
La Chine est devenue le troisième pays le plus représenté en termes de droits de vote à la Banque Mondiale, après les États-Unis et le Japon. La revanche de pays colonisé est en marche, en effet les pays émergents reprennent petit à petit la place qu’ils occupaient dans le passés, avant la colonisation.
Consciente de la place des pays émergents, tel que la Chine, la Banque Mondiale a pris en compte le poids des pays dits « en développement et en transition » dans l’économie mondiale. L’Empire du milieu est la seconde puissance économique mondiale, avec des retards en matière de protection sociale ou du PIB/hab, mais le pays est parvenu à maintenir sa croissance et à faire face à la crise économique et financière.
La BM a proposé de relever le droit de vote dans son sein aux chinois, suite à la demande en septembre 2010 par le Groupe des 20 pays, qui souhaitait le transfert d’environ 3% des voix des pays en voie de développement vers les autres. Une première depuis 20 ans, les 186 pays membres de la BM ont accepté lors d’une réunion du FMI à Washington, en avril 2010, l’augmentation de capital de 3,5 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros), à laquelle les pays en développement pourront ajouter 1,6 milliard de dollars. Ce qui leur permettra d’augmenter leurs droits de vote. « L‘approbation de ce changement sur les droits de vote est cruciale pour la légitimité de la banque », a indiqué le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick.<:p>
La Chine détient 4,42% des parts
Cette décision positionne la Chine à la troisième place, derrière les États-Unis au premier rang avec une part de 16,4%, suivis du Japon (7,9%). « Cette augmentation s’inscrit dans l’engagement du Comité de développement pris en octobre 2009 à Istanbul pour générer une hausse significative d’au moins 3 points de pourcentage » du doit de vote des pays en développement, a indiqué la déclaration de la Banque mondiale, d’avril 2010.
Cette décision survient après le sommet du G20 tenu en septembre 2009 à Pittsburgh (États-Unis) et la réunion du Comité de développement en octobre 2009 à Istanbul, durant lesquelles les actionnaires de la Banque mondiale ont convenu d’augmenter le droit de vote d’au moins 47% des pays en développement et en transition.
Le président de la Banque mondiale Robert Zoellick avait souligné que la BM se trouvait à « un point tournant » et que les actionnaires devaient respecter « leur engagement en augmentant les droits de vote des pays en développement dans l’organisation financière internationale ».
A l’époque, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner avait affirmé que « la nouvelle formule reflètera mieux le poids des pays en développement et en transition dans l’économie mondiale, en protégeant les voix des plus petits et pauvres pays ».
La Chine a vu ses droits de vote passer de 2,77% à 4,42%, ce qui représente « un pas important vers un rééquilibrage entre pays en développement et avancés » a annoncé le ministre des Finances chinois Xie Xuren, cité par l’agence officielle Chine Nouvelle.
La Chine meilleure créditeur que la Banque Mondiale
Souvent contestée par la communauté internationale, la Chine est un acteur économique primordial en Afrique, mais aussi en Amérique latine et en Europe. Sans compter sur le fait que Pékin est le créancier des États-Unis. En effet, les IDE (investissements directs étrangers) chinois ont augmenté de 23,4% en glissement annuel en janvier (2011) pour atteindre 10,03 milliards de dollars, a annoncé Yao Jian, porte-parole du ministère chinois du Commerce, le 17 février 2011.
Ces investissements massifs, notamment dans les pays en voie de développement, détrônent la banque mondiale, selon l’enquête réalisée par le quotidien britannique Financial Times. A la différence des chinois, les prêts de la banque mondiale sont soumis à des conditions, souvent jugées irréalisables par les dirigeants. Les pays en voie de développement font appel à la BM, qui alloue des enveloppes mais en contrepartie souhaite lutter contre la pauvreté dans ces pays, et exige qu’ils suivent une politique économique libérale. Mais aussi le respect des droits de l’homme et une bonne gouvernance.
Ces dernières années, la Chine a joué de plus en plus le rôle de créancier des pays en développement. La Banque le développement de Chine (BDC) et la Banque d’import-export de Chine, ont accordé en 2009 et 2010 des prêts d’une valeur d’environ 110 milliards de dollars, contre 100,3 milliards de dollars pour la Banque mondiale. En échange de ces prêts la Chine a accès aux matières premières (pétrole, bois et minéraux). Selon Arnoud Boot, professeur en financement des entreprises et marchés de capitaux à l’Université d’Amsterdam, cité par Radio Nederland Wereldomroep, « La Chine investit dans ces pays en aménageant des routes, des voies ferrées et des ports. C’est, bien sûr, en grande partie dans le propre intérêt de la Chine. Mais l’Afrique est depuis des décennies déjà un continent pauvre. Ces investissements offrent à ces pays une perspective de sortir de la misère ».