Quelque 250.000 euros ont bien été versés à l'informateur anonyme de Renault, dont les dénonciations ont déclenché des soupçons d'espionnage et le licenciement de trois cadres, a confirmé mercredi l'avocat du constructeur automobile, Me Jean Reinhart.
"Dans le cadre de l'audit réalisé et de la recollection de factures, il apparaît qu'un montant d'environ 250.000 euros a été versé", a-t-il dit à l'AFP, confirmant une information du Canard Enchaîné.
Cette somme a transité par l'enquêteur privé qui faisait office d'intermédiaire entre le service de sécurité de Renault et l'informateur censé avoir donné corps aux soupçons d'espionnage, a-t-il précisé.
Selon le Canard, cet informateur anonyme attend 200.000 autres euros pour son travail et en réclame 900.000 pour apporter des preuves écrites de ces accusations. L'avocat de Renault n'a pas confirmé ces demandes, les qualifiant d'"absurdes".
Seul un membre du service de sécurité de Renault connaît cet informateur anonyme et "nous lui demandons de dévoiler son identité aux enquêteurs de la DCRI", la Direction centrale du renseignement intérieur qui mène les investigations, a dit Me Reinhart.
Après avoir crié à l'espionnage, la direction de Renault évoque désormais la thèse d'une "manipulation" dans cette affaire qui a conduit au licenciement de trois de ses cadres.
Le parquet de Paris attend le retour de demandes d'entraide judiciaire pour vérifier, sur la base des accusations anonymes, l'existence éventuelle de comptes appartenant à ces cadres au Liechtenstein et en Suisse.
Pour l'heure, aucune trace de ces comptes n'a été trouvée dans ces deux pays, selon des sources proches de l'enquête.
L'affaire d'espionnage a éclaté début janvier avec la mise à pied puis le licenciement de trois cadres haut placés, à la suite d'une enquête interne de Renault consécutive à l'envoi de courriers anonymes.
Ces cadres étaient soupçonnés d'avoir touché des pots-de-vin via des comptes bancaires en Suisse ou au Liechtenstein.