France Télécom a publié des résultats trimestriels en ligne avec les attentes, confirmé ses objectifs annuels, ainsi que le paiement d'un dividende de 1,40 euro par action au titre de l'exercice en cours et de 2012. En Bourse, les investisseurs ne réagissent pas à cette publication, le titre de l'opérateur historique cédant 0,28% à 15,815 euros. Au premier trimestre, les ventes de France Télécom se sont établies à 11,23 milliards d'euros tandis que l'Ebitda retraité est ressorti à 3,7 milliards, conforme aux attentes.
La marge d'Ebitda retraité a reculé de 1,3 point à 33,3%, en raison notamment de l'impact défavorable de la répercussion partielle de la hausse de la TVA en France.
Dans l'hexagone, où le groupe réalise encore plus de la moitié de son chiffre d'affaires et de sa rentabilité, les ventes se sont repliées de 2,5% (à base comparable) à 5,62 milliards.
La part de conquêtes de nouveaux abonnés dans le fixe et l'internet (ADSL) s'est contractée à 20% contre 36% au quatrième trimestre 2010. La part de marché grand public dans le mobile s'est réduite à 41,6%, contre 42,1% au 31 décembre dernier.
Ces résultats soulignent l'intensification des pressions concurrentielles qui s'exercent sur le groupe en France, alors que Free a lancé sa nouvelle "box" et s'apprête à rentrer dans le mobile.
Evoquant des résultats sans surprise, Credit Suisse et Goldman Sachs ont maintenu leur recommandation Neutre sur FT. Mais la banque américaine estime que l'ampleur des défis structurels du groupe sur son marché domestique est sous-évalué. L'entrée d'Illiad dans le mobile au moment où la compétition s'accélère dans le fixe devrait provoquer une chute de 28% de l'Ebitda entre 2010 et 2014, redoute le broker. Le chiffre d'affaires affichant de son côté un déclin de 8% par an jusqu'en 2014.
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- France Télécom-Orange est le troisième opérateur mobile et le premier fournisseur d'accès Internet ADSL en Europe. Il est l'un des leaders mondiaux des services de télécommunications aux entreprises multinationales, sous la marque Orange Business Services ;
- En 2005 le groupe a adopté une stratégie d'operateur intégré. Depuis, il a renforcé sa présence géographique et pris les virages technologiques nécessaires pour assurer son avenir ;
- Les opérateurs télécoms bénéficient de relais de croissance avec le développement rapide dans les pays émergents et le succès des smartphones, qui sont de gros consommateurs d'Internet mobile ;
- Le redéploiement géographique dans les pays émergents permet de compenser l'atonie de la demande en Europe ;
- L'opérateur pousse notamment ses pions en Afrique et au Moyen-Orient. La résolution du conflit avec Orascom est très positive car l'Egypte est l'un des marchés les plus dynamiques du continent africain. L'opérateur est également revenu sur le marché marocain, via l'achat de 40% de Meditel, numéro deux de la téléphonie mobile dans ce pays. Il s'intéresse aussi au marché irakien ;
- L'action offre un rendement élevé (plus de 8%), en tête du CAC 40, grâce à un dividende élevé et récurrent. Le groupe a d'ailleurs pris des engagements forts vis-à-vis de ses actionnaires avec la confirmation du versement d'un dividende stable de 1,4 euro par action en 2010, 2011 et 2012.
Les points faibles de la valeur
- France Télécom évolue dans un cadre réglementaire défavorable, marqué par une pression accrue des instances régulatrices du secteur. La régulation a notamment entraîné la baisse des terminaisons d'appels sur les téléphones mobiles, c'est-à-dire du prix payé par un opérateur pour faire transiter un appel sur le réseau d'un autre opérateur ;
- En 2010, les mesures de régulation ont eu un impact d'environ 1 milliard d'euros sur le chiffre d'affaires, et de 400 à 500 millions sur la marge brute d'exploitation ;
- France Télécom est probablement l'opérateur historique le plus « challengé » en Europe sur son marché domestique et il sera confronté à une nette érosion de ses cash flows à moyen terme ;
- A moins d'un an de l'arrivée du quatrième opérateur télécom mobile Free, le marché mobile français est entré dans une phase de surenchère commerciale et d'accélération de sa déflation tarifaire ;
- Les licences 4G devraient également être mises aux enchères courant 2011 et représenter pour les opérateurs des sorties de trésorerie significatives pour les financer ;
- Dans un tel contexte, France Télécom table sur une stabilisation de ses marges opérationnelles qu'à HORIZON 2013 ;
- France Télécom est en difficulté dans sa branche de services aux entreprises. Dans un contexte économique incertain, les sociétés limitent leurs dépenses informatiques et de télécommunication ;
- La chaîne Orange Sports est un échec. L'opérateur se donne jusqu'en 2012 pour trouver un acquéreur pour cette entité déficitaire. Faute de quoi, il la fermera. Des discussions sont en cours avec Canal+ ;
- Le groupe traverse une grave crise sociale marquée par plusieurs suicides. Ce contexte social non encore apaisé limite la marge de manoeuvre du groupe, tant sur le plan financier que sur celui de la communication.
Comment suivre la valeur
- France Télécom est considérée comme une valeur défensive et de rendement ;
- Le titre est très sensible aux offensives commerciales de ses concurrents ;
- Pour tenter de résoudre la crise sociale sans précédent, le groupe a présenté en juillet 2010 ses engagements et ses plans d'action pour les cinq prochaines années. C'est le plan « Conquêtes 2015 ». France Telecom a ainsi pour objectifs de compter 300 millions de clients d'ici à 2015, de doubler le chiffre d'affaires issu des pays émergents avec un objectif de 5 à 7 milliards d'euros d'acquisitions d'ici 3 ans, et de recruter 10.000 salariés en France sur 2010-2012 ;
- L'un des enjeux de France Telecom est de fidéliser les clients, en les poussant à choisir des forfaits plutôt que des cartes prépayées. Le groupe a lancé en août 2010 ses premières offres « quadruple play » (Internet, télévision, téléphonie fixe et mobile) qui visent à relancer l'activité de fournisseur d'accès au Web ;
- La stratégie de développement dans les pays émergents, notamment en Afrique et Moyen-Orient, est également à surveiller.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Opérateurs télécoms
Une bataille mondiale s'est engagée dans le domaine des services pour mobiles. Trois grands types d'acteurs s'affrontent : les opérateurs des télécoms, les fabricants de téléphones mobiles et les éditeurs de services Internet et mobiles. Alors que les opérateurs des télécoms bénéficient du contact avec le client final, ils craignent d'être réduits à seulement investir dans les réseaux sans en tirer les bénéfices. Pour preuve, des taux de croissance limités à 1 ou 2% par an, alors qu'Apple et Google affichent des progressions respectives de 39 et 23%. Les opérateurs choisissent donc de renforcer leur coopération, en particulier dans les applications mobiles. Selon Gartner, elles devraient représenter cette année 15,1 MdUSD, contre 5,2 MdUSD en 2010. Après avoir décidé de créer une plate-forme commune, la WAC (Wholesale Applications Community), huit grands opérateurs (dont Orange, China Mobile et Vodafone) ont annoncé qu'ils étaient désormais tous connectés à cette plate-forme. Cette dernière, qui compte 12 000 applications, devrait s'ouvrir d'ici à la fin de l'année à huit autres opérateurs des télécoms.