Crise oblige, les patrons du CAC 40 ont vu leurs rémunérations baisser de 14% l'an dernier, mais à plus de 3 millions par an en moyenne, elles représentent encore 190 fois le Smic annuel, et restent sans commune mesure avec les salaires des dirigeants de PME.
Selon la société de conseil aux investisseurs Proxinvest, la rémunération totale des présidents exécutifs du CAC 40 s'est élevée l'an dernier à 3,06 millions d'euros en moyenne, stock-options et actions gratuites comprises.
En 2008, ils avaient touché 3,57 millions d'euros.
En tête des patrons les mieux payés: Carlos Ghosn de Renault-Nissan avec 9,2 millions d'euros par an, Christopher Viehbacher de Sanofi-Aventis avec 8,2 millions et Bernard Arnault de LVMH avec 7,6 millions.
C'est la deuxième année consécutive que leur rémunération baisse. Un recul qui s'explique par "la crise et la pression des actionnaires", selon Pierre-Henri Leroy, président de Proxinvest.
"La saison 2010 des assemblées d?actionnaires présente un tableau plus apaisé sur le front de la question des rémunérations de dirigeants après plusieurs années qui ont vu se creuser un écart préoccupant entre l?entreprise et l?opinion", souligne ce cabinet.
En 2008, après plusieurs scandales autour d'indemnités de grands patrons jugées abusives, le Medef et l'Association française des entreprises privées (Afep) avaient adopté un code éthique.
Pour la présidente du Medef, Laurence Parisot, il s'agit d'une "révolution" prouvant que les patrons ont "été capables de créer un espace d'autorégulation".
Les rémunérations des dirigeants d'entreprises ont gagné en transparence, estimait cet été l'Autorité des marchés financiers (AMF).
Son président, Jean-Pierre Jouyet, s'était lui-même dit prêt à réduire la sienne dans le cadre de l'effort général pour comprimer le déficit public de la France. A sa demande, son indemnité de fonction a été abaissée de 35% et fixée à 150.000 euros brut par an, selon un arrêté publié mardi au Journal officiel.
Mais pour Proxinvest, il y a encore des marges d'amélioration. Par exemple, les critères d'attribution des bonus restent flous.
La société de conseil a notamment relevé que le bonus "élevé" de Bernard Arnault (2,2 millions d'euros) est resté "inchangé" en 2009 alors que deux des trois critères financiers servant à son calcul ont baissé. "La moitié du bonus repose sur des critères qualitatifs non transparents", conclut Proxinvest.
Autre préoccupation: la rémunération des présidents non exécutifs, qui échappe toujours au contrôle des actionnaires.
Or ces rémunérations d?administrateur à caractère exceptionnel demeurent parmi les plus élevées en Europe avec 928.000 euros en moyenne par dirigeant du CAC 40 en 2009.
En comparaison, le salaire moyen des dirigeants de petites et moyennes entreprises (PME) s'est établi en 2008 à 61.300 euros nets annuels, soit une hausse de 5,3% par rapport à 2007, selon une étude de l'Insee également publiée mardi. Un salaire qui augmente parallèlement à la taille de l'entreprise.
"En 2009, les salaires auront sans doute baissé en raison de la crise", a confié à l'AFP Jean-François Roubaud, le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME). "Tout patron adapte sa rémunération à la condition économique et certains ont même renoncé à se payer" au plus fort de la crise, a-t-il souligné.
Selon lui, "on voit bien la différence fondamentale entre les rémunérations des dirigeants du CAC 40, qui sont des managers, et ceux des chefs d'entreprise".