Vallourec est sans conteste le tube de la matinée à Paris. En hausse de 4,18% à 83,71 euros, le groupe de services pétroliers a pris la tête du CAC 40, soutenu par Credit Suisse. Dans une note, le broker fait part de son incompréhension face à la piètre performance du titre depuis un an (+9%) comparé à la flambée des cours du pétrole. Il recommande donc aux investisseurs de miser sur le leader des tubes sans soudure en prévision d'un solide rattrapage. Déjà fin mars, Cheuvreux et JPMorgan avaient souligné le potentiel de rebond de Vallourec. Depuis un mois, le titre affiche un gain de 14%.
Credit Suisse a donc relevé son opinion sur Vallourec de Neutre à Surperformance et porté son objectif de cours de 90 à 110 euros. Le broker valorise le titre à 16 fois le bénéfice par action attendu en 2012 (contre une moyenne historique de 11 fois). Le bureau d'études prévoit en effet une forte croissance du leader mondial des tubes sans soudure comparé à ses rivaux. Après environ un an d'atonie, la banque suisse estime que Vallourec est désormais muni d'un certain nombre de catalyseurs susceptibles de modifier favorablement l'opinion du marché.
Credit Suisse a répertorié trois grandes raisons de miser sur Vallourec. En premier lieu, l'action n'a pas profité du rebond des cours du pétrole au contraire des groupes miniers. Depuis mai 2010, ces derniers affichent de meilleures performances boursières que la société française. Fort de ce constat, l'analyste pense que Vallourec devrait profiter du redressement du marché parapétrolier alors que le groupe semble jouir d'un fort "pricing power" sur ses tubes sans soudure.
De plus, Vallourec va recueillir les fruits de ses investissements au Brésil et aux Etats-Unis. L'analyste estime que les prochaines usines dans ces deux régions pourraient ajouter 41 euros au titre sur les deux prochaines années.
Enfin ajoute le broker, le marché des tubes sans soudure demeure dynamique à long terme étant donné la complexité croissante de l'extraction d'hydrocarbures.
Pour résumer, la banque helvète conclut que Vallourec devrait rattraper son retard pris lors du rebond des cours du pétrole. Sa valorisation constitue une bonne occasion de jouer le scénario du niveau élevé des prix de l'énergie.
Décidément, le champion français des tubes sans soudure destinés à l'industrie pétrolière séduit les analystes. Il y a dix jours à peine, CA Cheuvreux a confirmé Vallourec au sein de sa "Selected List" avec un objectif de cours inchangé à 90 euros tandis que JPMorgan a renouvelé sa recommandation Surpondérer.
Peu avant, Oddo Securities avait relevé sa recommandation sur le titre d'Accumuler à Achat avec un objectif de cours de 82 euros.
Le broker apprécie chez Vallourec "un positionnement qui n'est plus à démontrer (produits premium), une exposition japonaise limitée, un risque nucléaire faible, un contexte sectoriel porteur confirmé".
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Vallourec est le co-leader mondial du marché des tubes en acier sans soudure, destinés principalement aux secteurs du pétrole et du gaz, de l'énergie électrique ainsi qu'à d'autres applications industrielles, avec environ 10% de part de marché. C'est aussi le leader mondial des solutions tubulaires premium destinées principalement aux marchés de l'énergie.
- Vallourec bénéficie d'un savoir-faire remarquable, reconnu par ses clients.
- La fiabilité de ses tubes permet au groupe de pratiquer des prix élevés, un atout en temps de crise.
- Le nouveau dirigeant du groupe, Philippe Crouzet, qui vient de chez Saint-Gobain, a l'expérience des industries cycliques.
- Avec un programme d'investissement important, Vallourec prépare activement l'après-crise. Le groupe a récemment investi dans le gaz non conventionnel, énergie dont la demande est en plein essor aux Etats-Unis.
- Les investissements réalisés au Brésil devraient lui procurer un avantage concurrentiel important.
- Le groupe réalise plus de 40% de son activité dans les pays émergents, un des taux les plus élevés au sein des sociétés du CAC 40. Il poursuit notamment une stratégie de maillage en Chine avec des prises de participation dans des sociétés locales.
- Grâce à la solidité de son bilan, Vallourec est en mesure de saisir de nouvelles opportunités de développement dans les solutions tubulaires premium.
- Le Fonds Stratégique d'Investissement (FSI) détient environ 5% du capital, ce qui confirme l'intérêt stratégique de l'activité de Vallourec.
Les points faibles de la valeur
- La reprise de l'activité ne se traduira dans les comptes qu'en 2011.
- Si le marché du pétrole et du gaz montre des signes de reprise, l'activité énergie électrique devrait rester faible tout au long de l'année.
- Les commandes des tubes pour les centrales électriques reculent du fait des reports d'investissement dans les centrales thermiques en Europe ou d'une concurrence exacerbée en Chine et en Inde.
- La prolongation par l'administration Obama, jusqu'en 2017, du moratoire sur les forages pétroliers dans l'ouest du golfe du Mexique et au large des côtes atlantiques, pèse sur le secteur.
- Le rendement de l'action est très faible.
Comment suivre la valeur
- L'activité cyclique est très sensible à l'évolution de la conjoncture, en particulier aux Etats-Unis. Les performances du groupe sont sensibles à l'évolution du dollar car les coûts de production de ses usines européennes sont majoritairement libellés en euros, alors que leurs revenus s'établissent en dollars.
- La division pétrole et gaz représentant 50% du chiffre d'affaires sur l'année 2009, le groupe est très sensible au prix du baril de pétrole. Ce dernier détermine avec un décalage de six mois à un an le niveau d'investissement des compagnies pétrolières dans l'exploration-production, et la demande de tubes de forage. Le titre est donc favorisé dans le cas d'un cours élevé du pétrole.
- A suivre, les projets du géant brésilien Petrobras qui envisage d'investir plus de 220 milliards de dollars d'ici à 2014. Vallourec compte sur la mise en production de son usine au Brésil pour en profiter.
- Bien que pesant pour le moment sur la visibilité du secteur, un renforcement de la sécurité des forages en mer, suite à la marée noire dans le Golfe du Mexique, pourrait finalement se traduire par un surcroît de demande pour les sociétés de services, et qui plus est pour celles, comme Vallourec, offrant des produits à haute valeur ajoutée.
- Le capital du groupe est très morcelé, ce qui rend le groupe opéable. Bolloré, qui détient seulement 5% du capital ne peut être considéré comme un actionnaire de référence.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Métaux
Selon des données de Bloomberg, depuis début 2010, 290 transactions ont eu lieu dans le secteur aurifère, pour un total de 38,4 milliards de dollars. Goldcorp veut fusionner avec le groupe de mines d'or Andean pour 3,6 milliards de dollars canadiens. Cette opération intervient dans un contexte où le cours de l'or a dépassé les plus hauts atteints en juin dernier, au-dessus de 1.300 dollars l'once. Cet été, le canadien Kinross Gold s'est rapproché de Red Back Mining, à travers une opération de plus de 7 milliards de dollars. Auparavant, le rapprochement entre Newcrest Mining et Lihir Gold a donné naissance au cinquième producteur mondial de ce métal précieux. Le secteur minier dans son ensemble est soumis à une vague de fusions-acquistions. Dernier en date, BHP-Billiton cherche à acquérir le producteur canadien d'engrais Potash pour 43 milliards de dollars. Toutefois, les analystes estiment que le temps des OPA géantes est fini car les grandes sociétés minières vont poursuivre leur assainissement financier. Elles pourront ainsi mener des acquisitions de sociétés spécialisées dans un seul minerai et qui n'ont pas les capacités d'en assumer des investissements.