Le premier producteur russe de pétrole Rosneft a annoncé vendredi un bénéfice net en très forte hausse en 2010, une nouvelle de bon augure alors que le groupe a donné ces dernières semaines un sérieux coup d'accélérateur à ses ambitions d'expansion internationale.
Le résultat a été publié alors que des informations de presse faisaient état vendredi de négociations sur le rachat par l'entreprise, détenue à 75% par l'Etat russe, d'une part dans la coentreprise TNK-BP.
L'entreprise, devenue numéro un en Russie après avoir mis la main sur les actifs de son concurrent Ioukos dans des circonstances controversées, a vu son bénéfice net bondir en 2010 de 63,7% à 10,67 milliards de dollars (7,7 milliards d'euros).
Son chiffre d'affaires a, lui, grimpé de 34,6% sur un an, à 63,05 milliards de dollars (45,6 milliards d'euros), grâce à la hausse des prix du pétrole et à l'augmentation de la production de brut.
Cette dernière a progressé de 6,4% en 2010, à 2,32 millions de barils par jour, grâce essentiellement au gigantesque gisement de Vankor (grand Nord russe) mis en exploitation en 2009, ainsi qu'à celui de Verkhnetchonsk (Sibérie orientale).
Sur le seul quatrième trimestre, le bénéfice net de Rosneft a augmenté de près de 83% par rapport à la même période de l'année précédente, à 3,06 milliards de dollars. Les ventes ont, elles, connu une hausse de plus de 19% à 17,38 milliards de dollars.
"Cette année, nous avons l'intention de nous concentrer sur nos projets d'investissement stratégiques, en particulier l'aménagement du gisement de Vankor pour atteindre une production maximale en 2014 et la modernisation de nos raffineries", a déclaré le PDG du groupe, Edouard Khoudaïnatov.
L'alliance stratégique signée en janvier avec la major britannique BP, figure aussi parmi les priorités du russe, ajoute M. Khoudaïnatov.
Cet accord sans précédent prévoit l'exploitation commune d'une région de 125.000 kilomètres carrés au coeur de l'Arctique russe, qui pourrait receler cinq milliards de tonnes de pétrole et 3.000 milliards de mètres cubes de gaz.
Il doit s'accompagner d'un échange de participations entre les deux groupes: Rosneft prendra 5% du capital de BP, et BP prendra en échange 9,5% du groupe public russe. De fait, le russe est sur le point de prendre pied dans une major occidentale.
L'alliance est toutefois suspendue pour l'heure, alors qu'elle remet en question l'avenir de la coentreprise TNK-BP, détenue à 50% par le géant britannique et à 50% par un consortium de quatre milliardaires russes (AAR).
Mardi, la Haute Cour de Londres a décidé, à la demande d'AAR, de suspendre jusqu'au 25 février son application, le temps de soumettre le différend à un tribunal arbitral.
AAR estime en effet que cette alliance enfreint les clauses du pacte d'actionnaires de TNK-BP, dans lequel les partenaires ont convenu de réaliser tous leurs projets en Russie et en Ukraine à travers l'entreprise commune.
Mais vendredi, le quotidien économique russe Vedomosti rapportait, citant des sources anonymes, qu'AAR était en négociations avec Rosneft et l'Etat russe pour vendre sa part dans TNK-BP.
Des informations démenties par les deux parties. "Rosneft ne mène aucune négociation avec les actionnaires de TNK-BP", a déclaré M. Khoudaïnatov lors d'une conférence téléphonique, ajoutant qu'une telle prise de participation n'était pas à l'agenda du groupe.
"Les informations sur des négociations et l'intention de vendre des actions sont du pur bluff", a pour sa part dit à Interfax une source proche d'AAR.