L'euro évoluait jeudi à des niveaux plus vus depuis décembre 2009, face à un dollar plombé par le maintien d'une politique monétaire très accommodante par la banque centrale américaine, tandis que l'or, profitant lui aussi de la baisse du billet vert, montait à de nouveaux records.
Vers 21H00 GMT (23H00 à Paris), l'euro valait 1,4822 dollar contre 1,4785 dollar mercredi à le même heure. La monnaie unique est montée à 1,4882 dollars vers 3H15 GMT, son niveau le plus élevé depuis le 7 décembre 2009.
L'euro baissait face à la devise nippone à 120,74 yens contre 121,43 yens mercredi.
Le dollar reculait aussi face au yen à 81,48 yens contre 82,15 yens mercredi soir.
"La réaction du marché à la réunion (de la Réserve fédérale américaine mercredi) souligne une évidence: la faiblesse actuelle du dollar est principalement liée à la politique accommodante de la Fed", commentaient les analystes de Commerzbank.
La banque centrale américaine a sans surprise laissé inchangé son taux d'intérêt directeur entre zéro et 0,25%, niveau auquel il a été fixé en décembre 2008 afin d'aider une économie alors en récession.
"Le fait que les quelques voix haussières (au sein du Comité de politique monétaire de la Fed, ndlr) se soient rangées du côté de la majorité (en votant à l'unanimité pour le statu quo) montre que la Fed n'est pas prête de changer de cap", expliquait Commerzbank.
Avec des taux quasi nuls pour une période indéterminée, le billet vert a moins d'attrait que d'autres devises plus rémunératrices, comme l'euro, d'autant que la Banque centrale européenne (BCE) a procédé à un premier relèvement de son taux directeur en avril afin de lutter contre la hausse des prix.
Et la BCE envisage même de poursuivre le resserrement de sa politique monétaire dans les mois à venir, malgré des inquiétudes persistantes sur la santé budgétaire de certains pays fragiles de la zone euro, comme la Grèce, l'Irlande, et le Portugal.
La baisse du dollar s'est encore accélérée après la conférence de presse du président de la Fed, Ben Bernanke, qui a suivi la décision de la banque centrale, un exercice inédit après une décision sur les taux dans l'histoire de l'institution.
M. Bernanke a signalé le danger de resserrer rapidement le robinet du crédit au-delà de fin juin, date à laquelle doit s'achever un programme de rachats d'obligations du Trésor américain pour un montant total de 600 milliards de dollars.
Autre source de pression sur le billet vert, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a nettement ralenti au premier trimestre, à 1,8% en rythme annuel, contre 3,1% au quatrième trimestre 2010, selon des chiffres publiés jeudi.
Le net affaiblissement de la devise américaine a par ailleurs entraîné un bond des cours de l'once d'or, passés pour la première fois au-dessus du seuil de 1.530 dollars.
La faiblesse du billet vert rend plus attractifs les achats de matières premières libellées en dollar, comme le métal jaune, pour les investisseurs munis d'autres devises.
Les cours de l'or sont également portés par "des prix du pétrole élevés, et des tensions inflationnistes dans un contexte de marchés d'actions robustes et de taux d'intérêts toujours bas", notamment en Europe et aux Etats-Unis, notait Suki Cooper, analyste chez Barclays Capital.
Vers 21H00 GMT, la livre britannique reculait légèrement face à l'euro à 89,09 pence pour un euro, mais se stabilisait face au billet vert à 1,6634 dollar.
La monnaie helvétique baissait face à la devise européenne à 1,2947 franc suisse pour un euro, mais progressait un peu face au billet vert à 0,8734 franc suisse pour un dollar.
La devise chinoise a terminé à 6,5016 yuans pour un dollar contre 6,5118 yuans la veille.