L'Irlande devra payer un taux d'intérêt plus élevé que la Grèce, et puiser dans son fonds de retraite pour contribuer à financer le plan de sauvetage de l'UE et le FMI, mais il n'y avait pas d'alternative, a assuré dimanche le Premier ministre Brian Cowen.
La petite île de 4,3 millions d'habitants devra payer un taux moyen et flexible de 5,8% par an, soit plus que les 5,2% consentis à la Grèce, dans le cadre du plan de sauvetage de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI), a annoncé dimanche le Premier ministre irlandais Brian Cowen.
"Si (le plan) est appliqué dans sa totalité, le taux moyen annuel cumulé sera de l'ordre de 5,8% par an. Ce taux variera en fonction du moment où la ligne de crédit sera utilisée, et des conditions du marché", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Dublin, juste après l'adOPTION finale du programme à Bruxelles.
Bien qu'élevés, ces intérêts restent inférieurs aux 6,7% qui avaient été évoqués par la presse, suscitant la colère de l'opposition politique qui dénonçait un taux "punitif".
"Le pays paiera moins que les actuelles conditions du marché... Je ne crois pas qu'il y ait une autre option réaliste", a estimé M. Cowen, écartant le retrait de l'Irlande de l'euro, et encore plus catégoriquement tout défaut de paiement.
"Ce pays a une obligation et est dans la position de pouvoir payer ses dettes. (Faire défaut) aurait des conséquences gigantesques, bien au-delà de NOS frontières. Nous ne sommes pas un pays irresponsable", a-t-il lancé sur un ton ferme.
Un sondage publié dimanche par le journal irlandais Sunday Independent révèle que 57% des 500 personnes interrogées estiment que l'Irlande devrait faire défaut sur ses paiements, contre 43% qui pensent le contraire.
L'Etat irlandais devrait de plus contribuer à ce programme de 85 milliards d'euros à hauteur de 17,5 milliards d'euros, une somme qui proviendra du Fonds national de réserve pour les retraites "ainsi que d'autres liquidités nationales", a-t-il ajouté.
L'hypothèse d'une ponction sur le fonds de retraite avait suscité un vif mécontentement de l'opposition et de la population, avant l'annonce faite dimanche.
"Cet accord est dans le plus grand intérêt de l'Irlande", a cependant asséné M. Cowen, sachant qu'il doit faire face à une population ulcérée par un appel à l'aide extérieure qu'elle estime "humiliant".
Sévèrement critiqué sur le plan de rigueur draconien qu'il a récemment annoncé, M. Cowen s'est attaché à montrer que la politique de son gouvernement avait reçu l'approbation de l'UE et du FMI.
"Le programme a donné son aval aux réformes structurelles contenues dans le plan (de rigueur) qui va soutenir le retour à une croissance économique durable sur les années à venir", s'est-il félicité.
De 50.000 à 150.000 personnes, selon les sources, ont manifesté samedi contre ces sévères mesures d'austérité. Le secours accordé par Bruxelles et Washington va permettre de payer "pour les assurances sociales, pour la santé, pour les services publics clefs", a énuméré M. Cowen.
Le chef du gouvernement a cependant répété son rejet d'un relèvement du taux très faible de l'impôt irlandais sur les sociétés, maintenu à 12,5% malgré les appels répétés de nombreuses capitales européennes en ce sens.