
Forts du dernier feu vert de l'Autorité de la concurrence délivré jeudi, les opérateurs de transports publics français Transdev et Veolia Transport vont pouvoir fusionner pour donner naissance début 2011 à un champion mondial du secteur.
Présent dans 28 pays, le nouvel ensemble baptisé "Veolia Transdev" pèsera plus de 8 milliards d'euros de chiffre d'affaires, ce qui le placera parmi les tout premiers opérateurs de transports en commun dans le monde.
Ses activités iront des antiques tramways de Hong Kong aux trains de banlieue de Boston en passant par le futur tram de Rabat et de nombreux réseaux français (Grenoble, Montpellier, Nantes, Nice, Rouen, Strasbourg...).
Le nouveau groupe sera dans un premier temps détenu à parité par Veolia Environnement, la maison mère de Veolia Transports, et la Caisse des dépôts, celle de Transdev. L'objectif affirmé est une mise en bourse "dès que les conditions du marché le permettront".
L'Autorité de la concurrence française a autorisé l'opération jeudi, les deux entreprises s'étant engagées à faire les concessions demandées.
Celles-ci, relativement mineures, concernent la cession des réseaux d'Aubagne (Bouches-du-Rhône), Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), Fréjus/Saint-Raphaël (Var) et Carpentras (Vaucluse), ainsi que des cessions d'actifs et des clauses protégeant temporairement la concurrence dans l'Eure-et-Loir, le Loir-et-Cher, la Haute-Savoie, le Var et le Vaucluse.
S'ajoute la création d'un "fonds d'animation de la concurrence" destiné à faciliter les candidatures alternatives pour l'exploitation de petits réseaux actuellement détenus par le tandem.
Ce feu vert était la dernière autorisation encore nécessaire pour permettre la fusion, annoncée dès juillet 2009. Veolia avait alors été préféré à Keolis, filiale de la SNCF, pour le mariage avec Transdev.
Transdev et Veolia Transport espèrent désormais finaliser l'opération fin février ou début mars, les autorités anti-trust des autres pays ayant aussi donné leur feu vert.
Il reste aux deux entreprises à informer les instances représentatives de leurs presque 120.000 employés et à trouver un repreneur pour les réseaux qu'ils doivent céder --et ce en accord avec les agglomérations concernées.
Il faudra aussi s'entendre pour dessiner un logo et choisir un siège social. Et aussi, dit-on dans la profession, concilier des cultures d'entreprise assez différentes, Transdev ayant une forte tradition patrimoniale héritée de la Caisse des dépôts tandis que la gestion de Veolia est souvent décrite comme plus libérale.
Joël Lebreton, le PDG de Transdev, sera le directeur général de Veolia Transdev, et Cyrille du Peloux, le directeur général de Veolia Transport, sera son numéro deux avec le titre de directeur général délégué. Quant à la présidence (non exécutive) de la nouvelle entité, elle ira à Antoine Frérot, le PDG de Veolia Environnement.
Dans l'opération, la RATP doit sortir du capital de Transdev (dont elle détient 25,6%) en échange de réseaux des deux opérateurs en France et à l'étranger, ce qui lui permettra de multiplier par près de quatre ses activités hors d'Ile-de-France.
En France, la RATP veut devenir le troisième opérateur qui compte, face au nouveau groupe Veolia Transdev et à Keolis.