Le titre Dexia se replie de 0,73% à 2,858 euros aujourd'hui après la publication d'une note de Moody's. L'agence de notation exprime son inquiétude quant à la santé financière de trois filiales du groupe : Dexia Bank Belgium (DBB), Dexia Credit Local (DCL) et Dexia Banque Internationale à Luxembourg (DBIL). Moody's a placé ces trois filiales sous revue en vue d'une éventuelle dégradation à la baisse de leurs notes à long termes. Elles pourraient passer de A1 actuellement à Baa3 ou Ba1.
Les craintes de l'agence de notation portent sur le financement de Dexia, qui continue selon lui à recourir au financement à court terme et sécurisé. Moody's reconnaît les progrès « substantiels » effectués par Dexia sur le plan de ses besoins de financement à court terme sur les deux dernières années, mais ajoute qu'ils restent importants. Il ajoute que les nouvelles évolutions dépendront des cessions et du désendettement.
Selon lui, le coût élevé de refinancement de Dexia pose par ailleurs des questions sur la pertinence du modèle économique.
Moody's s'inquiète en outre de l'impact potentiel des mesures de Bâle III sur la liquidité du groupe ainsi que sur sa capitalisation.
De son côté, Dexia a indiqué que le financement "long term unsecured" représente volontairement une part très limitée du financement, de l'ordre de 2 milliards d'euros sur un programme de l'ordre de 15 milliards en 2011.
Dexia précise qu'il aura réalisé à la fin du mois de mars 41% de son programme annuel de "long term funding" (6,1 milliards sur un total de 15 milliards d'euros) et 45% de son programme de "deleveraging" (6,7 milliards sur un programme total de 15 milliards).
Oddo a renouvelé sa recommandation Neutre et son objectif de cours de 3,60 euros sur la valeur.
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- Dexia opère une restructuration profonde avec le recentrage des activités, la vente de la filiale américaine FSA déficitaire, la réorientation du refinancement, un arrêt du trading pour compte propre, et une réduction des coûts.
- D'ici à 2014, la banque franco-belge entend refonder son modèle économique, jusqu'alors centré sur le financement des collectivités territoriales, sur trois nouveaux piliers: les revenus issus des franchises commerciales, le dynamisme du marché turc et le développement de la banque de détail.
- Le groupe est désormais engagé dans des activités moins risquées.
- Les prêts aux collectivités locales sont porteurs dans les pays émergents. La banque fait de la Turquie un moteur de croissance. En 2014, six clients de Dexia sur dix seront Turcs.
- La banque est extrêmement attentive à sa liquidité. Le ratio de fonds propres est de 12%.
- Depuis le 30 juin 2010, Dexia ne bénéficie plus, comme prévu, du mécanisme de garantie des Etats pour se refinancer.
- Le système de rémunération des dirigeants a été complètement revu de façon à éviter les abus.
=/Les points faibles de la valeur/=
- La Commission Européenne a imposé de fortes contraintes à Dexia en contrepartie du plan de sauvetage.
- Les revenus de Dexia devraient rester sous pression en 2011 du fait de ces contraintes de cessions avec notamment une réduction imposée de bilan de 35% d'ici à 2014.
- L'une des exigences est également de ne pas acquérir une autre banque avant fin 2011.
- Le coût de la restructuration reste difficile à prévoir. L'amélioration des résultats n'est attendue qu'à partir de 2012.
- En rééquilibrant ses activités en faveur de la banque de détail, Dexia s'oriente vers des activités à faibles marges et très concurrentielles.
- La stratégie de croissance en Turquie n'est pas sans risque.
- La Commission Européenne impose à Dexia de verser des dividendes éventuels en actions jusqu'en 2011.
- En dépit de la cession de sa filiale américaine FSA, Dexia va conserver une exposition à certains actifs.
- La valeur est, à l'image de l'ensemble du secteur, très volatile.
=/Comment suivre la valeur/=
- La valeur ne fait plus partie du CAC 40 depuis le 20 septembre 2010.
- Le titre a perdu son statut de valeur refuge qui prévalait avant la crise du fait de son exposition aux collectivités locales. C'est désormais une valeur de restructuration assez spéculative.
- Suivre de près l'évolution des résultats, fragilisés par les exigences de la Commission Européenne.
- La possibilité d'une alliance avec la Banque Postale dans la banque de réseau est régulièrement évoquée.
- Le retour sur fonds propres (ROE), qui mesure la rentabilité des banques, est l'un des ratios clé du secteur.
- En tant que valeur financière, le titre est influencé par une série d'éléments : (i) les taux d'intérêt dont l'évolution dépend des politiques monétaires (notamment des banques centrales européenne et américaine), (ii) l'état des Bourses mondiales qui influencera ses activités de banque de financement et d'investissement et de gestion d'actifs, (iii) les niveaux de consommation et d'épargne des ménages qui influeront sur les performances de la banque de détail.
- Le coût du risque reste à surveiller.
- Surveiller également la mise en place du dispositif « de Bâle III » qui oblige les banques à augmenter leurs fonds propres pour résister aux crises. Le Comité exige que les établissements financiers affichent d'ici au 1er janvier 2019 un ratio de solvabilité Tier 1 (le noyau dur des capitaux propres des institutions financières) d'au moins 4,5%, contre 2% jusque-là. Un matelas supplémentaire de 2,5% est également exigé. Ce qui porte le pourcentage total à 7%.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Deux changements importants vont avoir un impact sur l'avenir des banques françaises. Premièrement, elles vont être soumises à une nouvelle taxe dès l'année prochaine. La taxe bancaire, qui s'appliquera à une vingtaine de banques, établissements de crédit et entreprises d'investissement, abondera le budget de l'Etat à hauteur de 504 millions d'euros l'an prochain. A cela s'ajoutera une augmentation de la participation des établissements financiers au fonds de garantie des dépôts, à hauteur de 90 millions d'euros supplémentaires en 2011, 2012, puis 2013, soit 270 millions en tout. En 2013, les autorités estiment que plus de 1 milliard d'euros de recettes supplémentaires sera prélevé auprès des banques. De plus, de nouvelles normes prudentielles vont voir le jour avec la finalisation de l'accord Bâle III, applicable à l'HORIZON 2019. L'objectif est de relever de 2% à 7%, d'ici 2019, le ratio de solvabilité bancaire. Ce ratio rapporte les fonds propres d'un établissement à ses engagements dans l'économie. Plus il est élevé plus les prises de risques sont limitées.