Schneider Electric progresse de 1,97% à 116,50 euros. Commentant un chiffre d'affaires trimestriel conforme aux attentes, le président du directoire, Jean-Pascal Tricoire a balayé l'hypothèse d'une acquisition d'envergure en 2011. Cette déclaration rassure les marchés. L'action a perdu près de 10% la semaine dernière pénalisée par des rumeurs concernant le lancement éventuel d'une OPA sur les américains Tyco et Cooper Industries. En revanche, Schneider a confirmé que sa stratégie de croissance externe était axée sur les acquisitions de petite taille (jusqu'à un milliard d'euros).
Un peu avant cette mise au point, Schneider Electric a fait état d'un chiffre d'affaires de 4,944 milliards d'euros, en hausse de 26,5% à périmètre et taux de change courants au premier trimestre 2011. La croissance organique est également en hausse de 11,8%. Ces chiffres sont conformes aux attentes.
Le groupe a également revu à la hausse l'impact des matières premières sur ses résultats de 250 à 350 millions d'euros, principalement en raison du bond de 40% des prix de l'argent depuis février.
Pour autant, Schneider a confirmé ses objectifs annuels d'une croissance organique de 6% à 9% et d'une marge de 15% à 15,5%.
Les analystes ont salué de façon unanime les propos rassurants du groupe concernant les fusions-acquisitions. "Ce message est positif pour l'action dans la mesure où marché s'est montré inquiet des risques liés à des opérations de grande envergure", commente Bank of Merrill Lynch. Le broker confirme sa recommandation Achat et son objectif de cours de 135 euros.
Credit Suisse (Surperformance, 140 euros) estime que l'action devrait récupérer une partie du terrain perdu alors que les investisseurs vont de nouveau s'intéresser à la forte croissance organique du groupe et à son solide portefeuille d'activités.
A Paris, Exane BNP Paribas (Surperformance, 140 euros) parie aussi sur un rebond du titre. De son côté, Natixis confirme sa recommandation Achat mais réduit son objectif de cours de 132 à 130 euros en raison de la hausse de l'euro. CA Chevreux réitère son opinion Surperformance et son objectif de 132 euros.
Enfin, Oddo a maintenu sa recommandation Neutre et son objectif de cours de 130 euros après un "chiffre d'affaires de qualité et un message rassurant en M&A" tandis que CM-CIC laisse sa recommandation Conserver et son objectif de cours de 120 euros inchangés pour une question de valorisation.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- Schneider figure parmi les premiers fabricants mondiaux d'équipements de distribution électrique basse et moyenne tension (principalement sous les marques Merlin Gerin et Square D), d'automatismes industriels et d'équipements d'énergie sécurisé. C'est donc un spécialiste de la gestion de l'énergie.
- Le groupe fournit des équipements pour des marchés diversifiés aux cycles différents, de l'industrie aux infrastructures. Cela lui permet d'amortir les chocs conjoncturels. Mais Schneider a aussi nettement réduit son exposition au secteur ultra cyclique du bâtiment.
- Le groupe bénéficie de positions solides dans ses activités et dans les pays émergents (37% du CA). Il devrait, en particulier tirer partie de sa présence en Asie, notamment en Chine.
- Le groupe ambitionne de devenir le leader des nouvelles économies en 2011, date à laquelle il compte réaliser la moitié de ses coûts de production dans les pays émergents.
- Le groupe est très bien positionné sur l'efficacité énergétique, un marché en plein essor. Le président du directoire, Jean-Pascal Tricoire, mise beaucoup sur le smart et le green grid - l'électricité intelligente et verte. Le groupe élargit ainsi considérablement sa cible de clientèle en se positionnant aussi bien auprès des producteurs d'énergie (par exemple, pour convertir l'énergie solaire), que des entreprises et des particuliers (la domotique).
- L'acquisition d'une partie de l'activité d'Areva T&D, autofinancée en intégralité, permet à Schneider Electric, déjà présent dans la distribution d'électricité, de devenir le deuxième acteur mondial sur le marché de la moyenne tension électrique, devant Siemens et juste après ABB. Cela devrait conduire à une revalorisation du titre.
- La situation financière est saine.
Les points faibles de la valeur/=
- Le titre a fortement rebondi en 2009 et 2010 pour signer de nouveaux plus hauts historiques. Il fait partie de la petite poignée de valeurs du CAC 40 en nette hausse sur cinq ans (+55% à fin 2010). Certains analystes estiment que Schneider est déjà correctement valorisé.
- Schneider pâtit d'un cycle d'activité court (avec un carnet de commandes qui ne représente que 1 à 2 mois de ventes), ce qui nuit à la visibilité.
- L'incertitude demeure sur la reprise de certains marchés en Europe et Amérique du Nord, comme le bâtiment résidentiel et commercial.
- Même si les perspectives de long terme de la transmission restent favorables, en raison de l'accroissement de la demande d'énergie dans le monde, ce marché est également caractérisé par une augmentation de la concurrence et une pression sur les prix.
Comment suivre la valeur
- La gestion de l'énergie est peu connue du grand public. Les métiers de Schneider peuvent donc être difficiles à appréhender pour les investisseurs.
- Les équipementiers électriques sont sensibles à l'évolution du marché immobilier. De plus, par sa présence en Europe et en Amérique du Nord (environ 65% du CA), le groupe est très sensible à l'évolution de la conjoncture sur ces deux continents.
- Schneider Electric est dépendant des variations de change : le groupe réalise environ 40% de ses recettes dans la monnaie américaine et dans des devises liées (yuan, etc.). La variation des prix des matières premières influe également sur la rentabilité du groupe.
- Schneider souhaitant sensiblement accélérer sa présence dans les pays émergents, les acquisitions du groupe dans cette zone sont à surveiller.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Biens d'équipement
Alors qu'initialement ils prévoyaient une deuxième mauvaise année en 2010, les professionnels de la mécanique et de la machine-outil en France prévoient désormais une légère amélioration. La Fédération des industries mécaniques (FIM) estime que le redressement de la production dans l'Hexagone devrait se situer entre 3% et 5% cette année par rapport à 2009. En début d'année, elle s'attendait plutôt à une baisse de 5% par rapport à une année 2009 durant laquelle la production avait déjà chuté de 15%. Les statistiques de l'Insee confirment qu'un point bas a été atteint car, au second trimestre, les investissements des entreprises ont contribué positivement au PIB pour la première fois depuis le premier trimestre 2008. D'après le ministère de l'Industrie, les industriels français anticipent une hausse de 5% de leurs investissements en 2010 après une chute de 21% en 2009. Dans le BTP, le Seimat, le syndicat qui représente les importateurs de machines, anticipe un redressement de 10% de l'activité cette année, même si les perspectives sont encore floues.