La banque irlandaise Allied Irish Banks (AIB), détenue à plus de 90% par l'Etat, a annoncé mardi une perte nette de 10,4 milliards d'euros en 2010, près de cinq fois supérieure à celle de 2009, et la suppression de 2.000 emplois avant la fin de l'année prochaine.
L'ampleur de cette perte, qui confirme l'état désastreux du secteur bancaire irlandais, avait été largement anticipée: dans le cadre du dernier plan de renflouement des banques par l'Etat annoncé fin mars, AIB doit recevoir à elle seule 13,3 milliards d'euros pour assurer sa survie.
A la suite d'une recapitalisation en urgence en décembre, Allied Irish Banks était devenu le quatrième établissement bancaire ou de crédit important à être nationalisé depuis le début de la crise financière ayant conduit le pays au bord de la faillite.
AIB a été plombée, comme ses consoeurs, par une politique inconsidérée de prêts qui a entraîné une bulle immobilière suivie de la quasi-faillite de l'ensemble du secteur bancaire.
Selon le dernier plan gouvernemental de restructuration, la banque doit fusionner avec la société de crédit immobilier EBS pour former, avec Bank of Ireland, un des deux futurs "piliers" du système bancaire irlandais.
Dans un communiqué, AIB a estimé que ce plan permettrait d'assurer "sa viabilité à long terme" mais que sa restructuration allait s'accompagner de la suppression de "plus de 2.000 emplois", qui se fera "de manière progressive" en 2011 et 2012.
En 2010, les dépôts de la banque ont fondu de 22 milliards d'euros, pour s'établir à 52 milliards.
Dans le même temps, le montant total de ses actifs est descendu de 174 milliards d'euros à 145 milliards, à la demande des autorités irlandaises et européennes qui ont réclamé une cure d'amaigrissement de banques hypertrophiées pour la taille du pays.
Ainsi, le montant des actifs d'AIB fin 2009 était comparable au Produit intérieur brut (PIB) de l'Irlande, un chiffre soulignant les dangers que font courir les banques à l'ensemble de l'économie.
AIB fait partie des banques européennes devant subir les tests actuellement organisés par l'Autorité de supervision bancaire européenne (EBA). Elle avait réussi l'épreuve l'an dernier avant de se retrouver au bord de la faillite, ce qui avait décrédibilisé l'ensemble du processus.
Sa dernière recapitalisation décidée par le gouvernement devrait lui permettre de réussir à nouveau les tests cette année, dont les résultats seront connus fin juin à l'issue d'un processus plus sévère et plus surveillé.
Totalement nationalisée, la banque Anglo Irish Bank, qui avait été la première à se trouver dans la tourmente, a fait récemment état de son côté d'une perte annuelle record de 17,7 milliards d'euros pour son exercice 2010.
Le sauvetage du secteur bancaire irlandais a coûté à ce stade 70 milliards d'euros aux finances publiques du pays. Il a précipité la conclusion l'an dernier, avec le FMI et l'Union européenne, d'un plan d'aide de 85 milliards d'euros.