Ingenico a bondi de plus de 20% la semaine dernière, soutenu par un article de presse annonçant que le spécialiste des transactions sécurisées travaillait avec Google sur le paiement sans contact, de même que son concurrent Verifone. Le projet de Google repose sur la technologie Near Field Communication (NFC) qui permet des transferts de données entre deux appareils électroniques placés à quelques centimètres l'un de l'autre. Ses principales applications sont l'échange de contenus et le paiement à partir d'un téléphone portable.
Tout le monde, ou presque, possédant désormais un téléphone portable, ce marché est potentiellement très important. Dans une étude publiée en février, Citigroup estimait que plus de 75% des téléphones portables pourraient inclure cette technologie d'ici trois ans.
Mais certains problèmes doivent être résolus avant que le NFC ne devienne un marché de masse. Le premier, et pas le moindre, est l'absence de modèle économique. Celui-ci devra combiner les intérêts des fabricants de téléphones, des opérateurs télécoms et des banques... Citigroup citait également les incertitudes entourant l'intérêt pour les consommateurs d'abandonner leur carte de paiement pour cette technologie, mais également l'inquiétude des commerçants à propos des frais et de la sécurité.
Le projet de Google vise à déployer, d'ici à l'été, plusieurs milliers de terminaux NFC chez des commerçants de New York et San Francisco, mais aussi, à terme, dans d'autres villes comme Los Angeles, Chicago, Washington et Portland. Ces appareils seront financés par Google.
Signe de l'importance du NFC pour Ingenico, le groupe a annoncé lundi le doublement de ses ventes de terminaux de paiement incluant cette technologie en 2010. Ils représentent désormais 21% de ses ventes totales de terminaux. Le même jour, STMicroelectronics et Gemalto ont annoncé un nouveau partenariat portant sur le développement d'une gamme de solutions conçues pour initier et distribuer des services de sécurité numérique pour applications sans contact NFC.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Ingenico est le leader des solutions de paiement sécurisées avec une gamme complète de produits et une présence mondiale ;
- La stratégie d'Ingenico depuis deux ans est d'arriver à trouver les moyens d'aller vers un modèle économique de rémunération sur le volume de transactions plutôt que sur la rémunération des ventes de terminaux ; d'où une incursion progressive dans les services de paiement, activité plus margée, accélérée par l'acquisition fin 2009 de l'allemand Easycash. Deux nouvelles acquisitions ont été réalisées début juillet 2010, à Singapour et en Espagne ;
- La part de l'activité Services doit ainsi passer de 20% du CA en 2009 à 40% en 2013. Cela devrait s'accompagner d'une revalorisation en Bourse ;
- La poursuite de la migration vers la nouvelle norme de carte à puce EMV (Europay MasterCard Visa) mais aussi la forte croissance de secteurs en devenir, comme le commerce mobile sécurisé et l'identité électronique, de même que l'équipement rapide des pays émergents, soutiennent la croissance du groupe ;
- L'acquisition, en 2008, de 55% du chinois Fujian Landi permet à Ingenico de se positionner sur un marché qui affiche une croissance des ventes de 20% par an ;
- Le groupe bénéficie d'une forte capacité d'innovation. Le budget R&D représente plus de 8% de son chiffre d'affaires ;
- La stratégie du groupe est considérée comme lisible ;
- La situation financière du groupe est saine.
Les points faibles de la valeur
- La visibilité reste faible sur la reprise des commandes des grands comptes ;
- Les synergies attendues de l'acquisition d'Easycash ne sont pas encore chiffrées ;
- A terme, les opérateurs télécoms, qui souhaitent faire du téléphone portable un moyen de paiement, pourraient représenter une menace pour le groupe.
Comment suivre la valeur
- Si le marché américain est porteur dans le domaine des terminaux de paiement, l'exposition du groupe à cette zone lui confère une sensibilité au dollar ;
- Le groupe se dit prêt à réaliser de nouvelles opérations de croissance externe ;
- Le capital pourrait évoluer comme l'a démontré la spéculation de décembre 2010. Safran est vendeur de sa participation. Mais l'Etat français veut sécuriser le capital d'Ingenico et n'acceptera pas un raid de la part d'une société étrangère, ce qui pourrait faire fuir les prédateurs. Le FSI pourrait donc racheter cette participation.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Informatique - SSII
Les professionnels estiment que 2010 devrait être une année de transition car les carnets de commandes des sociétés françaises sont à nouveau remplis et que les clients dégèlent progressivement les prises de décision. Ils prévoient donc que le marché des logiciels et services devrait croître de 2,2% en France comme au niveau mondial, après un recul d'un peu plus de 3% en 2009. La reprise sera moins vigoureuse en Allemagne où elle n'atteindra que 1,6% et au Royaume-Uni où elle s'établira à 1,4%. La relance de l'emploi du secteur en France, qui a été entamée à la fin du second trimestre, devrait donc se poursuivre.