
Des bureaux de Renault ont été perquisitionnés ces derniers jours et quatre personnes entendues par les services de contre-espionnage français (DCRI), vivement critiqués par l'avocat du groupe automobile, qui les accuse de faire "fuiter" des informations à la presse.
Au cours de ces perquisitions, menées dans le cadre de l'affaire d'espionnage industriel rendue publique début janvier, les ordinateurs des trois cadres soupçonnés par Renault d'avoir fourni des informations à l'étranger ont été saisis, selon des sources proches du dossier.
Parmi les personnes entendues figurent trois responsables de la sécurité de Renault. L'identité de la quatrième personne n'a pas été révélée.
Les cadres soupçonnés, qui contestent vivement avoir communiqué toute information confidentielle sur leur entreprise, devraient être prochainement entendus, en qualité de témoins, a précisé une source proche de l'enquête. Ils n'ont pour l'heure pas accès au dossier, aucune information judiciaire n'ayant été ouverte.
Les perquisitions ont été menées par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) sous l'égide du parquet de Paris, en dehors des heures de bureau, sur le site de Renault Guyancourt (Yvelines).

L'avocat du constructeur automobile Me Jean Reinhart a vivement critiqué la DCRI, en l'accusant sur France Info de fournir à des médias des "éléments d'information" qui "portent préjudice d'une façon générale à l'image de Renault".
Auprès de l'AFP, il s'en est pris à ce qui s'apparente selon lui à "une manipulation", accusant "quelqu'un à la DCRI" de tenir "une conférence de presse permanente auprès de certains journalistes en faisant fuiter des éléments parcellaires ou déformés".
La DCRI s'est refusée à tout commentaire.
Comme on lui demandait si la DCRI agissait ainsi pour manifester un "mécontentement" d'avoir été tenue éloignée de l'affaire à ses débuts, Me Reinhart a estimé que c'était "une hypothèse".
"La DCRI a fait savoir d'ailleurs aux personnes qui ont été auditionnées que, bien sûr, les choses auraient extrêmement différentes si (...) la DCRI avait été saisie dès le mois d'octobre, ou novembre ou (...) décembre 2010", a déclaré l'avocat sur France Info.
Mais "toutes les pièces" de l'enquête menée par Renault ont été transmises à la DCRI, a-t-il affirmé auprès de l'AFP.
Toutefois, selon une source proche du dossier interrogée par l'AFP, la DCRI ne dispose d'aucun élément des investigations menées par des enquêteurs privés commandités par Renault.

Le PDG de Renault, Carlos Ghosn a expliqué au Journal du dimanche avoir lancé une enquête interne en août 2010 afin d'être sûr de la gravité de l'affaire, avant de prévenir les autorités en janvier.
L'affaire a éclaté début 2011 avec la mise à pied puis le licenciement de trois cadres du constructeur automobile, à la suite d'une enquête interne suivant l'envoi d'une lettre anonyme.
Renault les soupçonne d'avoir diffusé des informations sensibles sur la stratégie du groupe pour la voiture électrique, un enjeu économique colossal, représentant un investissement de 4 milliards d'euros avec l'allié japonais Nissan.
L'affaire a conduit au dépôt le 13 janvier d'une plainte contre X "pour des faits constitutifs d'espionnage industriel, de corruption, d'abus de confiance, de vol et recel, commis en bande organisée".
Les trois cadres concernés, Mathieu Tennenbaum, Michel Balthazard et Bertrand Rochette, nient en bloc et ont décidé de déposé plainte pour "dénonciation calomnieuse" ou "diffamation non publique".