En annonçant un traitement de choc visant à réduire son endettement massif (14 milliards d'euros au 31 décembre 2010), Lafarge a heureusement surpris des investisseurs qui n'attendaient pas un régime si ambitieux. L'action du premier cimentier du monde bondit de 2,88% à 47,32 euros, occupant ainsi la première place du CAC 40. Le groupe prévoit de réduire d'au moins deux milliards d'euros sa dette en 2011 à la faveur notamment d'une division par deux de son dividende et de nouvelles cessions d'actifs.
Preuve que le processus est engagé, Lafarge a annoncé le regroupement de ses activités avec celle du géant minier britannique Anglo American au Royaume-Uni. Selon le cimentier français, ce rapprochement permettra de créer des synergies supérieures à 60 millions de livres par an.
Par ailleurs, Lafarge va verser un dividende réduit à un euro au titre de l'exercice 2010, contre deux euros en 2009. Le groupe s'est enfin engagé à céder 750 millions d'euros d'actifs non stratégiques.
Concernant l'Egypte, l'autre motif d'inquiétude des investisseurs, le PDG Bruno Laffont a assuré que les évènements ont eu "un impact économique limité". Les ventes du groupe ont repris le 5 février et sont revenues quasiment à leur niveau d'avant la crise politique.
Ces annonces relèguent au second plan des résultats annuels sans surprise. L'an dernier, le cimentier a réalisé un résultat net en hausse de 12% à 827 millions d'euros pour un chiffre d'affaires en progression de 2% à 16,2 milliards d'euros. Les analystes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur un résultat net de 849 millions et sur un chiffre d'affaires de 16,1 milliards.
Le premier cimentier mondial anticipe pour 2011 une croissance des volumes de ciment comprise entre 3% et 6%, contre de -1% à +3% attendu en 2010.
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Les perspectives ne sont pas bonnes pour le secteur. Alors que Lafarge a réduit ses estimations de ventes de ciment pour 2010 en raison d'une conjoncture maussade, Holcim ne fait pas de prévisions pour l'évolution de ses marchés européen et nord-américain et constate un certain degré d'incertitude dans ces régions ainsi qu'une instabilité en Amérique latine. Seule l'Afrique et l'Asie Pacifique montreraient des tendances positives. Le mexicain Cemex est le seul à estimer que le climat économique s'est stabilisé. Dans un contexte morose, les agences de notation soulignent la faiblesse des fondamentaux de certains acteurs. C'est le cas de Lafarge. Sa notation risque d'être dégradée en junk bond. Il doit donc impérativement réduire sa dette nette, qui atteignait 15,16 milliards d'euros à la fin du premier semestre, pour ne pas voir s'accroître le coût de son financement.