Dominique Strauss-Kahn, qui doit ouvrir jeudi sa dernière réunion semestrielle du Fonds monétaire international s'il veut se présenter à l'élection présidentielle française, n'a pas ralenti le rythme des changements imposés à l'institution depuis trois ans et demi.
Sachant que le calendrier du Parti socialiste impose d'être candidat aux primaires d'ici au 13 juillet, M. Strauss-Kahn n'a plus que trois mois au maximum comme directeur général du FMI s'il veut briguer l'Elysée. Et son contrat de travail lui interdit de faire de la politique.
Pour les organisations non gouvernementales qui suivent le FMI à Washington, l'affaire est entendue : il n'ira pas au terme de son mandat en octobre 2012.
"Cette année, l'élection d'un nouveau directeur général du FMI est la meilleure occasion qu'ont les responsables de cette décision de donner au Sud la tête de l'institution", affirmait début avril dans un communiqué une dirigeante d'ActionAid, Anna Thomas.
Vu de Washington, l'activité de M. Strauss-Kahn ne laisse pas penser qu'il est sur le départ.
Le FMI a mené de front ces derniers mois un nombre impressionnant de chantiers : redressement des pays européens en crise, propositions en vue de la réforme du système monétaire international, amélioration de son travail de surveillance, nouveau cadre pour les contrôles des flux de capitaux, placement des profits tirés de ses ventes d'or de 2009 et 2010, recherche de nouveaux financements.
Même s'il s'arrêtait prématurément, le mandat de M. Strauss-Kahn aurait été l'un des plus productifs de l'histoire du FMI.
Le directeur général du FMI reste silencieux sur ses intentions, même s'il a reconnu en février 2010 qu'il pourrait éventuellement "se reposer la question" d'une candidature à la présidence française.
Interrogé au début du mois par El Pais et la Repubblica sur ses projets électoraux, il a esquivé: "Cela me fait beaucoup de questions sur l'économie mondiale, il y a en assez pour remplir ma journée".
Le rôle de consultant du G20 place le FMI au coeur de la coopération économique mondiale. Contraint à des équilibres difficiles entre Américains, Européens, Chinois ou Brésiliens, M. Strauss-Kahn doit ménager en permanence ceux qui veulent plus de relance comme ceux qui veulent plus de rigueur, ou ceux qui demandent des changes flottants comme ceux qui pilotent le cours de leur monnaie.
Il a choisi d'insister sur un thème nouveau pour sa fonction: les inégalités. Et de retrouver des accents de sa campagne pour l'investiture du Parti socialiste en vue de la présidentielle de 2007, notamment sur les effets destructeurs de la mondialisation.
"La maladie qui nous ronge aujourd'hui, qui ronge notre économie, c'est justement cette mondialisation à forte pression libérale", disait-il lors d'une réunion publique dans le Pas-de-Calais en octobre 2006.
"Il nous faut une forme nouvelle de mondialisation, une forme plus équitable de mondialisation avec un visage plus humain", affirmait-il lors d'un discours début avril à Washington.
Par le biais d'une "note de discussion" publiée vendredi, le FMI a adopté comme ligne officielle l'idée que "la croissance et les politiques de lutte contre l'inégalité ont des chances de se renforcer mutuellement et de contribuer à poser les bases d'une expansion durable".
Jusqu'ici, les indicateurs sur l'inégalité des revenus ne figuraient pas parmi ceux retenus dans l'analyse économique du FMI. "Cette façon de considérer les choses est derrière nous", assurait M. Strauss-Kahn jeudi.