En hausse de 4,53% à 35,07 euros, le certificat d'investissement Areva affiche la plus forte hausse du SBF 120, soutenu par le bond de 60,7% de son résultat opérationnel hors éléments particuliers et par la confirmation de ses objectifs 2012. L'an dernier, le spécialiste du nucléaire a toutefois accusé une perte opérationnelle de 423 millions d'euros en raison de trois facteurs : des dépréciations sur certains actifs miniers (426 millions), les retards du chantier de l'EPR finlandais (367 millions de provisions supplémentaires) et l'impact de la fermeture de l'usine de Besse (121 millions).
Pour autant, Areva a confirmé ses objectifs. Pour 2011, le groupe français anticipe une marge opérationnelle supérieure à 5% (contre 5,8% en 2010), une progression du chiffre d'affaires et une croissance significative du carnet de commandes.
Pour 2012, il vise une marge opérationnelle à deux chiffres, un chiffre d'affaires de 12 milliards d'euros et cash-flow opérationnel libre significativement positif.
La présidente du directoire Anne Lauvergeon a également souligné le renforcement de la structure financière. "Nous avons levé sur les deux dernières années 7,1 milliards d'euros et sécurisé notre position de liquidité pour assurer notre développement".
Cette publication intervient alors que l'Elysée s'interroge sur le sort d'Anne Lauvergeon à la tête du groupe, son deuxième mandat arrivant à échéance fin juin.
A ce titre, l'ancienne sherpa de François Mitterrand a défendu sa candidature à un nouveau mandat.
"Bien s-r, j'ai envie de continuer. En dix ans, nous sommes devenu un acteur d'envergure mondiale", a déclaré Anne Lauvergeon lors d'une conférence avec la presse et les analystes. "Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?"
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- Présent sur toute la chaîne nucléaire, Areva est bien placé pour tirer parti du retour du nucléaire dans le monde.
- Le plan stratégique lancé en 2005 a porté ses fruits : Areva a renforcé ses positions dans l'ensemble du cycle nucléaire.
- Le groupe public (détenu à 97% par l'Etat) se répartit désormais entre les Mines d'uranium, l'Amont (enrichissement, fabrication du combustible), les Réacteurs et Services, l'Aval (traitement et recyclage des déchets nucléaires) et les Energies Renouvelables.
- Ce nouveau mode d'organisation vise à tirer « le meilleur parti du modèle intégré » d'Areva, qui consiste à associer toutes les activités de la chaîne du nucléaire, des mines d'uranium au traitement des déchets, en passant par la construction des réacteurs.
=/Les points faibles de la valeur/=
- Pour saisir les opportunités sectorielles, le groupe a besoin de considérables financements. Il doit investir près de 2,5 milliards d'euros par an en moyenne entre 2009 et 2012. Or, l'Etat, son actionnaire majoritaire, n'a pas les moyens de soutenir le développement de la société. L'ouverture du capital est sans cesse repoussée.
- Areva affiche un cash-flow opérationnel négatif. La situation financière de l'industriel est contrainte. Plusieurs mesures (cessions, augmentations de capital, émissions obligataires) visent à améliorer la situation. Mais elles tardent à se concrétiser. Seule la cession de T&D (à Alstom et Schneider) a été réalisée.
- L'agence de notation Standard & Poor's a abaissé fin juin 2010 de 2 crans la note d'Areva à « BBB+ », contre « A ». L'agence estime que « la profitabilité du groupe va rester déprimée au cours des deux prochaines années ». Cette dégradation pourrait nuire au financement sur le marché obligataire.
- La construction de réacteurs n'est pas rentable. Cette activité était en perte opérationnelle, même avant les provisions du chantier finlandais. Le groupe propose des réacteurs de troisième génération appelés EPR, qui sont encore des prototypes.
- Depuis le début du chantier de l'EPR, le groupe dirigé par Anne Lauvergeon a été contraint de passer des provisions supplémentaires (et conséquentes) à de nombreuses reprises. Les analystes en attendent de nouvelles d'ici à l'achèvement du chantier. La visibilité reste donc faible sur ce dossier.
=/Comment suivre la valeur/=
- Areva peut encore être considérée comme une valeur de restructuration.
- Le dossier est éminemment politique.
- Le marché spécule régulièrement sur le départ prochain d'Anne Lauvergeon, la médiatique dirigeante d'Areva. Son mandat prend fin en juin 2011.
- Le projet d'augmentation de capital est un véritable feuilleton à rebondissement. Cett augmentation est désormais évoquée pour la fin 2010 avec une participation de KIA, le fonds souverain koweitien. Mais Areva semble envisager d'autres options pour financer ses besoins en développement comme une ouverture du capital avec mise en Bourse, solution privilégiée depuis plusieurs années par Anne Lauvergeon, l'entrée du FSI ou encore un rapprochement des actifs miniers d'Areva avec ceux d'Eramet.
- L'augmentation de la part d'EDF au capital d'Areva est souvent évoquée. Areva et EDF sont historiquement imbriquées. Areva est le premier fournisseur d'EDF et EDF son premier client. Mais leur relation n'est plus exclusive et les deux groupes sont en désaccord sur deux contrats. L'une des brouilles, dans le traitement du combustible usé, a été résolue. L'autre, l'enrichissement d'uranium, est encore en discussion.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Services aux collectivités
Le deuxième acteur mondial dans le domaine de l'électricité est né. Deux ans après la fusion entre Gaz de France et Suez, GDF Suez vient de reprendre le britannique International Power. Il est ainsi propulsé du neuvième au deuxième rang des producteurs mondiaux d'électricité, derrière EDF. Il devient également le leader mondial des groupes de services aux collectivités (utilities) en tenant compte de la production de gaz. Toutefois, cette opération va accroître la dette de GDF Suez, qui va passer de 33,5 à 42,4 milliards d'euros. Le groupe français compte donc lancer des cessions de 4 à 5 milliards d'euros.