Bic a rallumé la flamme. Le titre, atone depuis le début de l'année (+0,42%), bondit de 7,27% à 64,59 euros après des résultats trimestriels bien supérieurs aux attentes. Le leader mondial des briquets, stylos et rasoirs jetables, a bénéficié du dynamisme de la demande sur les marchés émergents (Asie, Afrique et Amérique Latine) mais également de l'intérêt des consommateurs des pays développés pour ses produits au rapport qualité/prix éprouvé.
Au premier trimestre, Bic a réalisé un chiffre d'affaires de 409,9 millions d'euros, en croissance de 8,4% en publié, de 4,9% à taux de change constants et de 6,6% à base comparable. Cette performance dépasse le consensus qui donnait un chiffre d'affaires de 396,4 millions.
Malgré une base de comparaison défavorable (+10,3% au premier trimestre 2010), les ventes de l'activité Grand Public (86% du chiffre d'affaires) ont augmenté de 9,8% à taux de change constants à base comparable.
De son côté, les ventes de la branche des Produits publicitaires et promotionnels ont reculé de 8,8% à 58,9 millions d'euros. La mise en place du plan d'intégration se révèle plus difficile qu'anticipé, avec un impact négatif sur la performance des ventes, alors que le marché est en légère croissance, a expliqué le groupe.
C'est surtout l'amélioration de la rentabilité qui surprend le marché. Le résultat d'exploitation normalisé (Rex normalisé) a bondi de 54,7% à 83,1 millions d'euros tandis que la marge d'exploitation normalisée s'est élevée à 20,3%. Elle est à comparer avec 14,2% au premier trimestre 2010. Les analystes prévoyaient en moyenne un Rex normalisé de 58 millions et une marge de 14,7%.
La rentabilité du groupe a été soutenue par l'augmentation de la marge brute, des charges d'exploitation contrôlées et les économies liées au programme de restructuration de 2009.
En conséquence de quoi, le résultat net s'est établi à de 53,9 millions d'euros, en hausse de 52,3% alors qu'Aurel visait seulement un bénéfice de 38,9 millions.
Pour autant, BIC ne se départit pas de sa traditionnelle prudence. Sur l'ensemble de l'année, le groupe redoute d'être affecté par la volatilité des devises et l'augmentation des prix des matières premières. Alors qu'il continuera à se concentrer sur la protection de la marge brute à travers l'amélioration de la productivité et des ajustements de prix ciblés, Bic prévoit un niveau de marge d'exploitation normalisée 2011 inférieur à celui du premier trimestre 2011.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Les produits de Bic jouissent d'une renommée d'envergure internationale ;
- Parallèlement au soutien apporté à ses produits classiques, le groupe développe de nouveaux produits à plus forte valeur ajoutée, notamment dans l'activité papeterie ;
- Le groupe se diversifie dans les articles promotionnels, marché peu concurrentiel avec une croissance annuelle à deux chiffres. Bic souhaite en faire son quatrième grand pôle d'activité et y réaliser 25% de son chiffre d'affaires. Il a réalisé deux acquisitions : le français Antalis et surtout le leader américain Norwood ;
- Les pays émergents, essentiellement en Amérique Latine, représentent 28% du chiffre d'affaires ;
- Le groupe bénéficie d'une structure financière solide qui lui permet d'être ambitieux en matière de croissance externe.
Les points faibles de la valeur
- La société est confrontée à une forte pression concurrentielle, principalement sur ses activités rasoirs et briquets ;
- Les matières premières représentent 45% des coûts de production. L'envolée des cours est donc un handicap ;
- Les ventes de briquets reculent en même temps que le nombre de fumeurs ;
- La diversification dans les articles de promotion, secteur très sensible à la conjoncture et aux dépenses de marketing, accroît le profil cyclique du groupe. Norwood est deux fois moins rentable que Bic ;
- 42% du chiffre d'affaires étant réalisés en Amérique du Nord, l'activité du groupe dépend sensiblement de la conjoncture de cette zone ;
- Bic est encore peu implanté en Asie (5% du chiffre d'affaires). Ses ambitions y sont contrariées par la rupture début 2010 de l'accord scellé en 2009 avec le fabricant indien d'instruments d'écriture Cello Pens.
Comment suivre la valeur
- Bic fabrique des produits de consommation très courante. Les produits lancés par ses homologues sont susceptibles de peser sur les ventes. La capacité du groupe à lancer de nouveaux produits innovants est donc à suivre ;
- La diversification du groupe dans les produits promotionnels le rend sensible à la conjoncture du marché publicitaire ;
- Le groupe a une forte exposition au dollar en termes de chiffre d'affaires, mais une très faible sensibilité au niveau des marges du fait de produire et de vendre dans les zones dollar ;
- La direction de Bic fait toujours preuve de prudence sur les tendances de marché. Elle n'a pas pour habitude de donner des prévisions de résultats.
- Une meilleure application de la législation sur les normes de sécurité sur les briquets doperait les ventes du groupe. A ce jour, plus de 70% des briquets vendus en Europe ne respectent pas ces normes. Bic a déposé un recours auprès des autorités de Bruxelles pour stopper l'importation des briquets chinois ;
- Bic a porté l'affaire Cello en justice. Les conclusions seront rendues d'ici un à deux ans ;
- Les premières synergies de la fusion avec Norwood devraient se faire sentir cette année ;
- L'intérêt spéculatif du titre est limité car le capital est verrouillé.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Biens de consommation
En Chine, puis au Bangladesh et au Cambodge, les ouvriers se sont révoltés contre le niveau de leur salaire, qu'ils jugent trop bas. Mi-septembre, au Cambodge, les grèves ont fait suite à la décision du gouvernement et des industriels de légèrement augmenter le salaire minimum pour les ouvriers de l'industrie du vêtement et de la chaussure de 50 à 61 dollars par mois. Or les syndicats réclamaient 93 dollars mensuels. La crise a sensiblement affecté le Cambodge, car ses exportations de textile vers les Etats-Unis et l'Union européenne, ses principaux clients, ont chuté de 23% en 2009. Plus de 90 usines ont fermé leurs portes, quelque 60.000 ouvriers (sur un total de 345.000) se trouvant ainsi au chômage. Craignant la concurrence des pays voisins (Vietnam, Indonésie, Bangladesh), les industriels n'ont toujours pas rétabli le paiement des heures supplémentaires. Selon certains économistes, ce dernier est pourtant essentiel à la survie des ouvriers.