Le groupe pharmaceutique suisse Roche a annoncé mercredi avoir dégagé en 2010 un bénéfice en hausse de 11%, largement inférieur aux prévisions des analystes, et a dévoilé des perspectives de croissance prudentes face aux mesures d'austérité des gouvernements.
Le profit net attribuable aux actionnaires est ressorti à 8,7 milliards de francs suisses (6,7 milliards d'euros), après 7,8 milliards en 2009, a précisé Roche dans un communiqué.
Ces chiffres sont largement inférieurs aux prévisions des analystes interrogés par l'agence financière AWP, qui tablaient sur 10,1 milliards de francs suisses en moyenne.
Le bénéfice d'exploitation est ressorti en progression de 2% à 16,6 milliards de francs suisses, tandis que le chiffre d'affaires a reculé de 3% à 47,5 milliards sur la période.
La cherté de la monnaie helvétique, qui s'est appréciée l'année dernière de plus de 15% face à l'euro et d'environ 10% face au dollar, s'est répercutée dans les ventes de Roche, qui, en monnaies locales, ont été tout juste stables.
"Le groupe affiche un résultat solide, malgré un contexte de marché de plus en plus exigeant", a estimé le directeur général, Severin Schwan, cité dans le communiqué.
"Les douze nouvelles entités moléculaires innovantes que compte notre +pipeline+ pharmaceutique de stade avancé forment une base solide pour les succès futurs de l'entreprise", a-t-il ajouté.
Roche a non seulement subi le recul attendu des ventes de son antiviral Tamiflu, qui avaient explosé en 2009 en raison de la grippe H1N1, mais aussi de l'impact des réformes de santé et des mesures d'austérité amorcées par les gouvernements, notamment aux Etats-Unis.
Le laboratoire bâlois compte toujours sur ses médicaments phares Avastin, Mabthera et Herceptin, qui, à eux seuls, ont enregistré des ventes de 18,3 milliards de francs suisses.
Mais le groupe bataille aux Etats-Unis pour maintenir l'homologation de son médicament Avastin, l'un des plus vendus par le laboratoire, pour le traitement d'un type spécifique de cancer du sein.
Pour l'année en cours, le laboratoire s'attend à une hausse du chiffre d'affaires inférieure à 5% en monnaies locales dans la division pharmaceutiques et au niveau du groupe, "du fait de l'impact de la réforme de santé aux Etats-Unis et des mesures d'austérité en Europe".
Face aux difficultés dans le secteur pharmaceutique, Roche avait annoncé en novembre 2010 la suppression de 4.800 postes, une opération avec laquelle le groupe espère générer à partir de cette année 1,8 milliard de francs suisses d'économies et 2,4 milliards à partir de 2012.
L'opération produira également des frais de restructuration d'environ 2,7 milliards, a confirmé le groupe jeudi. La mise en oeuvre de ce programme doit être achevée en 2012, a souligné Roche.
Le groupe va par ailleurs verser à ses actionnaires au titre de l'exercice 2010 un dividende de 6,60 francs suisses par action, une hausse de 10% par rapport à 2009.