Accor a annoncé la réalisation de l'opération de cession de sa participation de 49% dans le capital de Groupe Lucien Barrière, pour un montant total de 268 millions d'euros. Accor et Groupe Lucien Barrière continueront à mettre en oeuvre les synergies sur lesquelles ils s'appuient en matière notamment de politique d'achat, précise dans un communiqué le groupe hôtelier. Suite à cette opération, Accor ne détient plus aucune participation dans Groupe Lucien Barrière.
A l'issue de cette cession, les familles Desseigne-Barrière et Fimalac détiendront respectivement 60% et 40% de Groupe Lucien Barrière.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Accor est le leader européen de l'hôtellerie. Du luxe à l'économique, en passant par les haut et milieu de gamme, Accor couvre tous les segments du marché ;
- Accor est désormais un pure player de l'hôtellerie après les cessions d'actifs non stratégiques (hormis la participation dans Lucien Barrière dont l'introduction en Bourse a échoué à l'automne 2010), la scission du groupe et la cotation de la branche services pré-payés (Edenred) en juillet 2010 ; ce recentrage autour de marques comme Sofitel, Novotel, Pullman, Mercure, Ibis ou Etap permet de mieux valoriser le groupe ;
- Sa stratégie de gestion des actifs immobiliers, appelée asset right, démarque le groupe de ses concurrents. D'ici 2015, 80% des hôtels du groupe ne seront plus détenus en pleine propriété, mais gérés en contrat de management ou en franchise, un vrai changement de modèle économique ;
- Le nouvel homme fort d'Accor, Denis Hennequin, est un expert de la franchise. Jusque-là patron Europe de McDonald's, et administrateur d'Accor depuis 2009, il a fait ses preuves en imposant le groupe américain comme le premier restaurateur de France.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe est peu diversifié géographiquement et tire plus de 70% de ses revenus de l'Europe (France incluse) ;
- En période de crise économique, les haut et milieu de gamme, où Accor réalise 58% de son chiffre d'affaires, sont les segments les plus touchés ;
- Le nouveau groupe doit convaincre la communauté financière de sa capacité à créer de la valeur ;
- Le plan Ariane 2015 est jugé très ambitieux. Ce programme, qui prévoit la cession de 450 murs d'hôtels sur la période 2010-2013, doit rapporter 2 milliards d'euros et permettre le désendettement complet de l'hôtellerie. La question est de savoir si la conjoncture permettra de tenir ces engagements ;
- Les agences de notation sont pessimistes sur la capacité d'Accor à tenir ses objectifs de désendettement, notamment après l'échec de l'introduction en Bourse de Lucien Barrière et donc de la cession de la participation d'Accor dans le groupe de casinos.
Comment suivre la valeur
- L'hôtellerie est une activité cyclique. Très présent en Europe, Accor est particulièrement sensible à la conjoncture européenne ;
- Les indices sectoriels à suivre sont le taux d'occupation des hôtels et le RevPar, revenu par chambre disponible ;
- Bien que déjà opéable, Accor l'est encore plus après le recentrage sur l'hôtellerie. Le groupe peut intéresser un concurrent qui souhaiterait se renforcer en Europe sur le milieu de gamme et sur l'hôtellerie économique, où Accor est leader avec des marques comme Ibis et Formule 1 ;
- Suivre les résultats du plan Ariane 2015, qui vise à faire d'Accor le troisième groupe mondial dans l'hôtellerie ;
- Colony Capital et d'Eurazeo, qui détiennent près de 28% du capital gérés de concert, influencent la stratégie du groupe.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Hotellerie et loisirs
Le secrétaire général de l'OMT appelle à la prudence pour l'avenir du secteur, en rappelant qu'aux Etats-Unis et dans plusieurs grands pays européens la reprise de l'économie n'est pas encore très solide. Néanmoins, l'organisation maintient sa prévision de croissance pour 2010, comprise entre 3 et 4%, après un recul de 4,2% l'an passé. Pour améliorer leur rentabilité et mieux affronter les variations d'activité, les grands groupes hôteliers poursuivent une stratégie basée sur la cession d'une partie croissante de leur patrimoine. Au cours du premier semestre, Accor a modifié le statut de trente-huit de ses hôtels, désormais exploités en contrat de gestion ou en franchise. Grâce à ce désengagement, le groupe peut se désendetter. Le principal relais de croissance de l'industrie hôtelière se situe dans les pays émergents, où la clientèle des particuliers ne cesse de croître. La concurrence peut y être rude : en 2009, les enseignes chinoises Home Inns et Jin Jiang ont augmenté le nombre de leurs chambres de respectivement 70% et 16%. Pour réagir, les grandes chaînes internationales multiplient les projets.