Le contrat définitif pour le financement de l'avion de transport militaire A400M a été signé jeudi à Séville (sud), permettant à cet important projet européen, marqué par des années de retard et d'importants surcoûts, de démarrer vraiment.
Le contrat a été signé sur le site d'assemblage du gros porteur, par Patrick Bellouard, directeur du consortium Occar qui regroupe les sept pays participants (dont la France et l'Espagne), et Domingo Urena, président d'Airbus Military, filiale militaire d'Airbus.
"Aujourd'hui nous concluons un processus long et difficile" et cette signature "permet de remettre sur les rails ce projet de coopération majeur", a déclaré M. Bellouard.
La ministre espagnole de la Défense, Carme Chacon, qui a assisté à la cérémonie, s'est félicitée que ce "projet ambitieux" se transforme en "réalité".
Dans une déclaration écrite, son collègue français Gérard Longuet a salué le "nouvel élan" donné par cet accord "au plus ambitieux programme de coopération militaire européen".
Sept pays de l'Otan --Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg et Turquie-- sont partenaires du programme, qui a pris plus de trois ans de retard et dont le surcoût est estimé à plus de 5 milliards d'euros, causés par une motorisation complexe et des demandes techniques divergentes entre pays clients.
Au point que le projet, dont le contrat initial remonte à 2003, a semblé à plusieurs reprises compromis, faisant craindre pour les 40.000 emplois européens générés (dont 12.000 en France).
Mais en mars 2010, les pays clients et EADS sont parvenus à un accord de principe pour amender le contrat initial, se répartir les surcoûts et s'accorder sur un nouveau calendrier.
Chaque pays devait encore ratifier cet accord et donner son feu vert final, une étape compliquée en raison du poids de la crise économique sur les budgets de la défense européens. C'est cette étape qui a été franchie jeudi.
Le patron d'Airbus Military, M. Urena a souligné que le programme était "désormais bien engagé et conforme à ses promesses" avec quatre appareils déjà en phase d'essai et une homologation de l'appareil d'ici fin 2011.
L'A400M, qui a effectué son premier vol d'essais à Séville en décembre 2009, est un avion de transport militaire polyvalent, capable d'assurer l'acheminement de troupes, parachutistes et matériel, sur de longues distances et à grande vitesse, tout en atterrissant sur des terrains sommaires.
Cet avion à hélices, décrit par Airbus comme "le plus économique, performant et polyvalent" de sa catégorie, doit remplacer les vieux transporteurs franco-allemands Transall ou américains C130.
Quelque 170 appareils sont commandés, dont 53 par l'Allemagne, qui souhaite cependant n'en conserver que 40 exemplaires pour son armée de l'air, 50 par la France et 22 par le Royaume Uni.
La France sera le premier pays livré "au tournant de l'année 2012-2013", soit trois ans après la date prévue initialement (octobre 2009), a précisé jeudi Airbus.
En tout quatre premiers appareils devraient être livrés d'ici fin 2013, principalement à l'armée française, selon M. Urena. L'Allemagne et le Royaume-Uni seront servis ensuite.
L'avion a aussi été vendu à la Malaisie à quatre exemplaires et Airbus compte séduire d'autres armées dans les prochaines années, conservant en particulier l'espoir de faire revenir l'Afrique du Sud sur son annulation d'une commande de huit appareils, a indiqué M. Urena.