Sanofi et Genzyme ont mis fin à des mois de négociations mercredi en annonçant un accord permettant au Français d'acquérir la société américaine de biotechnologies entre 20,1 et 23,9 milliards de dollars, en fonction des performances de l'un de ses nouveaux médicaments.
"Il s'agit de la deuxième plus importante opération dans les biotechs" jamais enregistrée, s'est félicité le directeur général de Sanofi Chris Viehbacher lors d'une conférence téléphonique.
A 20,1 milliards de dollars --contre 18,5 milliards initialement proposés--, l'acquisition de Genzyme (hors paiements conditionnels) se classe seulement derrière celle de l'américain Genentech par le suisse Roche pour 46,8 milliards de dollars, en 2009.
Les deux groupes espèrent pouvoir la clôturer au début du second semestre, ont-ils précisé dans un communiqué commun.
Annoncée le jour-même où s'achevait l'OPA de Sanofi à 69 dollars par action, rejetée par Genzyme et prolongée deux fois aux mêmes conditions, l'opération met fin à des mois de négociations ardues.
Face à la fermeté de Genzyme, qui lui a refusé pendant des mois l'examen de ses livres de comptes et de ses usines, Sanofi s'est finalement résolu à augmenter son offre de plus de 1,6 milliard de dollars pour emporter le morceau.
Le marché a bien accueilli l'annonce: l'action de Sanofi-Aventis a gagné 3,51% à 51,55 euros à Paris et celle de Genzyme progressait de 1,48% à 75,40 dollars à 16H50 GMT à New York.
L'offre du français se décompose d'une part fixe, de 74 dollars par action, soit 20,1 milliards de dollars, et de paiements conditionnés au niveau de production de deux des médicaments vedettes de Genzyme en 2011, le Cerezyme et le Fabrazyme, et surtout aux ventes du futur traitement du groupe contre la sclérose en plaques, le Lemtrada.
Ces paiements se feront par la mise en place de certificats de valeur garantie (CVR en anglais), qui seront cotés en Bourse et distribués à raison d'un par action Genzyme.
Au maximum, la valeur des CVR, qui expireront au plus tard fin 2020 et dont le paiement sera étalé dans le temps, pourra atteindre 14 dollars, ce qui représenterait un surcoût pour Sanofi d'environ 3,8 milliards de dollars, selon un calcul effectué par l'AFP.
Les négociations ont longtemps buté sur les deux points que permettent de régler les CVR: le redressement de la production de Cerezyme et le Fabrazyme, perturbée par un problème de contamination dans une usine américaine de Genzyme en 2009, et le potentiel des ventes futures du Lemtrada.
L'acquisition du groupe américain va être bénéfique pour le résultat par action de Sanofi "dans la première année suivant la réalisation de l'opération", assurent les groupes. Elle devrait faire gagner 0,75 à 1 euro de bénéfice par action d'ici 2013.
Le directeur financier de Sanofi Jérôme Contamine a préalablement évalué à 600 millions de dollars les synergies issues de l'opération, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.
Sanofi a annoncé il y a une semaine s'attendre à une baisse de 5 à 10% son bénéfice courant par action en 2011 à changes constants, une prévision qui ne prenait pas en compte acquisition de Genzyme.
Lors d'une conférence de presse au siège de Genzyme, à Cambridge (Nord-Est des Etats-Unis), le directeur général de Sanofi-Aventis a par ailleurs indiqué que son groupe ne devrait pas envisager de nouvelles acquisitions pendant un certain temps: "NOS mains sont plutôt pleines".
M. Viehbacher a précisé que, malgré les problèmes de production rencontrés par Genzyme, sa marque restait "l'étalon-or pour certains modèles de recherche fondés sur les patients" et serait conservée.
Genzyme a parallèlement publié un bénéfice annuel de 422 millions de dollars, stable comparé à 2009, pour un chiffre d'affaires en hausse de 2% à 4,05 milliards de dollars. L'agence de notation Moody's a annoncé qu'elle envisageait de relever la note de Genzyme, actuellement à Baa2.