Poweo bondit de 5,93% à 5,36 euros, dopé par sa décision d'arrêter la production d'électricité pour se concentrer exclusivement sur la distribution. Le pionner de la concurrence dans la fourniture d'électricité va céder pour 120 millions d'euros ses actifs de production à son actionnaire de référence, l'autrichien Verbund, afin d'assurer sa continuité d'exploitation. Cette décision peut surprendre. Les propos du management laissaient en en effet présager l'abandon du marché des particuliers, où Poweo accumule des pertes depuis des années, tout en se maintenant sur celui des industriels.
Cette décision intervient un mois après l'adoption par le Parlement du projet de loi "Nome" (Nouvelle organisation du marché de l'électricité) censé soutenir la concurrence dans un secteur ultra dominé par EDF.
En septembre 2009, le gouvernement s'était engagé à ce que loi soit effective au 1er juillet 2010. Pour mémoire, elle oblige EDF à céder à prix coûtant jusqu'à 25% de sa production nucléaire aux autres fournisseurs (GDF Suez, Poweo, Direct Energy...) pour leur permettre d'être plus compétitif. Mais les décrets d'application, et notamment le niveau de prix de vente, ne seront pas publiés avant le début de 2011.
"La situation n'est plus tenable", avait prévenu Loîc Caperan, directeur général de Poweo le mois dernier, le groupe ne sachant ni quand ni à quel prix il aurait accès à cette électricité nucléaire.
Effectivement, la situation est grave. Mi-novembre, à l'occasion de la publication de son chiffre d'affaires au troisième trimestre, Poweo a prévenu que sa perte opérationnelle pourrait atteindre 50 millions d'euros en 2010, après avoir déjà perdu 85,3 millions en 2009 et 21,7 millions en 2008.
En conséquence de quoi, le titre a touché le mois dernier un plus bas historique de 4,29 euros contre 44,52 euros en juillet 2007, lors de l'ouverture du marché de l'électricité.
Entre-temps, Poweo a lourdement investi dans des centrales à gaz et réduit de 30% ses effectifs. Las, devant l'ampleur des pertes, le groupe avait promis le mois dernier la mise en place d'un nouveau choix stratégique dans les mois à venir.
Dans une note publiée hier, Oddo évoquait différentes hypothèses : l'arrêt de la commercialisation (4 millions de pertes par mois), un rapprochement avec un autre opérateur (Direct Energie... ?) et enfin, la cession de certains actifs de production d'énergies renouvelables.
Finalement, Poweo a opté pour la troisième hypothèse, mais puissance 10 puisqu'il ne se contente pas de vendre ses actifs de production d'énergies renouvelables mais l'ensemble ces actifs de production.
Le groupe a précisé maintenir "sa confiance dans la mise en oeuvre courant 2011 d'un cadre réglementaire satisfaisant pour ses activités de commercialisation d'énergie", mais indiqué qu'il "déterminerait les contours et perspectives de ses activités de commercialisation sur la base des décrets d'application de la loi Nome".
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Services aux collectivités
Le deuxième acteur mondial dans le domaine de l'électricité est né. Deux ans après la fusion entre Gaz de France et Suez, GDF Suez vient de reprendre le britannique International Power. Il est ainsi propulsé du neuvième au deuxième rang des producteurs mondiaux d'électricité, derrière EDF. Il devient également le leader mondial des groupes de services aux collectivités (utilities) en tenant compte de la production de gaz. Toutefois, cette opération va accroître la dette de GDF Suez, qui va passer de 33,5 à 42,4 milliards d'euros. Le groupe français compte donc lancer des cessions de 4 à 5 milliards d'euros.
Services aux entreprises
En France, l'emploi intérimaire, qui a commencé à redémarrer fin 2009, a continué sa progression, en juin. Le rythme a été un peu supérieur aux mois passés, avec une hausse de 1,3% sur un mois et de 24,8% sur un an. L'augmentation avait été plus faible au mois de mai (+0,3% sur un mois et +22,8% sur un an) mais à peu près équivalente en avril (+1,7 % sur un mois et +24,6 % sur un an). Cette donnée n'est pas spécifique à la France car l'intérim se redresse également à l'étranger, notamment aux Etats-Unis. C'est ce que confirment les chiffres publiés par le leader mondial du secteur, Adecco. Il a bénéficié d'une croissance de 16% de son chiffre d'affaires en juillet et août. Selon le groupe le taux de pénétration sur le marché du travail de la part de l'intérim remonte aux tats-Unis. Il avait chuté à 1,3% pendant la crise et se situe désormais à 1,6%.