Kraft Foods victime du crise de foie ? En repli de 1,93% à 30,51 dollars, l'action du groupe agro-alimentaire américain signe la plus forte baisse du Dow Jones, pénalisé par un bénéfice trimestriel légèrement inférieur aux attentes. A l'instar de ses concurrents, notamment Sara Lee, Kraft Foods est très affecté par la hausse des prix des matières premières, notamment le blé, le maîs, la viande et le café. Le groupe a donc décidé de relever significativement les prix de ses principales marques : + 1,9%. Mais il ne peut pas encore mesurer l'impact potentiel sur ses ventes.
Kraft Foods a publié un bénéfice net de 540 millions de dollars au quatrième trimestre, soit 31 cents par action. L'an dernier, le groupe agro-alimentaire américain avait dévoilé un bénéfice de 710 millions, soit 48 cents par action.
En excluant les coûts d'acquisitions liés au rachat de Cadbury, le bénéfice par action ressortirait à 46 cents. Les ventes ont atteint 13,77 milliards de dollars, en hausse de 30%. Cette hausse est en grande partie liée au rachat de Cadbury : la croissance organique se limite à 6,5% sur la période.
Les analystes visaient un BPA hors exceptionnels de 47 cents et un chiffre d'affaires de 13,33 milliards.
"Un chiffre d'affaires au-dessus des attentes, mais des profits inférieurs, le problème provient clairement de la marge : la marge opérationnelle est de 9% en recul de 240 points de base", souligne Aurel dans une note.
Conscient de sa fragilité, le groupe a donc relevé ses prix. Cette hausse intervient à un moment ou la consommation dans les pays développés montre des signes de redressement.
Les ventes aux Etats-Unis sont en hausse de 3,3% (dont une hausse de prix de 1,7%). Les ventes en Europe sont en croissance de 29% (effet Cadbury) mais de 2,2% en croissance organique.
La demande dans les pays émergents reste forte. Y compris pour les produits de Cadbury, les profits dans les émergents sont en hausse de 74% à 4,1 milliards de dollars.
Le groupe a aussi annoncé de nouvelles charges liées à l'intégration de Cadbury. Pour 2011, il anticipe une croissance organique de 5% (4% hors effet calendaire). Les 2/3 de la croissance, cette année, passeront par des hausses de prix. Les profits opérationnels devraient croître entre 11% et 13%.
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Agroalimentaire
Le contexte est marqué par une volatilité des cours des matières premières. Les industriels de l'agroalimentaire s'adaptent en faisant preuve d'inventivité, à la fois sur le plan de leur portefeuille de produits et dans leurs relations avec les consommateurs. Selon certains spécialistes, plus de 80.000 innovations ont été recensées au niveau mondial l'an passé dans le domaine alimentaire, soit 15% de plus qu'en 2008. Le mouvement s'est poursuivi sur le premier semestre 2010. Les grands groupes cherchent ainsi à susciter l'appétit des consommateurs et à se différencier des marques de distributeurs. Côté débouchés, les industriels de l'agroalimentaire recherchent des relais de croissance en France en dehors des grandes surfaces, qui leur imposent une pression croissante.