ajouté.
D'ordinaire impassible, connu pour sa froideur apparente, M. Pébereau n'a pu contenir son émotion lors de ce dernier rendez-vous avec les actionnaires, s'interrompant avant la fin de son discours, la voix cassée.
L'assemblée l'a alors applaudi longuement une première fois, puis une seconde au terme du discours de M. Prot, les deux hommes s'étreignant alors furtivement.
En 18 ans de présence, M. Pébereau a complètement transformé la Banque nationale de Paris, comme on l'appelait à sa prise de fonction, combinant rigueur de gestion et appétit de croissance, notamment externe.
En 1993, "isolée, la BNP n'avait manifestement pas l'envergure nécessaire pour faire face aux défis de l'Europe élargie et de la mondialisation", a-t-il expliqué pour justifier son parcours.
Privatisé l'année de son arrivée, l'établissement connaît un premier tournant en 1999, avec l'absorption de Paribas, soufflée à la Société Générale au terme d'une bataille boursière homérique.
Devenue alors BNP Paribas, la banque part, sans succès, à l'assaut du Crédit commercial de France (CCF) et du Crédit Lyonnais, avant de s'orienter vers l'étranger pour poursuivre sa croissance.
En 2006, l'établissement met la main sur l'italienne BNL, avant de reprendre, en 2009, la belge Fortis Banque, l'un des coups de maître de la crise financière.
Depuis 1993, la banque a quintuplé ses effectifs et multiplié son bénéfice net par 50. Ses résultats du premier trimestre 2011 n'ont été surpassés, parmi les banques occidentales, que par l'américaine JPMorgan Chase et la britannique HSBC.
Même si son influence sur la trajectoire de BNP Paribas aura été considérable, nul ne s'attend à ce que le départ de M. Pébereau fragilise la banque, car sa succession a été préparée de longue date.
Dès 2002, M. Pébereau, alors PDG, avait proposé que soient dissociées les fonctions de président et de directeur général, pour promouvoit M. Prot.
"Une de mes obsessions, à chaque fois que j'ai eu à exercer des fonctions de commandement, a été de distinguer et de former ceux qui paraissent susceptibles d'assurer des responsabilités de façon à pouvoir, le moment venu, essayer d'assurer la sélection du meilleur pour me succéder", a expliqué M. Pébereau devant les actionnaires du groupe.
"L'expérience a permis de montrer que je ne m'étais pas trompé" en choisissant M. Prot comme successeur, a-t-il ajouté.
Tout comme M. Prot, M. Bonnafé est un produit maison, qui a fait ses preuves, notamment en pilotant l'intégration de BNL, puis de Fortis Banque.