La banque irlandaise nationalisée Anglo Irish Bank, au coeur de la crise financière et budgétaire qui secoue l'Irlande, a annoncé mardi qu'elle tablait sur une nouvelle perte annuelle record, à cause de sa montagne de prêts risqués, pendant que le gouvernement prépare son démantèlement.
Anglo Irish, qui avait déjà essuyé une perte record de 12,7 milliards d'euros en 2009, a dit prévoir une perte encore plus élevée pour l'exercice 2010, de 17,6 milliards d'euros.
Elle a justifié cette prévision par de nouvelles charges liées à son portefeuille de créances "toxiques". En excluant celles-ci, la banque pense avoir dégagé un bénéfice opérationnel de 1,8 milliard d'euros l'an dernier.
Cependant, grâce à une nouvelle injection de capital effectuée par l'Etat fin 2010, l'établissement assure disposer d'un niveau de fonds propres conforme aux exigences de la Banque centrale. Son niveau de fonds propres "durs" (ou Tier 1) atteignait ainsi 11% fin 2010.
Anglo Irish a rappelé avoir reçu en tout 29,3 milliards d'euros d'argent public au cours des deux dernières années, afin d'éponger ses pertes colossales, y compris celles de 2010.
Les pertes essuyées par les banques irlandaises sur le marché du crédit ont obligé l'Etat à les renflouer à hauteur de dizaines de milliards d'euros pour leur éviter la faillite, ce qui a fait exploser le déficit public à 32% du produit intérieur brut (PIB) l'an dernier et contraint Dublin à accepter l'an dernier un plan de sauvetage international de 85 milliards d'euros mis au point avec l'Union européenne et le Fonds monétaire internantional (FMI).
Par ailleurs, l'Anglo Irish Bank a annoncé que sa restructuration, exigée par les autorités européennes en contrepartie des aides publiques dont elle a bénéficié, et qui fait partie des contreparties au plan d'aide international, progressait.
Le gouvernement a soumis fin janvier un plan de restructuration à la Commission européenne, qui prévoit un rapprochement entre Anglo Irish et l'ex-banque mutualiste Irish Nationwide (INBS), nationalisée l'an dernier. Cette fusion, à laquelle Bruxelles doit encore donner son accord, devrait intervenir au cours du premier semestre 2011, a précisé Anglo Irish.
Ce rapprochement s'accompagnera de la cession des dépôts et de certains actifs des deux banques, qui sera menée par l'agence de gestion de la dette publique irlandaise, sous forme d'enchères. Les activités restantes, c'est à dire le portefeuille de crédits des deux banques, seront liquidées progressivement.
Le ministère irlandais des Finances a indiqué de son côté qu'il avait entamé ce mardi les démarches judiciaires en vue de lancer cette restructuration.
Il a dit vouloir procéder aux cessions "le plus vite possible", et s'attend à ce que Bruxelles rende son avis sur le plan de restructuration d'Anglo Irish et INBS "au cours du printemps".