Le chômage a légèrement reculé au quatrième trimestre 2010, pour s'établir à 9,2% de la population active en France métropolitaine - 9,6% DOM compris-, un taux que le ministre du Travail a jugé jeudi "encourageant" tout en prévenant qu'il fallait encore transformer l'essai.
Les 9,2%, calculés selon les normes du Bureau International du Travail (BIT), représentent une baisse de 0,1 point par rapport au trimestre précédent et de 0,3 point par rapport au dernier trimestre 2009, a annoncé l'Insee.
"Ces chiffres sont encourageants mais le mouvement de baisse doit maintenant se confirmer afin que l?année 2011 consacre une diminution durable du chômage", a commenté Xavier Bertrand.
Le ministre du Travail et de l'Emploi avait précédemment souligné qu'on ne saurait parler de fin de crise tant que le chômage n'aurait pas baissé sur la durée.
Le taux de chômage, au sens du BIT, reflète le taux de personnes n'ayant pas du tout travaillé dans la semaine donnée, disponibles pour travailler dans les deux semaines et ayant entrepris des recherches actives d'emploi le mois précédent.
En France métropolitaine, 2,6 millions de personnes étaient au chômage en moyenne au quatrième trimestre.
Mais, au total, 3,4 millions de personnes n'avaient pas d'emploi et souhaitaient néanmoins travailler, disponibles ou non pour cela dans les deux semaines et en recherche d'emploi ou non.
Et si le taux de chômage baisse de 0,1 point, le taux d'emploi des 15-64 ans baisse aussi de 0,1 point par rapport au troisième trimestre (+0,2 point sur un an).
"La baisse du chômage est donc une fausse bonne surprise", a commenté Mathieu Plane, économiste senior à l'OFCE (centre de recherche en économie de Sciences Po).
"Elle ne coïncide pas avec la création d'emplois, avec une hausse du taux d'activité, mais s'explique par des sorties d'activité de personnes auparavant considérées comme chômeuses, notamment chez les jeunes et les femmes", selon lui.
"C'est le +chômage découragé+: quand la situation sur le marché du travail est dégradée, certains arrêtent de chercher du travail, ou prolongent leurs études, et sortent des statistiques", a-t-il expliqué.
L'économiste souligne en outre la montée du sous-emploi (6,0% des personnes en emploi, après 5,6% au troisième trimestre) et de l'emploi précaire, avec un taux d'emploi en CDD et en intérim en hausse de 0,2 point à 6,8%.
Le chômage partiel a augmenté de 0,4% des personnes en emploi, à 0,8%, "en partie à cause des intempéries", explique l'Insee.
Pour Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du Conseil d'orientation pour l'emploi, organisme placé auprès du Premier ministre, "la situation de l'emploi s'est globalement stabilisée".
"Mais l'important est voir d'où l'on vient. Au premier trimestre 2008, le chômage était à 7,2% et on en est à 9,2%. 7,2% c'était 600.000 chômeurs de moins. C'est pour cela qu'il ne faut pas du tout réduire la voilure sur la politique de l'emploi", a-t-elle ajouté.
Le président Nicolas Sarkozy, qui avait promis un recul du chômage pour cette année, a confirmé mardi le déblocage d'une enveloppe supplémentaire de 500 millions d'euros pour l'emploi en 2011, notamment, pour développer l'alternance afin de favoriser l'insertion des jeunes, et des contrats aidés.
Selon les statistiques de l'Insee, les 15-24 ans ont vu leur taux de chômage baisser de 1,8 point en glissement annuel à 22,3%.
Mme Carrère-Gée a estimé que les annonces gouvernementales allaient "dans le bon sens", prônant en sus un retour à la politique, interrompue en juin, du "zéro charge" patronale pour les embauches dans les entreprises de moins de dix salariés.