
La compagnie ferroviaire transmanche Eurostar, filiale à 55% de la SNCF, a annoncé vendredi avoir engrangé une hausse de son trafic et de ses recettes l'an dernier, grâce au redémarrage de la clientèle d'affaires et à un attrait grandissant du train par rapport à l'avion.
L'entreprise a fait état dans un communiqué d'une hausse de 12% de son chiffre d'affaires en 2010, à 760 millions de livres, soit environ 913 millions d'euros, pour un nombre de passagers en progression de 3%, à 9,5 millions.
Ces performances sont en nette amélioration par rapport à l'exercice 2009, qui avait été plombé par la crise économique et financière, et s'était soldé par une progression de 1,7% du chiffre d'affaires de la compagnie.
Eurostar a expliqué l'accélération de son activité par la reprise des voyages d'affaires, qui ont nettement rebondi après avoir chuté durant la récession. Ce redémarrage explique la progression très soutenue du chiffre d'affaires (quatre fois plus importante que celle du trafic), cette catégorie de voyageurs étant beaucoup plus rentable que la clientèle de loisirs.
La compagnie n'a pas chiffré l'impact sur ses comptes des intempéries en fin d'année dernière. De fortes chutes de neige, notamment dans le nord de la France, avaient perturbé le trafic d'Eurostar, en provoquant une série de retards et d'annulations, sans égaler toutefois le chaos de Noël 2009, lorsque des pannes de trains provoquées par la neige l'avaient forcée à suspendre totalement ses services durant plusieurs jours.
A l'inverse, l'activité du groupe a été dopée au printemps par le nuage de cendres volcaniques qui, en paralysant le trafic aérien, a forcé de nombreux passagers de compagnies aériennes à se rabattre sur les trains jaunes et gris de la société ferroviaire transmanche.
Eurostar évoque également un succès grandissant du train à grande vitesse au détriment de l'avion sur les trajets entre Londres et le Continent. Elle a visiblement gagné de nouvelles parts de marché grâce à la mise en avant d'un vaste réseau de correspondances, et aussi au lancement de nouvelles destinations desservies en direct, comme la Provence.
"La reprise des voyages d?affaires a continué au second semestre. Nous commençons aussi à noter un changement réel dans le comportement de NOS clients qui cherchent toujours plus à découvrir de nouvelles destinations accessibles en train à grande vitesse", a commenté le directeur général Nicolas Petrovic, cité dans un communiqué.
Cet élan est appelé à se poursuivre. Eurostar a justifié l'an dernier sa commande controversée de nouveaux trains au constructeur allemand Siemens, qui doivent lui être livrés en 2014, par la volonté de desservir de nouvelles villes avec ses propres rames, comme Marseille, Genève ou Francfort, alors que la compagnie allemande Deutsche Bahn veut elle-même venir la concurrencer sur les liaisons transmanche.
"C'est une période stimulante pour les voyageurs et passionnante pour notre secteur d?activité. Avec le développement de nouvelles routes et de nouveaux services, nous assistons à la renaissance des voyages en train", et "nous percevons un fort potentiel de croissance et d'expansion pour Eurostar dans un monde ouvert à la concurrence", a souligné M. Petrovic.
Eurostar est détenue à 55% par la compagnie publique française SNCF, l'opérateur ferroviaire britannique London Continental Railways (LCR, 40%) et les chemins de fers belges (SNCB, 5%).